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6e dimanche après la Pentecôte

L’Année liturgique propose pour ce dimanche cette belle oraison du missel mozarabe :

Deum, a quo averti cadere est, ad quem converti resurgere est ; a quo exire mori ; in quo manere, vivere et consistere atque vivescere est ; quem nemo quærit nisi ratione commonitus, nemo invenit nisi corde purgatus, nemo amittit nisi errore deceptus : intentis, fratres charissimi, precibus orando rogemus ; ut in nobis quæsitus existat, neque cum fuerit invocatus abscedat, sed sensibus nostris studio misericordias suas se inserat.

Frères bien-aimés, prions Dieu : c’est tomber que de se détourner de lui, c’est ressusciter que de se convertir à lui ; en sortir c’est la mort, y demeurer c’est la vie, l’affermissement, la croissance ; nul ne le cherche que mû par la raison, nul ne le trouve qu’étant pur de cœur, nul ne le perd que déçu par l’erreur. Donc prions-le instamment qu’en réponse à nos recherches il se trouve en nous, et qu’invoqué il ne s’éloigne pas, mais s’unisse intimement par le labeur de sa miséricorde à nos puissances.

Ce balancement des phrases, ces rimes, ces allitérations, voilà qui fait furieusement penser à saint Augustin. De fait, la première partie vient des Soliloques de l’évêque d’Hippone :

Deus a quo averti, cadere ; in quem converti, resurgere ; in quo manere, consistere est. Deus a quo exire, emori; in quem redire, reviviscere; in quo habitare, vivere est. Deus quem nemo amittit, nisi deceptus ; quem nemo quaerit, nisi admonitus ; quem nemo invenit, nisi purgatus.

Ô Dieu! se détourner de vous c'est tomber; se convertir à vous c'est se relever; demeurer en vous c'est se conserver; ô Dieu! se retirer de vous c'est mourir; retourner vers vous c'est revivre; habiter en vous c'est vivre; ô Dieu! personne ne vous quitte, s'il n'est trompé; personne ne vous cherche, s'il n'est averti; personne ne vous trouve s'il n'est purifié.

On remarque que l’oraison mozarabe ajoute des mots pour expliciter le propos de saint Augustin. Notamment ratione, corde, errore, qui sont liés par les sonorités et auraient pu être mis par saint Augustin lui-même. (Rappelons que ratio avant Descartes ne veut jamais dire raison au sens moderne du mot, en tout cas chez les Pères. Il est toujours lié à son origine et son aura spirituelle, au point d’être souvent un quasi synonyme d’esprit. Ainsi dans le canon de la messe quand le prêtre demande que l’offrande soit « rationabilem », ce n'est pas qu'elle soit raisonnable,  mais conforme au Logos divin afin de pouvoir devenir son Corps et son Sang.)

Commentaires

  • Merci pour tout.
    Et en particulier la petite mise au point concernant le mot ratio avant Descartes.
    Bon dimanche !

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