Fin d’une lettre de saint François Xavier à saint Ignace :
Quelques jours plus tard, dans une longue lettre au P. Simon Rodriguez (qui est aussi l’un des cofondateurs des jésuites), saint François Xavier évoque notamment la même question :
Il y a donc à Cranganor (où, selon la tradition locale, avait débarqué saint Thomas), une église latine (portugaise) et une église syriaque (des « chrétiens de saint Thomas »), toutes deux du diocèse latin (portugais) de Goa (lequel s’étend alors du Cap de Bonne-Espérance jusqu’au Japon en passant par l’Inde et la Chine). En 1557, donc huit ans après ces lettres, est créé le diocèse de Cochin, où se trouve Cranganor. En 1599 l’archevêque de Goa convoque le synode de Diamper, qui acte l’union des « chrétiens de saint Thomas » avec Rome, et donc les met… sous la coupe de l’Eglise latine. Ils étaient auparavant dans l’archidiocèse d’Angamalé, dont l’archevêque était nommé par le patriarche « nestorien » de Mossoul. En 1552 une grande partie de l’Eglise « nestorienne » (de Mésopotamie) avait rejoint l’Eglise catholique, devenant l’Eglise chaldéenne. Le dernier archevêque d’Angamalé, Abraham, nommé par le patriarche « nestorien » en 1555, avait été approuvé par le pape en 1565. Il était mort en 1597. Après le synode de Diamper, le siège de l’archevêché d’Angamalé, devenu… latin, fut transféré sur la côte Malabar, à Cranganor. On l’appela désormais archevêché de Cranganor. (Et il faudra attendre 1887 pour que le pape reconnaisse une Eglise syro-malabar.) A la fin du XVIIe siècle les Hollandais prirent Cranganor (et Cochin) et détruisirent toutes les églises y compris la cathédrale Saint Jean Baptiste. Finalement l’archidiocèse fut supprimé par Grégoire XVI en 1838.
Commentaires
Que "dirait" le Saint de son Ordre actuel ?
Saint François-Xavier débarque à Kagoshima, sur l'île de Kyushu, à 100 km de Nagasaki. Il témoigne d'une grande estime pour les Japonais : "De tous les peuples barbares que j’ai vus, nul ne peut être comparé à celui-ci pour la bonté de sa nature. Il est d’une probité parfaite, franc, loyal, ingénieux , avide d’honneurs et de dignités. L’honneur est pour lui le premier de tous les biens. Il est pauvre, mais chez lui la pauvreté n’est pas méprisée. La noblesse pauvre n’est pas moins considérée que si elle était riche, et jamais l’indigence ne déterminerait un gentilhomme à se mésallier pour relever son nom par le secours d’une opulence plébéienne : il croirait s’avilir."
Il observe : "Le Japonais mange peu et boit beaucoup. Sa boisson est une liqueur produite par le riz fermenté, car la vigne est inconnue ici."
Et voilà l'une des grandeurs des très grands Japonais : quand on mange peu, il faut boire beaucoup ; et quand on boit beaucoup, il faut peu manger. Ozu, sur le tournage de ses six dernières et plus grandes merveilles en couleur, se contentait d'une demi-bouteille de whisky (ou moins...) en lieu et place du repas de midi.
Nagasaki, où furent crucifiés en 1597 les premiers chrétiens japonais, devient le premier diocèse du pays. Au XIXe siècle, le Français Petitjean y construit une basilique en souvenir de leur martyre.
En 1945, les Amerloques se disent : "Tiens, tant qu'à essayer le plutonium après l'uranium enrichi, autant se farcir la capitale catholique du Japon ; ça fera plaisir à ceux qui tiennent la presse et l'opinion chez nous..."