Comme je l’ai déjà signalé, Natalia Ousmanova, rescapée d’Azovstal, a fait la une de divers journaux écrits et télévisés, mais on a soigneusement expurgé ses propos de tout ce qui ne correspondait pas à la propagande ukrainienne obligatoire dans les médias occidentaux. Voici un nouvel extrait de ses propos, que vous ne verrez dans aucun journal. (Mais vous pouvez en trouver de similaires sur Twitter.)
Il y avait de l’intimidation. Ils nous disaient : n’allez pas là, la ville est entièrement brûlée, il n’y a nulle part où aller. Ils ne voulaient pas que les gens aillent dans la ville. Ils disaient toujours la même chose ; Il n’y a plus de maisons, tout est brûlé, tout est détruit, c’est ainsi, il n’y a nulle part où aller. N’allez pas là-bas, des méchants sont là qui vont vous blesser.
Nous étions au courant pour les couloirs humanitaires grâce à la radio. Nous savions qu’il y avait des couloirs mais nous ne pouvions pas les prendre. Ils ne nous laissaient pas sortir. Nous étions retenus dans le bunker et simplement nous ne pouvions pas sortir ; Nous entendions à la radio « couloir humanitaire, couloir humanitaire », mais les militants ne nous laissaient pas aller. Ils disaient : Nous ne vous laisserons pas sortir. Il y a des méchants dehors et ils vous tueront. Et bien sûr ils disaient que c’était pour notre sécurité.
Nous étions allés au bunker de nous-mêmes. Mon mari et moi travaillons à l’aciérie. Nous sommes allés le 26 février en pensant que c’était un lieu sûr. Evidemment nous n’imaginions pas ceci. C’est un endroit civil, c’est notre lieu de travail. Croyez-moi, si j’avais compris que cela allait arriver là, je n’y serais pas allé, naturellement. Nous y sommes allés pour sauver nos vies, la vie de nos enfants, sachant que c’était un abri fiable, solide.
Ils ne voulaient pas nous laisser sortir. Je soupçonne qu’ils sont venus là dans le but de se cacher derrière des civils. Nous entendions des informations à la radio. Non, jamais les militants ne sont venus pour nous dire : Eh, il y a un couloir humanitaire, sortez ! Non, rien de ce genre.
Nos familles l’ont décidé unanimement : nous ne voulons pas aller en Ukraine. Si nous décidons de revenir ce sera seulement à Marioupol, pas en Ukraine. Disons-le ainsi : l’Ukraine comme Etat – et je suis citoyenne ukrainienne - est morte pour moi. J’ai été très blessée d’être traitée d’une telle manière.
Commentaires
Merci à Yves Daoudal pour la qualité de l'information.
Des faits bruts, pas de floutage, des sources immédiates.
Je reste impressionné par la qualité de votre expertise.
Rare et rassurant. Il y a encore des journalistes de qualité en France.