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Les acharnés

Les députés américains ont voté hier par 222 voix contre 204 une résolution visant à supprimer la date limite de ratification de l’amendement à la Constitution relatif à l’égalité des droits entre hommes et femmes. Le texte va aussi être voté au Sénat.

Cet amendement fut présenté pour la première fois en 1923. Il fut relancé en 1971 (au Sénat en 1972). Pour être inscrit dans la Constitution, le texte devait être ratifié par 38 Etats avant le 22 mars 1979. A cette date il avait été ratifié par 30 Etats, compte tenu que cinq autres avaient ratifié puis s’étaient rétractés… Il y eut ensuite une bataille judiciaire entre ceux qui considéraient que c’était terminé, et ceux qui faisaient valoir que la date butoir ne figurait pas dans le texte même qui avait été voté et donc qu’on pouvait continuer de le ratifier. Le dernier épisode en date est la décision d’un juge du district de Columbia, l’an dernier, établissant que la période de ratification était terminée depuis longtemps.

Bref, les démocrates ont estimé que, plutôt que de continuer une interminable guérilla judiciaire, il valait mieux voter la suppression de tout délai.

A priori on ne voit pas en quoi cette bataille est si importante, puisque le texte, très bref, se contente de garantir que les Etats ne peuvent pas prendre de décisions qui soient contraires à l’égalité entre les hommes et les femmes. En bref, à enfoncer les portes ouvertes.

Mais c’est qu’il s’agit d’une arme que les partisans de l’avortement considèrent comme décisive, surtout en ce moment, alors que la majorité de la Cour suprême est pro-vie et que par conséquent l’arrêt Roe contre Wade est en grand danger. Et ils font valoir que l’amendement est très supérieur à l’arrêt de 1973. Celui-ci en effet n’avait pas pour motif l’égalité des droits mais le droit à la vie privée de la femme, et le droit des médecins de traiter leurs patients de la meilleure façon pour eux (sic)… Tandis que l’amendement constitutionnel interdit la discrimination sexuelle : or l’égalité suppose l’autonomie des femmes quant à leurs corps et leur liberté de « reproduction », sans laquelle elles ne peuvent pas être pleinement citoyennes…

C’est pourquoi toutes les organisations américaines de la culture de mort font une campagne effrénée en faveur de l’amendement, qui « consolidera le droit constitutionnel à l’avortement et exigera des juges qu’ils annulent les lois contre l’avortement », tandis que les organisations pro-vie jettent toutes leurs forces contre le texte pour exactement le même motif. La Susan B. Antony List, qui donne le score pro-vie de tous les parlementaires, a décidé de donner double poids au vote pour ou contre cet amendement.

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