Cette fête étant récente, on a bricolé d’anciennes mélodies pour les faire correspondre aux textes, avec plus ou moins de bonheur. Dom Johner faisait remarquer que le texte de l’introït (Jean 19, 15) ne convenait pas à une composition musicale. En outre il se poursuit dans le verset, au lieu d’être pris d’un psaume, ce qui montre que déjà au début du XIXe siècle (ou même avant si c’était la messe de l’ordre des Servites) on n’avait plus de sens liturgique.
Le texte du verset de l’alléluia est propre à cette messe. Pour la mélodie on a repris une mélodie du XIe siècle, dit dom Johner, dont le texte commençait par Stabunt, parce que le texte de l’alléluia de cette messe commence par Stabat. On aurait pu modifier le texte pour le faire correspondre à la mélodie, mais non, on a fait le contraire. Il a fallu allonger la mélodie pour « Maria », puis pour « juxta crucem Domini nostri Jesu ».
Dom Johner conclut par un commentaire du texte : « Qui aurait cru que cette femme qui pleure - devant son Fils objet de dérision – est la reine du ciel et la maîtresse du monde ? Et pourtant le monde n’a rien vu de plus noble que cette femme – comment elle supporte sa peine et se tient debout sous la croix. L’introït, le graduel, l’alléluia et la séquence soulignent ce point : stabat. Vraiment elle méritait de devenir la reine du ciel et la maîtresse du monde. »
Allelúia, allelúia. Stabat sancta María, cæli Regína et mundi Dómina, juxta Crucem Dómini nostri Jesu Christi dolorósa. Allelúia.
Alléluia, alléluia. Sainte Marie, la Reine du ciel et Maîtresse du Monde, se tenait pleine de douleurs au pied de la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Alléluia.
Commentaires
Quel sublime portrait de la Vierge ! De qui est ce tableau ?
Bonne question.
C'est un détail de la Vierge de miséricorde de Jean Miraillet.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Vierge_de_Mis%C3%A9ricorde_par_Jean_Miraillet.jpg
A Nice elle est dans la chapelle des pénitents noirs. Connue aussi sous le nom de "Vierge au manteau."
A la minute 2:
https://www.youtube.com/watch?v=W68N4lON_mA
A toutes fins utiles, voici le commentaire de dom Joseph Gajard (+ 1972), le célèbre moine de Solesmes qui dirige ici les moniales d'Argentan :
"Sur les mêmes paroles que la première partie du trait, et dans la même atmosphère grave du 2e mode, voici l'alléluia STABAT SANCTA MARIA, adaptation très heureuse d'un alléluia du XIe siècle, le 'Stabunt justi'. La mélodie, quelque peu tourmentée, n'en est pas moins expressive, tant le jubilus, avec sa belle descente, inhabituelle et si prenante, au sol grave, avant la remontée très douce de la cadence, que le verset, si serré et douloureux, avec ses longs traits descendants, procédant presque toujours par degrés conjoints, et le fier redressement de Domini nostri Jesu Christi'."