La messe romaine de ce jour est a priori en deux parties opposées. La première est une fête où l’on acclame le Seigneur qui entre à Jérusalem sous les vivats. La seconde est une poignante liturgie de déréliction. Il y a pourtant une profonde unité, et la première partie, qui est centrée sur le roi qui prend possession de sa capitale, informe la seconde : c’est la même personne qui va subir la Passion et être crucifiée. Il s’agit toujours du Roi. Et Jésus le dira lui-même à Pilate : il est le roi des juifs. Le trône de ce roi, ce sera la Croix. C’est en étant élevé sur la Croix que le Christ est glorifié. C’est sur la Croix qu’il est le Roi de gloire, alors qu’en apparence il est une loque humaine à l’agonie.
Il y a dans la première partie de la messe de ce dimanche une très grande insistance sur la royauté du Christ. Dès les premiers mots : « Hosanna au fils de David ! Béni celui qui vient au nom du Seigneur. O Roi d’Israël ! Hosanna au plus haut des cieux. »
Puis on chante le psaume 23 : « Elevez vos portes, princes, et vous, élevez-vous, portes éternelles : et le Roi de gloire entrera. Qui est ce roi de gloire ? … »
Puis le psaume 46 : « Le Seigneur est élevé et terrible : c’est un grand Roi sur toute la terre. »
L'évangile rappelle ce que disaient les prophètes: « Voici que ton roi vient à toi... »
La quatrième antienne cite les acclamations selon saint Luc : « Béni soit le Roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix sur terre et gloire au plus haut des cieux ! »
Puis vient l’hymne… au Christ Roi : « Glória, laus et honor tibi sit, Rex Christe, Redémptor… »
La 7e antienne chante : « Salut, notre Roi, Fils de David, Rédempteur du monde ! »
Et la prière finale commence ainsi : « Seigneur Jésus-Christ, notre Roi et notre Rédempteur… »
Ce n’est pas sans faire penser à l’Epiphanie, qui est la grande fête du Christ Roi. Or que se passe-t-il à l’Epiphanie ? Des mages viennent adorer Jésus et lui donner des présents : l’or, l’encens et la myrrhe. L’or parce qu’il est roi, la myrrhe parce qu’il va mourir : telle est la messe des Rameaux.
Les mages offrent ces présents à un enfant. Un enfant que l’icône byzantine représente comme un mort enveloppé de bandelettes couché dans un cercueil.
L’enfant est très présent aux Rameaux. En Orient c’est la fête des enfants, et la liturgie latine répète un grand nombre de fois l’antienne « Pueri Hebareorum » pendant la distribution des rameaux : « Les enfants des Hébreux, portant des branches d’olivier, allèrent au-devant du Seigneur ; ils criaient et disaient : Hosanna au plus haut des cieux. »
En réalité aucun évangile ne le dit ainsi. Les évangiles parlent des disciples et de la foule. Et l’évangile de la procession des Rameaux s’arrête là. Mais si l’on continue à lire saint Matthieu on voit peu après les prêtres indignés d’entendre « des enfants criant dans le temple et disant Hosanna au Fils de David », et demandant à Jésus de les faire taire. Et Jésus répond : N’avez-vous jamais lu : De la bouche des enfants et des nourrissons tu as parfait la louange ? » C’est dans le psaume 8.
Car « si vous ne devenez pas comme les petits enfants vous n’enterez pas dans le Royaume ».
C’est sur la Croix que la louange sera parfaite, et que l’Enfant de la crèche, allant jusqu’au bout de la kénose, entrera en possession de son Royaume, le royaume éternel où il fera entrer ses frères devenus enfants des Hébreux.
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Pueri Hebraeorum et psaume 23, par les moines de Silos :
Le texte est ici (« La distribution des rameaux »).
Commentaires
Joseph d'Arimathie par Le Pérugin :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_d%27Arimathie#/media/Fichier:Joseph_of_Arimathea_(Pietro_Perugino,_Lamentation_over_the_Dead_Christ).jpg
Le tableau dans les tons pastel :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_d%27Arimathie#/media/Fichier:Pietro_Perugino_011.jpg
La version flashy (???) :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/31/Pietro_Perugino_cat40.jpg
Par Raphaël, plus dionysiaque et moins réussi :
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9position_Borgh%C3%A8se#/media/Fichier:Raffael_004.jpg
Macron (soi-disant) à 28 % ! Li y'en a boula matari, li Tintin ! Toi y'en a vouloir une banane ?
En Bretagne aussi, la fête des Rameaux est celle où on vient avec les petits enfants pour leur 1ère Messe.