Les six jours de la Création (hexaméron) sont terminés, et le samedi Dieu se repose. Il n’y a donc pas d’hymne de la Création aux vêpres du samedi. Du reste ce sont les premières vêpres du dimanche. On célèbre donc la Trinité, auteur de la Création, et dont la deuxième personne s’est incarnée, a été crucifiée et est ressuscitée le troisième jour.
Comme les autres, cette hymne a toujours été dans le bréviaire (malheureusement modifiée dans le bréviaire romain par Urbain VIII), jusqu’à la destruction du bréviaire en 1969. On dit que la plus ancienne mention explicite est dans le livre De una et non trina Deitate de Hincmar de Reims en 857. Mais saint Benoît dans sa Règle dit qu’aux vêpres, après les psaumes et la lecture, on chante le répons et « l’ambrosianum » : l’hymne de saint Ambroise. Comme il ne précise pas laquelle, c’est que c’était évident pour tout le monde au VIe siècle, de même qu’il était évident que le texte était de saint Ambroise lui-même. Comme on n'a pas d’autre hymne ambrosienne sur la Trinité, il est d’ailleurs possible que l’évêque de Milan fasse précisément allusion à celle-là dans son Contre Auxence (34) : « Ils racontent que j’abuse le peuple avec la magie de mes hymnes, et je ne le nie pas du tout. C'est une grande magie que ce chant, le plus fort de tous ; car quoi de plus puissant que la confession de la Trinité, qui chaque jour est proclamée par la bouche de tout un peuple ? »
O Lux beáta Trínitas
Et principalis Unitas,
Jam sol recédit ígneus,
Infúnde lumen córdibus.
O Lumière bienheureuse Trinité,
et souveraine Unité,
déjà le soleil flamboyant se retire,
versez la lumière en nos cœurs.
Te mane laudum cármine,
Te deprecémur véspere,
Te nostra supplex glória,
Per cuncta laudet sæcula.
C'est vous que le matin nous chantons,
c'est vous que nous prions le soir,
c'est vous, que pour tous les siècles,
notre prière de gloire veut louer.
Deo Patri sit glória,
Ejúsque soli Fílio,
Cum Spíritu Paráclito,
Et nunc et in perpétuum. Amen.
Gloire à Dieu le Père
et à son Fils unique,
avec l’Esprit Paraclet,
maintenant et pour l'éternité.
Cette hymne se trouve aussi dans la liturgie mozarabe. Ici chantée par l’ensemble Alphonse X le Sage, sur des images de la cathédrale de Ségovie :
Commentaires
Magnifique! Merci!
La deuxième strophe est mal traduite.
DEPRECEMUR et LAUDET sont des subjonctifs : injonction ou voeu (puissions-nous prier, louer) et non pas du tout l'indicatif satisfait (nous prions)