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5e dimanche après la Pentecôte

"Vous avez appris, dit-il, qu’il a été dit aux anciens : Vous ne tuerez point, et quiconque tuera, méritera d’être puni en jugement." Ces commandements, c’était lui-même qui les avait donnés, mais il n’en indique point ici l’auteur. Car s’il eût dit : Vous avez appris que j’ai dit aux anciens, on n’eût pu souffrir cette parole. S’il eût dit aussi : Vous avez appris que mon Père a dit aux anciens, et qu’il eût ajouté aussitôt : Mais moi je vous dis, etc., il eût paru être plus grand que son Père, et se glorifier en parlant de la sorte. Il se contente donc de rapporter ce commandement, sans marquer particulièrement celui qui l’avait fait, et il leur montre que le temps était venu de leur renouveler ce précepte. Car en disant : "Il a été dit aux anciens", il marque qu’il y avait longtemps que cette loi leur avait été donnée : ce qu’il dit pour exciter ses auditeurs à s’avancer à une vertu plus parfaite, comme si un maître disait à un enfant paresseux, pour l’exhorter à l’étude : Considérez combien il y a déjà de temps que vous êtes à assembler des syllabes. C’est ce que Jésus-Christ insinue ici par ce mot d’anciens, excitant les Juifs à s’avancer enfin à une vertu plus parfaite, comme s’il leur disait : Il y a déjà longtemps que vous devez avoir appris ces préceptes, il est temps maintenant que vous passiez à d’autres plus relevés.

Mais il est à remarquer que Jésus-Christ ne confond pas même l’ordre des préceptes, et qu’il commence par où la loi même commençait, pour montrer la parfaite conformité de ces deux lois.

"Mais moi je vous dis que quiconque se mettra en colère sans sujet contre son frère méritera d’être condamné en jugement." Remarquez dans ces paroles la puissance de celui qui les dit. Considérez l’autorité avec laquelle il agit, et comme il parle en législateur. Car qui d’entre les prophètes, qui d’entre les justes ou les patriarches a jamais parlé de la sorte ? Ils commençaient par ces mots : "Voici ce que dit le Seigneur." Mais le Fils de Dieu n’agit pas ainsi. Ils parlaient en serviteurs, et comme de la part de leur Maître ; mais Jésus-Christ parle en Fils de Dieu, et de la part de son Père. Et lorsqu’il parle de la part de son Père, il parle en même temps de la sienne ; puisqu’il dit lui-même à son Père : "Tout ce qui est à moi est à toi ; et tout ce qui est à toi est à moi." (Jean, XVII, 10.) Les prophètes parlaient à des hommes, qui comme eux étaient serviteurs du même Maître mais Jésus-Christ parle à ses propres serviteurs.

Demandons maintenant à ceux qui rejettent l’ancienne loi, si le commandement de ne se point mettre en colère est contraire à celui de ne point tuer ; et s’il n’en est pas plutôt la perfection et comme le couronnement. N’est-il pas visible que l’un est l’accomplissement de l’autre et qu’ainsi il est plus grand ? Celui qui s’abstient de la colère s'abstiendra bien plus aisément de l’homicide ; et celui qui étouffe dans son cœur tous les mouvements d’indignation, arrêtera bien plus aisément ses mains pour leur interdire toute violence. La colère est la racine de l’homicide. Celui qui coupe cette racine en coupera facilement toutes les branches, ou plutôt il ne les laissera pas même pousser. Ainsi Jésus-Christ ne donnait point ces nouveaux préceptes pour détruire la loi ; mais pour la faire observer plus parfaitement. Car quel est le but de la loi ? N’est-ce pas d’empêcher l’homicide ? Il eût donc fallu pour être contraire à la loi commander le meurtre, puisque tuer, et ne pas tuer, sont les deux contraires. Mais lorsqu’il ne permet pas même qu’on se mette en colère, il est visible qu’il tend au même but où la loi tendait, mais qu’il le fait plus parfaitement. Celui qui ne pense qu’à ne point tuer, n’aura jamais tant d’aversion de l’homicide que celui qui veut étouffer même la colère ; et ce dernier est sans comparaison plus éloigné de tomber dans le crime que n’est le premier.

Saint Jean Chrysostome, 16e homélie sur saint Matthieu.

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