J’ai dîné hier soir avec Marek Jurek, en compagnie de Christophe Geffroy (le directeur de La Nef , qui m’avait averti que l’ancien président de l’Assemblée nationale polonaise était à Paris) et du vice-président de la commission des Affaires étrangères de la Diète Marian Pilka (Marek Jurek est membre de cette commission, dont il a été président).
Il y avait bien longtemps que je n’avais rencontré Marek Jurek. Je l’ai retrouvé tel qu’en lui-même, n’ayant pas changé d’un iota sur ses convictions politiques, bien qu’il soit parvenu à de hautes fonctions en intégrant le parti majoritaire, ni bien sûr sur sa profonde foi catholique.
Il avait rencontré dans la journée des sénateurs français. Il a été très surpris d’entendre l’un d’eux, à qui il posait la question, lui répondre qu’à titre personnel il reconnaissait évidemment les racines chrétiennes de l’Europe mais que c’était impossible à traduire dans un texte parce que la laïcité de la République ne le permet pas. Pourtant Marek Jurek connaît bien la France. Mais un Polonais ne peut pas comprendre en quoi la laïcité ne permet pas de reconnaître l’évidence. Nous pouvons ainsi mesurer quelle est l’aberration de « notre » laïcisme.
Marek Jurek nous a expliqué pourquoi il avait démissionné de son poste de « maréchal de la Diète ». En bref, dans l’affaire des amendements constitutionnels visant à reconnaître le droit à la vie, il a été trahi par un certain nombre de parlementaires du PiS. C’est pourquoi il a également quitté le PiS, pour fonder un autre parti politique, qui s’appelle « la droite de la République » (Prawica Rzeczpospolitej), comprenant actuellement six députés (dont Marian Pilka), qui se situe « entre le PiS et la Ligue des familles », dans la majorité mais pas dans la coalition gouvernementale.
Quant à ce qui le sépare de la Ligue des familles, je ne crois pas pouvoir reproduire ce qui relève de propos privés, mais c’est tout un ensemble qui englobe certaines conceptions politiques et attitudes de communication de ce parti.
(A propos de « la droite de la République », il convient de rappeler que le mot république en polonais n’a pas la connotation idéologique qu’il a en français. Du temps de la royauté élective, le régime s’appelait déjà république : république nobiliaire, république des deux nations – Pologne-Lituanie. Il s’agit de la res publica. La « droite », ce sont les valeurs traditionnelles, que la gauche cherche à démolir, sur le plan national, sur le plan économique et social, et sur le plan de la société. C’est notamment la culture de vie contre la culture de mort.)