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Sainte Jeanne de France

Aujourd’hui c’est la fête de saint André Corsini, évêque de Fiesole au XIVe siècle. En certains endroits on peut fêter sainte Jeanne de Valois, ou sainte Jeanne de France, fille de roi (Louis XI), femme de roi (Louis XII), sœur de roi (Charles VIII), ce qui ne lui porta ni chance ni bonheur (elle était laide, on l’appelait Jeanne la boiteuse ou Jeanne l’estropiée et son mari ne voulait pas la voir). J’ai déjà évoqué cette figure en 2020. Voici l’homélie de Pie XII lors de sa canonisation, le 28 mai 1950, jour de la Pentecôte.

« Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez du soulagement pour vos âmes ». Cette parole du Divin Rédempteur monte à Notre esprit lorsque Nous méditons sur la vie de sainte Jeanne, Reine de France, à qui Nous avons décidé de rendre les plus hauts honneurs dus à la sainteté. Elle fut, en effet, très douce et très humble, et brilla par cette soumission chrétienne de l'âme qui n'est pas abdication de l'esprit ni faiblesse de la volonté, mais à proprement parler une vertu. Une vertu, disons-Nous, qui sous les injures, même les plus cruelles, est capable de contenir, de tempérer et de diriger les agitations du cœur ; une vertu qui apporte aux mortels la maîtrise d'eux-mêmes ; qui donne la tranquillité, la sérénité et la paix ; une vertu qui, dans la joie ou dans la tristesse, fait lever les yeux vers le ciel où chacun, après cet exil de la terre, pourra obtenir une récompense si haute que toutes les grandeurs et dignités humaines paraîtront caduques, vaines et inutiles.

Fille de roi, dès les premières années de son enfance, elle ne goûta ni les fastes de la cour ni les pompes du siècle, ni les joies et les amusements habituels à son âge ; mais elle mena une vie retirée, développa sa piété envers Dieu et la Vierge Marie, et chaque fois qu'elle le pouvait, elle distribuait avec une grande douceur des largesses aux pauvres.

Encore enfant, elle fut mariée contre son gré par ses parents, et durant les vingt-deux ans de son mariage, elle ne connut ni ce charme paisible, ni ces joies de la maternité dont en général on peut jouir sur cette terre, mais des peines très aiguës, et pour finir, l'abandon de son époux et la frustration de sa très haute dignité.

Jeanne, dans ces terribles épreuves et adversités, apparut admirablement douée d'une force supérieure, unie à une grande humilité et à tous les autres ornements de l'esprit ; elle conserva un front serein, et se présenta aux hommes avec cette noblesse éminente que la vertu chrétienne augmente et qu'embellit tant à l'intérieur qu'au dehors, l'éclat de la grâce divine. C'est pourquoi, voyant le royaume terrestre échapper de ses mains, elle lui dit calmement et volontiers adieu pour pouvoir plus facilement et plus intensément s'adonner à la recherche et au développement du Royaume de Dieu. Elle se donna tout entière aux œuvres de religion et de charité, entraînée surtout par les conseils et l'exemple de saint François de Paule, et ainsi il arriva que ne pouvant plus marcher à la tête de son peuple bien-aimé avec la dignité de reine, elle le dominait encore et l'illuminait par l'éclat de sa très haute vertu.

Et comme elle approchait déjà de la fin de son exil sur la terre, elle put réaliser, avec une très suave satisfaction pour son âme, le dessein qu'elle formait depuis longtemps, de fonder un Ordre de Vierges. Celles-ci, loin du tumulte du monde, mèneraient dans les cloîtres une vie sereine, elles s'adonneraient à la prière et à la contemplation des réalités célestes, et librement et spontanément, expieraient leurs fautes et celles de leur prochain par des pénitences et des mortifications corporelles. Elle voulut que cet Ordre fondé par elle soit dédié à la Sainte Vierge, Mère de Dieu, que depuis son plus jeune âge elle aimait tant et vénérait.

Et de plus, pour faire participer tous les autres à l'intime sérénité dont son âme jouissait grâce à Dieu, elle fonda une association d'hommes et de femmes. Elle voulut que cet Institut soit « l'Ordre de la Paix », pour que tous ceux qui y entreraient tendent vers elle de toutes leurs forces, et pour que cette paix, qui vient du ciel, la vraie paix, fleurisse réellement et efficacement dans les âmes des hommes, dans leurs paroles et même dans l'agitation de la vie, pour la plus grande utilité de tous et de chacun. Qui ne verrait combien cet institut était opportun, en des temps où trop souvent des haines tenaces bouleversaient les peuples, déchiraient les familles en factions et menaçaient même de submerger les fondements de la société humaine par des discordes, des rivalités et bien des fois même par des conflits armés.

Et si cela était très opportun à cette époque, ce ne l'est certes pas moins de nos jours, où, comme tous peuvent le constater, des crises non moins graves se lèvent, des dissensions et des rivalités divisent les esprits et troublent souvent la vie laborieuse des citoyens, pour le plus grand dommage du bien commun.

C'est donc cela que cette Sainte nous conseille par ses exemples et ses enseignements ; c'est cela qu'elle demande à Dieu pour nous du trône céleste où elle jouit des joies éternelles : que tous, ayant apaisé leur haine, s'aiment entre eux ; que tous les peuples, ayant mis fin à leurs divergences pénibles par la justice et la charité, soient enfin unis, dans une active et fraternelle coopération ; que les Nations enfin, surmontant les discordes nuisibles et funestes, et conciliant les intérêts de chacun, forment comme une grande famille qui, par l'union de son courage et de ses forces, progresse dans la recherche de la prospérité et de la paix pour tous.

Mais que sainte Jeanne nous obtienne surtout, nous l'en prions, ce sans quoi tout le reste ne peut rien, ne vaut rien : que l'amour divin réchauffe les âmes des mortels, que la charité chrétienne envers tous les entraîne, que les préceptes évangéliques les règlent, les gouvernent et les dirigent.

Que tous saisissent dans la vie de Jeanne et qu'ils apprennent d'elle que ni les grandeurs humaines, ni les richesses, ni les voluptés du siècle ne peuvent communiquer le bonheur aux hommes, mais seulement la vertu, par laquelle « rien n'est plus beau, rien n'est plus noble, rien n'est plus aimable ».

Soutenus par la grâce divine, efforçons-nous donc de l'acquérir, et ainsi nous pourrons un jour atteindre cette béatitude éternelle qui ne connaît pas de fin. Amen.

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Cette « vraye effigie » correspond en effet, au contraire des – jolis - portraits de fantaisie, au masque mortuaire.

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