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Sainte Monique

Cardinal Schuster :

La belle figure de la mère d’Augustin, telle qu’elle nous est décrite au IXe livre des Confessions, demeurera toujours vivante dans l’Église comme l’un des plus splendides modèles de mère chrétienne. Il ne faut donc pas s’étonner si l’un des amis d’Augustin, le consul Anicius Bassus l’ancien, plaça sur la tombe de la Sainte à Ostie une plaque de marbre dont l’inscription fut copiée dans les anciens recueils et qui rappelait ses mérites à la postérité. En voici le texte :

« Versus illustrissimae memoriae Bassi exconsule, scripti in tumulo sanctae memoriae Municae matris Sancti Augustini. »
HIC • POSVIT • CINERES • GENETRIX • CASTISSIMA • PROLIS
AVGVSTINE • TVIS • ALTERA • LVX • MERITIS
QVI • SERVANS • PACIS • CAELESTIA • IVRA • SACERDOS
COMMISSOS • POPVLOS • MORIBVS • INSTITVIS
GLORIA • VOS • MAIOR • GESTORVM • LAVDE • CORONAT
VIRTVTVM • MATER • FELICIOR • SVBOLIS.

Ici déposa sa dépouille ta très chaste mère, ô Augustin, elle qui reflète comme une nouvelle splendeur sur tes mérites eux-mêmes. Toi, en bon évêque, tu assures entre les peuples les droits sacrés de la concorde et, par ton exemple, tu enseignes les sujets qui te sont confiés. Une gloire bien plus grande est celle qui vous couronne l’un et l’autre : celle de vos œuvres. Mère vraiment heureuse, et qui le deviens plus encore par la vertu d’un tel fils !

Monique mourut à Ostie en 387, et l’ex-consul Bassus composa cette épitaphe quand Augustin gouvernait encore l’Église d’Hippone en Afrique, c’est-à-dure après 395. Le troisième vers se rapporte probablement à la célèbre conférence avec les Donatistes tenue en 411.

Le corps de sainte Monique demeura à Ostie jusqu’à 1162 ; c’est alors qu’un certain Walter, prieur des chanoines réguliers d’Aroasia en Belgique, le déroba furtivement et le transporta dans son monastère. Les actes de cette translation, rapportés par les Bollandistes, ne semblent autoriser aucun doute, d’autant plus que la présence en Belgique des reliques de sainte Monique depuis plus de sept siècles est assurée par les documents.

Comme on ignorait le jour du trépas de sainte Monique, les chanoines d’Aroasia, qui célébraient déjà le 5 mai la conversion de saint Augustin, attribuèrent à la solennité de sa mère le jour précédent. Du monastère de Walter le culte de sainte Monique se répandit en Belgique, en Allemagne et en France, si bien que la fête du 4 mai entra peu à peu dans l’usage liturgique général.

A l’époque où la reconnaissance du culte liturgique à rendre aux saints appartenait encore aux évêques, le IXe livre des Confessions de saint Augustin avait la valeur d’une bulle de canonisation.

Commentaires

  • Le bienheureux cardinal Schuster n'était donc pas chauvin car il aurait pu soutenir la version du bréviaire, qui veut que les reliques de sainte Monique se trouvent à Rome dans l'église Saint-Augustin.

    Plus étonnant encore : tout moine cassinais qu'il était, il me semble qu'il soutenait la translation des reliques de saint Benoît en France...

  • je viens de chercher ce que pouvait être cette "Aroasia". J'ai trouvé qu'il s'agit d'un lieu nommé Arrouaise, dans le Cambrésis, c'est-à-dire en effet "dans la Belgique", mais au sens de "Gaule Belgique" selon l'empire romain, laquelle mordait largement sur la "France", jusque vers la moitié de l'actuelle... Normandie!!!

  • ce serait plus simple de dire que la Gaule Belgique allait jusqu'à la Seine; les capitales des deux provinces de ce nom étaient Reims et Trèves

  • L'inscription n'est pas toujours facile à traduire. Passons sur Dépouille pour Cineres (reliques qui ont pu être transférées à Rome après la mort de Bassus) et Evêque pour Sacerdos, mots latins que le rythme exigeait peut-être. Mais à la fin "plus heureuse PAR les vertus" est grammaticalement impossible. Je pense qu'il faut traduire :
    "O mère DES vertus de son fils, vraiment heureuse."..

  • Chez saint Cyprien le mot "sacerdos" veut le plus souvent dire "évêque" (puis chez saint Ambroise et et saint Augustin jusqu'à saint Césaire d'Arles au début du VIe siècle, en distinguant le sacerdos de premier rang et le sacerdos de second rang), et cela s'est maintenu plus longtemps dans la poésie. Il y a par exemple un répons de saint Martin qui commence par "Martinus sacerdos Dei".

    Dans le bréviaire, le "commun des confeseurs pontifes", donc des évêques, a plusieurs fois "sacerdos", mais pas "episcopus".

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