La figure de saint Paulin a quelque chose de fascinant. Il est en quelque sorte l’incarnation du passage de la Rome païenne à la Rome chrétienne.
Immense propriétaire terrien de Bordeaux, dont les possessions s’étendent jusqu’en Espagne, il est sénateur, il sera même consul en 379, faisant son entrée en grande pompe dans la ville éternelle.
Puis il se convertit, est baptisé et ordonné prêtre à Bordeaux par l’évêque saint Amand, se débarrasse de tous ses biens, pour s’installer ermite près du tombeau de saint Félix à Nole, où il avait déjà construit un hospice quand il avait été gouverneur de la ville.
Disciple de l’un des derniers poètes païens, Ausone, il devient l’un des premiers poètes chrétiens.
Il accepte d’être évêque de Nole, et ainsi le richissime prince païen devient pauperissime prince de l’Eglise.
C’est alors qu’il vient de devenir évêque de Nole que les Wisigoths, en 410, saccagent Rome. Et occupent Nole. On voit dans les lettres de saint Jérôme et de saint Augustin (avec lesquels Paulin est en relations épistolaires) le choc produit par l’invasion barbare : c’est la fin du monde. En fait le début de la fin du monde païen.