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Vendredi de la Passion

Córdibus nostris, quǽsumus, Dómine, grátiam tuam benígnus infúnde : ut peccáta nostra castigatióne voluntária cohibéntes, temporáliter pótius macerémur, quam súppliciis deputémur ætérnis.

Daignez, Seigneur, dans votre bonté, répandre votre grâce en nos cœurs ; afin que, réprimant nos péchés par les châtiments volontaires, nous souffrions des peines temporelles, plutôt que d’être condamnés aux supplices éternels.

Cette collecte est, comme tant d’autres, celle de ce jour depuis toujours. C’est-à-dire au moins depuis saint Grégoire le Grand.

Mais bien sûr elle a été détruite par les destructeurs de la liturgie latine. Et c’est un exemple particulièrement remarquable de la volonté d’imposer une nouvelle religion.

Pour les fossoyeurs de la liturgie latine, une telle prière est insupportable, parce que à notre époque il est impensable de « réprimer nos péchés par une mortification volontaire » (il n’y a plus aucune contrainte de carême), et il est encore plus inacceptable de vouloir souffrir des peines temporelles plutôt que les supplices éternels : cela est contraire au nouveau dogme de l’amour inconditionnel qui fait que Dieu nous prend dans son Royaume tels que nous sommes.

Alors, pour cette collecte qui est devenue celle du vendredi de la troisième semaine de carême, on a gardé le début, puis on a jeté tout le reste, et on l’a remplacé (selon le principe des oraisons Frankenstein) par les derniers mots d’une ancienne préface (en prenant soin de supprimer la demande que « l’observation du jeûne fasse croître les effets de notre dévotion », puisqu’il n’y a plus de jeûne et qu’il ne peut donc servir à rien) :

Cordibus nostris, quaesumus, Domine, gratiam tuam benignus infunde, ut ab humanis semper retrahamur excessibus, et monitis inhaerere valeamus, te largiente, caelestibus.

Répands ta grâce dans nos cœurs, Seigneur, toi qui es plein de bienveillance, pour que nous sachions toujours nous écarter des excès de la nature humaine, et que nous puissions nous attacher avec ta grâce, aux enseignements célestes.

Dans la préface, « nous écarter des excès de la nature humaine » faisait référence à « l’observation du jeûne », qui est la première mortification volontaire du carême, mais on a supprimé le lien de façon à ce qu’il ne reste qu’une vague allusion à des « excès » non spécifiés, et qui ne sont pas considérés comme des « péchés » (mot qu’il faut éliminer) et donc qui ne peuvent pas valoir des « supplices éternels » (dont il ne faut plus parler parce que Dieu est amour inconditionnel).

Lorsqu’on connaît la liturgie byzantine du carême, on prend encore mieux conscience du fossé qu’il y a entre cette impressionnante liturgie pénitentielle et l’anti-tradition qui fait office de liturgie latine et envoie ses adeptes aux supplices éternels s’ils n’ont pas d’antidote.

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