A Rome, sur la voie Appienne, saint Tharcisius acolyte. Rencontré par des païens, tandis qu'il portait le Sacrement du Corps du Christ, ceux-ci lui demandèrent ce qu'il tenait, mais il jugea indigne de livrer des perles à des pourceaux : il fut alors frappé à coups de bâton et de pierres, jusqu'à ce qu'il eût rendu l'esprit. Ces sacrilèges agresseurs l'ayant ensuite fouillé, ne trouvèrent rien du Sacrement du Christ, ni dans ses mains ni dans ses vêtements. Les Chrétiens recueillirent le corps du martyr et l'inhumèrent avec honneur dans le cimetière de Callixte.
Ainsi parle le martyrologe, le 15 août. Mais ce jour-là on ne peut pas faire mémoire de saint Tarcisius. Sa fête est parfois indiquée le 26 août, parce que c’est le premier jour sans fête après l’Assomption. Il y reste toutefois la mémoire du pape saint Zéphyrin. Et ça tombe bien, puisque l’"Epitome libri de locis sanctorum martyrum" du VIIe siècle indique pour un tombeau de Rome : « Ibi sanctus Tarcisius et sanctus Zeferinus in uno tumulo iacent » : ici saint Tarsicius et saint Zéphyrin reposent dans un même tombeau. Et plus tard un calendrier portera : « Mense iulio die XXVI nat scorum zepherini papae et tarsicii » : Au mois de juillet (sic) jour 26, naissance au ciel des saints Zéphyrin et Tarsicius ».
Déjà saint Damase (IVe siècle) avait composé une inscription en l’honneur de Tarcisius, indiquant la date de son martyre : 257.
C’est tout ce que l’on sait de saint Tarcisius. Peu à peu on a brodé sur ces indications pour forger une légende faisant du martyr un jeune homme, de plus en plus jeune, devenant même au XIXe siècle (à partir de Fabiola, du cardinal Wiseman) un enfant, devenu saint patron des enfants de chœur… Pourtant le parallèle que fait saint Damase avec saint Etienne laisse clairement entendre qu’il était diacre, fonction qui comporte notamment dans ses attributions de porter la communion aux malades, ce qui n’est pas du tout permis aux servants d’autel…
Voici ce qu’en disait Benoît XVI le 4 août 2010 dans une allocution à des servants (« et servantes », hélas…) d’autel :
Qui était saint Tarcisius? Nous ne disposons pas de beaucoup d'informations. Nous sommes dans les premiers siècles de l’histoire de l'Eglise, plus précisément au troisième siècle; on raconte qu'il était un jeune homme qui fréquentait les catacombes de Saint-Calixte ici à Rome et qu'il était très fidèle à ses engagements chrétiens. Il aimait beaucoup l'Eucharistie et, de divers éléments, nous concluons que, probablement, il était un acolyte, c'est-à-dire un servant d'autel. Dans ces années-là, l'empereur Valérien persécutait durement les chrétiens, qui étaient contraints de se réunir clandestinement dans les maisons privées ou, parfois, également dans les catacombes, pour écouter la Parole de Dieu, prier et célébrer la Messe. Même la tradition d'apporter l’Eucharistie aux prisonniers et aux malades devenait de plus en plus dangereuse. Un jour, alors que le prêtre demanda comme d’habitude, qui était disposé à apporter l'Eucharistie aux autres frères et sœurs qui l'attendaient, le jeune Tarcisius se leva et dit: «Veux-tu que je m'en charge?». Ce garçon semblait trop jeune pour un service aussi exigeant! «Ma jeunesse — dit Tarcisius — sera le meilleur abri pour l'Eucharistie». Le prêtre, convaincu, lui confia le précieux Pain en lui disant: «Tarcisius, rappelle-toi qu'un trésor céleste est remis entre tes faibles mains. Evite les chemins fréquentés et n'oublie pas que les choses saintes ne doivent pas être jetées aux chiens ni les perles aux cochons. Protégeras-tu avec fidélité et assurance les Saints Mystères?». «Je mourrai — répondit Tarcisius avec fermeté — plutôt que de les céder». En route, il rencontra des amis qui, s'approchant de lui, lui demandèrent de se joindre à eux. A sa réponse négative — ils étaient païens — ils devinrent soupçonneux et insistants et ils se rendirent compte qu'il serrait quelque chose sur sa poitrine qu'il semblait défendre. Ils tentèrent de la lui arracher mais en vain; la lutte se fit de plus en plus acharnée, surtout lorsqu'ils apprirent que Tarcisius était chrétien: ils lui donnèrent des coups de pied, lui lancèrent des pierres, mais il ne céda pas. Mourant, il fut apporté au prêtre par un officier prétorien du nom de Quadratus, devenu lui aussi, clandestinement, chrétien. Il y arriva sans vie, mais il serrait encore contre sa poitrine un petit morceau de lin contenant l'Eucharistie. Il fut enterré immédiatement dans les catacombes de Saint-Calixte. Le Pape Damase fit apposer une inscription sur la tombe de saint Tarcisius, selon laquelle le jeune homme mourut en 257. Le Martyrologe romain fixe la date au 15 août et dans le même Martyrologe est rapportée une belle tradition orale selon laquelle, sur le corps de saint Tarcisius, on ne retrouva pas le Très Saint Sacrement, ni dans ses mains, ni dans ses vêtements. On raconta que le pain consacré, défendu par sa vie par le petit martyr, était devenu chair de sa chair, formant ainsi avec son propre corps, une unique hostie immaculée offerte à Dieu.
Commentaires
On relira sur ce saint le très bon roman de Serge Dalens, La Couronne de pierre... en espérant qu'un jour il sera réédité sans ses illustrations pédérastiques.
Qui ne sont pas de Joubert cependant.