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Saint Albert le Grand

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Trois degrés doivent nous conduire à la contemplation de Dieu. Voici ce qu'en dit saint Grégoire (homélie 5 sur Ezéchiel) : « Au premier degré, l'âme se recueille et revient à soi-même ; au second, elle se voit telle qu'elle est alors en cet état de recueillement ; au troisième elle s'élève au-dessus d'elle-même, et, en s’appliquant à la contemplation de son Auteur invisible, elle se soumet à lui. Mais l'âme ne se recueille nullement en elle-même si elle n'a pas appris, auparavant, à écarter de l'œil de l'esprit les représentations des images terrestres ou célestes, et à repousser tout ce qui, venant de l'ouïe, de la vue, de l'odorat, du goût et du toucher, se présente à sa pensée, de manière à ce qu'elle se cherche intérieurement telle qu'elle est sans cela. Lorsqu'elle pense à cela, en effet, c'est comme si elle agitait au-dedans d'elle-même des ombres corporelles. Que discrètement donc elle éloigne tout cela des yeux de l'esprit ; alors, elle pourra se considérer soi-même telle qu'elle a été créée ; inférieure à Dieu, au-dessus du corps, afin que, vivifiée par Celui qui est plus élevé qu'elle, elle vivifie l'inférieur qu'elle gouverne. »

Ce qui doit encore nous conduire à la contemplation, c'est l'ineffable suavité qu'on y éprouve, la perfection étonnante qu'on y apprend, le principe qu'on y trouve de toute béatitude. Ne nous fait-elle pas connaître, en effet, le Seigneur Dieu, source de tout bonheur ? Ce Dieu que l'on connaît, on l'aime ; et l'aimant, on désire le posséder ; et s'y efforçant avec peine, on y arrive enfin ; et le possédant alors, c'est avec une joie sans limite qu'on en jouit. Saint Bernard en parle de la sorte : « Voici une âme qui a appris du Seigneur à entrer en elle-même, et à qui Dieu a fait cette grâce d'entrer en soi, de soupirer, intérieurement, après la présence de son Dieu et d'en chercher constamment le visage : car Dieu est vérité, et ceux qui le cherchent doivent marcher en esprit, et non dans la chair pour vivre selon la chair. Cette âme, je crois qu'elle préférerait, comme moins douloureux et moins horrible, subir, pour un temps, l'enfer lui-même, plutôt que de sortir d'elle-même, après avoir une fois goûté la douceur de s'occuper intérieurement du Dieu présent en elle, pour retourner aux séductions, ou plutôt aux tristesses et embarras de la chair, et pour reprendre ses sens dont l'activité curieuse est insatiable. L'œil, dit l'Ecclésiaste, ch. 1, v.8, ne se rassasie pas de voir, et l'oreille ne se lasse pas d'entendre. Écoutez donc quelqu'un qui a expérimenté ce qu'il dit : « Vous êtes bon, Seigneur, pour ceux qui espèrent en vous, pour l'âme qui vous cherche » (Lamentations, ch. 3, v. 25).

Et si l'on s'efforçait de détourner de ce bien cette âme sainte, je pense qu'elle ne l'accepterait pas autrement que si elle se voyait privée du paradis et de l'entrée même dans la gloire. Écoutez encore une autre parole semblable à la première : « Mon cœur vous a parlé, dit le Psalmiste, mes yeux vous ont cherché, ô Seigneur, je chercherai votre face » (Ps. 26, v. 8). « Pour moi, affirmait-il à ce propos, être uni à Dieu, c'est mon bonheur » (Ps. 72, v. 28) ; et se parlant à lui-même : « Mon âme, retourne à ton repos, parce que le Seigneur t'a comblée de biens » (Ps. 114, v. 7), Aussi, je vous le déclare, quiconque a reçu une fois ce bienfait, il n'est rien qu'il ne redoute comme de devoir, abandonné par la grâce, sortir encore de lui-même pour aller aux consolations : je veux dire aux désolations de la chair, et supporter à nouveau le tumulte des sens charnels » (S. Bernard, 35e sermon sur le Cantique).

Saint Augustin était dans cette contemplation lorsqu'il disait : « Je ne trouvais plus plaisir à ce que je faisais dans le monde, et cela m'était grandement à charge, parce que les passions ne s'enflammaient plus, comme d'habitude, à l'espoir des honneurs et de l'argent. Et je ne m'y plaisais plus, à cause de votre douceur, ô mon Dieu, et de la beauté de votre maison que j'aimais » (Confessions, 8, 1).

Le paradis de l’âme, 33, 3.

• Sur la collecte de la messe, voir ma note de l'an dernier.

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