Quand cette discipline était encore en vigueur à Rome, on célébrait aujourd’hui une double messe, avec deux stations distinctes, l’une dans le cimetière de Callixte, près de la tombe du pape Fabien, l’autre dans le cimetière voisin ad Catacumbas, près du sépulcre de Sébastien. Telle est la discipline représentée par le Férial Philocalien : XIII kal. Febr. Fabiani in Callisti et Sebastiani in Catacumbas. Les anciens sacramentaires maintiennent cette distinction de messes, attribuant toutefois à saint Sébastien, en raison de la popularité de son culte, la préséance sur le pape Fabien.
En effet, les anciens s’accordent pour attribuer à l’intercession du guerrier martyr, défenseur de l’Église, un grand nombre de prodiges, qui lui valurent la renommée de thaumaturge ; d’où vient que, tant dans la lecture évangélique que dans l’antienne pour la communion, c’est à lui que se rapportent aujourd’hui les paroles de saint Luc disant qu’une grande multitude d’infirmes accouraient, au Sauveur, parce qu’il sortait de Lui une vertu qui les guérissait tous.
Les textes liturgiques actuellement en usage sont ceux de l’antique messe stationnale de saint Sébastien (…)
L’Évangile (Luc., VI, 17-23) où il est question de l’intervention de Jésus au profit des malades, convient fort bien à saint Sébastien que l’antiquité chrétienne vénérait comme protecteur spécial contre les épidémies. Dans la basilique esquiline de Saint-Pierre-aux-Liens, on conserve encore l’autel avec l’image en mosaïque du grand martyr, que fit ériger le pape Agathon pour libérer Rome de la peste qui la désolait.
Cette dévotion populaire envers saint Sébastien était générale en Italie mais spécialement à Rome, où l’on compte au moins neuf anciennes églises en l’honneur du saint. Outre la basilique ad Catacumbas, il y en avait une dans le Patriarchium du Latran, érigée par le pape Théodore ; une autre s’élevait sur le Palatin, près de l’hippodrome où saint Sébastien avait souffert le martyre ; une autre se trouvait près du Tibre, dans la région Arenula, une quatrième et une cinquième au Borgo, près de Saint-Pierre ; enfin il y en avait une sixième sur la voie papale, là où, selon la tradition, le corps de saint Sébastien aurait été jeté dans un cloaque.
Au moyen âge, le chef de saint Sébastien fut transporté par Grégoire IV sur le mont Cœlius, dans la basilique des Quatre-Saints ; presque en même temps, une partie importante de ses reliques passa à l’abbaye de Saint-Médard de Soissons. A cette occasion une toute petite fiole contenant quelques gouttes de son sang demeura dans l’abbaye impériale de Farfa en Sabine, où les reliques avaient reçu l’hospitalité la nuit qui suivit le départ de Rome du groupe des moines de Soissons. (…)
L’antienne pour la communion célèbre à nouveau le renom extraordinaire de thaumaturge dont saint Sébastien jouissait dans l’antiquité. Ah ! si les chrétiens connaissaient les inestimables richesses de leur religion ! Dieu a joint des trésors de grâces et de mérites aux moindres actes de notre culte, et nous, au contraire, nous languissons en une multitude de misères et de maux physiques et spirituels, uniquement parce que nous n’avons pas une foi suffisante pour recourir aux remèdes que nous offre la bonté divine (Luc., VI, 17, 19) : « Un grand nombre de malades et de gens tourmentés par des esprits impurs allaient à Lui, parce que de Lui sortait une vertu qui les guérissait tous. »
Cette salutaire vertu du Sauveur n’a pas manqué après l’Ascension. Maintenant encore, nous entrons en contact avec Jésus dans les Sacrements, les inspirations, les prédications, les tribulations de la vie elles-mêmes, et si en toutes ces circonstances nous nous approchions de Lui avec foi, il jaillirait de Lui une vertu apte à guérir toutes nos infirmités. (…)
Extraits de la notice du bienheureux cardinal Schuster.
La mosaïque du VIIe siècle de la basilique Saint-Pierre aux liens, photo Miguel Hermoso Cuesta, Wikimedia commons.