Fresque du monastère de Dionysiou, Mont Athos, XVIe siècle.
Le canon des matines byzantines de saint Polycarpe est l’œuvre du très prolifique saint Théophane l’Hymnographe, dit aussi saint Théophane le Marqué, parce que, victime des persécutions des empereurs iconoclastes, le motif de sa condamnation à l’exil avait été gravé sur son front au fer rouge. Après la persécution il devint évêque de Nicée, en 842. Il avait une soixantaine d’années, et c’est alors qu’il composa ses hymnes.
Comme beaucoup de canons, c’est un acrostiche. Les premières lettres de chaque strophe forment la phrase : Τὸν θεῖον Πολύκαρπον ἐν ᾄσμασιν εὐφημήσω. Je célébrerai le divin Polycarpe par des hymnes.
Voici les strophes qui vont jusqu’au c de Polycarpe (les trois premières odes).
Toi qu'illumine la splendeur du Christ, toi qui es comblé par son rayonnement, éclaire les ténèbres de mon âme par tes prières, Père saint.
La lumière de la prédication salutaire, réfléchie par ton cœur pur comme par un clair miroir, a fait briller sur tous les hommes ses rayons.
Tu fus la stèle de la nouvelle loi, sur laquelle était inscrit, non à l'encre, mais par l'Esprit, l'Evangile de la grâce de Dieu.
Sachant que de toi s'est incarné, sans le vouloir de la chair, le Dieu antérieur à tous les siècles et à la création, nous te reconnaissons, à juste titre, comme la Mère de Dieu.
Pontife Polycarpe, tu devins, comme dit le psaume, un olivier portant du fruit dans la maison de ton Seigneur, car ta prédication a fait briller tous les cœurs.
Bienheureux qui dirigeas soigneusement ton esprit selon les préceptes du Sauveur, tu as mérité de devenir un excellent pasteur de son Eglise.
Tout entier, comme hostie vivante, par le martyre tu t'es offert au Christ, Bienheureux qui par l'ascèse avais déjà lutté en rendant le témoignage de ta conscience.
Notre poussière de mort, tu l'as secouée en enfantant, ô Vierge, l'Immortalité et tu nous as tissé, par ton enfantement, les ornements de l'incorruptible condition.
Polycarpe, tu fus pour le Seigneur un fertile verger portant les fruits des vertus.
En parfait holocauste, en sacrifice pur, tu t'es offert, Polycarpe, au Sauveur universel.
En guidant pieusement le peuple vers la lumière du divin savoir, tu as chassé, vénérable Père, les ténèbres des sans-Dieu.
Nous chantons l'endurance de ton âme, saint Martyr, et ton invincible fermeté dans les combats.
Illumine les ténèbres de mon âme à ta clarté, Vierge pure qui enfantas la Lumière personnifiée.