Saint Camille de Lellis vécut à une époque particulièrement complexe, dans laquelle dominent de profondes aspirations à la sainteté, mais également des résistances tenaces à une vie inspirée par l'Evangile. Avec sa riche personnalité et son témoignage de charité, il offre à la société de son temps de précieux encouragements de renouveau spirituel, contribuant de manière originale au projet de réforme de l'Eglise, promu par le Concile de Trente. Sa vie, sous l'influence de l'Esprit, apparaît comme un récit merveilleux de l'amour de Dieu créateur et rédempteur, qui manifeste de façon particulière sa tendresse miséricordieuse de médecin des âmes et des corps.
Son œuvre au service des personnes qui souffrent apparaît comme une authentique école, dont le Pape Benoît XV reconnaîtra la nouveauté du service rendu avec amour et compétence, c'est-à-dire en associant aux connaissances scientifiques et techniques des gestes et des attitudes riches de cette humanité attentive et pleine de sollicitude qui a ses racines dans l'Evangile. Dans les "Dispositions et modes que l'on doit suivre dans les hôpitaux pour servir les pauvres infirmes", qu'il rédigea en 1584, il propose des indications et des intuitions qui seront reprises en grande partie par la science des soins infirmiers de nos jours. Il soutient l'importance de considérer avec attention et respect toutes les dimensions du malade, de la dimension physique et émotive, à la dimension sociale et spirituelle. Dans un passage célèbre des Règles, il invite à demander au Seigneur la grâce "d'une affection maternelle envers son prochain" de façon à "pouvoir le servir avec toute charité, dans l'âme comme dans le corps. En effet, avec la grâce de Dieu nous désirons servir les infirmes avec l'affection qu'une mère aimante a l'habitude d'avoir envers son unique fils malade".
Toutefois, à travers son exemple, saint Camille enseigne surtout à faire du service aux malades une intense expérience de Dieu, qui conduit à chercher constamment le Seigneur dans la prière et dans les sacrements. Sa vie semble recopier le geste de la femme rapporté par l'Evangile de saint Jean. Il verse lui aussi sur les pieds de Jésus, présent chez ceux qui souffrent, l'onguent précieux de la charité miséricordieuse, en inondant toute l'Eglise et la société du parfum de son ardeur apostolique et de sa spiritualité. Son témoignage constitue encore aujourd'hui, un puissant appel à aimer le Christ, présent dans nos frères qui portent en eux le fardeau de la maladie.
Jean-Paul II, Message à l’occasion du 450e anniversaire de la naissance de saint Camille de Lellis, 15 mai 2000.