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Les menteurs

Les pétitionnaires sont de retour. Ils pétitionnent pour Robert Redeker. Ils disent que même si l’on n’est pas d’accord avec ce que le professeur de philosophie a dit, il faut défendre son droit à le dire, que la liberté d’expression doit être garantie pour tous et sur tous les sujets, qu’il faut élever une protestation quand quiconque est menacé pour avoir dit ce qu’il pense.

Les pétitionnaires sont des menteurs. La liberté de pensée et d’expression dont ils parlent est strictement limitée, d’une part aux sujets que la pensée unique définit comme étant susceptibles d’être discutés, d’autre part aux personnes qui sont agréées par la pensée unique pour exprimer leur opinion.

Rappelons simplement que Jean-Marie Le Pen a été condamné en justice pour avoir dit ceci : « Le jour où nous aurons en France non plus cinq millions, mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont. Et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux. Quand ils ne le font pas, on leur dit : "qu’est-ce que tu as à me regarder comme ça ? Tu cherches la bagarre ?" Et vous n’avez plus qu’à filer, sinon vous prenez une trempe. »

C’est le même sujet que celui dont a parlé Redeker. Mais on pétitionne pour Redeker, on poursuit Le Pen. On se mobilise en faveur de Redeker, on se félicite de la condamnation de Le Pen.

La liberté d’expression dont parlent les pétitionnaires est celle qui s’exerce à l‘intérieur du système politique, juridique et intellectuel de la pensée unique. Ce système est verrouillé par un arsenal législatif qui définit les sujets sur lesquels il est interdit de discuter, et par un arsenal politico-médiatique qui interdit de libre parole ceux que le système rejette en dehors de son cercle.

Ce système a aboli le délit de blasphème, qui rendait intouchable la sphère du sacré, et a rétabli le délit de blasphème pour des sujets qui n’ont rien de sacré, ou contre des personnes dont on décrète qu’elles blasphèment quand elles parlent de sujets que le système leur interdit d’évoquer.

Les pétitionnaires ne défendent pas la liberté d’expression, ils font partie de la troupe des nouveaux inquisiteurs.

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