Quam vília de seípsa sénserit édocet María, et quod omne quidquid boni mériti hábuit, hoc supérna grátia largiénte percéperit, dicens: Quia respéxit humilitátem ancíllæ suæ; ecce enim ex hoc beátam me dicent omnes generatiónes. Húmilem quippe Christi ancíllam suo iudício se fuísse demónstrat: sed respéctu se grátiæ cæléstis repénte sublimátam pronúntiat, atque in tantum glorificátam, ut sua beatitúdo præcípua mérito cunctárum géntium voce mirétur. Addidit étiam adhuc divínæ pietátis múnera, quæ mirabíliter accépit, digna gratiárum actióne colláudans. Quia fecit mihi magna qui potens est, et sanctum nomen eius. Nihil ergo suis méritis tríbuit, quæ totam magnitúdinem ad illíus donum refert, qui essentiáliter potens et magnus exístens, fidéles suos de parvis atque infírmis, fortes fácere consuévit et magnos.
Quand Marie dit : « Il s’est penché sur son humble servante, et désormais tous les âges me diront bienheureuse », elle nous apprend les humbles sentiments qu’elle a d’elle-même. Elle nous dit avoir reçu tout ce qu’il peut y avoir de bien en elle par largesse de la grâce divine. Elle montre, certes, qu’elle se considère comme la pauvre servante du Christ. Mais tout de suite, par respect de la grâce céleste, elle reconnaît sa noblesse et se dit tellement glorifiée que la voix de tous les peuples admirera à juste titre son singulier bonheur. Et ces faveurs de la divine bonté – ces faveurs qu’elle a si merveilleusement accueillies –, elle trouve même le moyen de les faire croître en chantant une digne action de grâces : « Le Puissant a fait pour moi des merveilles, Saint est son nom. » Elle n’attribue rien à ses propres mérites. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de celui qui est puissant et grand par essence, lui qui a coutume de rendre forts et grands ses fidèles, tout petits et faibles qu’ils soient.
Saint Bède le Vénérable, 2e homélie sur la Visitation, lecture du bréviaire.
L’icône est d’un type rare, son nom est Призри на смирение (Prizri na Smirénié): « Regardez l’humilité ». Il fait référence au mot du Magnificat : « Il a regardé l’humilité de sa servante ». Elle illustre bien le texte de saint Bède, car cette humilité va de pair avec la noblesse de la grâce et la faveur divine, celle de la royauté de son Fils qui est aussi la sienne : le sceptre et la couronne.
La première icône « Regardez l’humilité » est « apparue », comme disent les Russes, près de Pskov en 1420, mais elle a disparu sans qu’on en ait de copies. Parmi les rares reprises du thème selon les documents consignés à la cathédrale de Pskov, la plus connue est celle du monastère de religieuses Saint-Vvedensky de Kiev, qui date du XIXe siècle. Elle appartenait à l’aumônier du monastère. Dans les années 1930, prévoyant qu’il allait être arrêté et tué, il confia l’icône à une religieuse. L’aumônier a été effectivement arrêté et tué, et le monastère a été fermé. La religieuse est devenue femme de ménage et a gardé précieusement l’icône. Dans les années 1960 elle put intégrer un monastère de Kiev, gardant l’icône dans sa cellule. Voyant qu’elle allait mourir, elle fit venir le fils du prêtre, avec lequel elle avait toujours été en contact, pour savoir quoi faire de l’icône. Le fils voulut qu’elle retourne à l’église Saint-Vvedensky, qui avait été rendue au culte.
En 1993, le recteur de Saint-Vvedensky voulut restaurer l’icône qui était devenue très sombre sous son verre protecteur. Or quand on enleva le verre on s’aperçut que l’icône n’avait pas changé de couleurs, mais que sur le verre était apparu le dessin de l’icône, comme une empreinte argentée, alors qu’il n’y avait jamais eu de contact. Le bruit du miracle se répandant dans Kiev, des scientifiques exigèrent d’étudier la chose pour dénoncer la supercherie. Mais les experts des différents instituts scientifiques durent constater que le phénomène était inexplicable. La conclusion a été que l’empreinte est d’origine organique, qu’elle apparaît en négatif sur un fond sombre et en positif sur un fond blanc…
En 1995, le saint Synode de l’Eglise orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Moscou) a proclamé l’icône miraculeuse et institué sa fête le 16 (29) septembre, qui était déjà sa fête à Pskov au XVe siècle, et une autre fête pour célébrer le miracle (19 juillet – 1er août).
Ci-dessous le verre à côté d'une copie de l'icône, puis l'icône en vrai.