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3e dimanche de l’Avent

Gaudéte in Dómino semper : íterum dico, gaudéte. Modéstia vestra nota sit ómnibus homínibus : Dóminus enim prope est. Nihil sollíciti sitis : sed in omni oratióne petitiónes vestræ innotéscant apud Deum.
Benedixísti, Dómine, terram tuam : avertísti captivitátem Iacob.

Soyez toujours joyeux dans le Seigneur ! Je vous le répète : soyez joyeux. Que votre aménité soit connue de tous les hommes, car le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien, mais dans toutes vos prières exposez à Dieu vos besoins.
Seigneur, vous avez béni votre terre, vous avez délivré Jacob de la captivité.

Screenshot_2020-12-12 Gaudéte in Dómino semper – Recherche Google.png

Un regard profane sur le célèbre introït de ce dimanche pourrait conclure qu’il y a, au moins au début, mais même après, une contradiction manifeste entre le texte et la mélodie. Le texte demande qu’on se réjouisse, qu’on soit dans la joie, et la mélodie est tout en bas du mode, se meut en degrés conjoints, comme si c’était un humble murmure et non un cri de joie. C’est qu’en ce temps de l’Avent nous attendons un bébé qui va naître, c’est lui notre joie. Or ce bébé il ne faut pas l’éveiller. Il faut chanter tout doucement notre bonheur de le voir venir.

Puis après l’intonation la mélodie continue de monter doucement, et c'est avec douceur encore qu’elle s’épanouit sur un si bémol. Mais on est monté bien haut et il faut vite redescendre, pour répéter tout bas le verbe de la joie.

La suite brode sur la quarte fa-si bémol, avec douceur toujours, ce qui illustre alors le mot « modestia ». Modestia, c’est la conduite qui garde la mesure, la discrétion, la docilité, la douceur, la pudeur, la dignité, la bienséance… Le mot grec est ἐπιεικὲς, (épiikès) qui a ce sens-là, ces sens-là. Le P. Spicq précisait : « L’épikie hellénistique est d’abord et avant tout une vertu du cœur, ouvert, conciliant et confiant à l’égard du prochain. Non seulement elle est opposée à la méchanceté et à la violence, mais, toute douceur et gentillesse, elle se laisse persuader et fléchir et se résigne même lorsqu’on est lésé. (…) Finalement, l’épikie néotestamentaire n’est pas seulement modération et mesure, mais bonté, courtoisie, générosité. Davantage encore elle évoque une certaine gracieuseté, de la bonne grâce. »

Telle est la mélodie de l’introït. Avec juste un mot « qui dépasse », si l’on ose dire, qui tout à coup, sans préparation, claironne le do : « nihil ». Rien. Tel est le sommet de la mélodie : Rien. Rien ne doit nous troubler, rien ne doit nous être à souci, parce que tout doit être confié à Dieu dans la prière. Et nous serons exaucés : par l’Enfant qui vient.

Commentaires

  • Merci pour ce commentaire éclairant. Surtout dans les temps que nous traversons. On vous l'a déjà dit : il faudrait publier un recueil de vos notes sur la liturgie et la Bible.

  • Nous voudrions que la joie s'accorde avec la fête, le rire, le bonheur, la plénitude. Ces moments sont accordés, mais pour les élus la joie parfaite est dans les coups de bâton. Il vaudrait mieux ne pas l'oublier, aujourd'hui qu'on va en prendre plein la gueule.
    A ce propos, j'ai une question théologique, pour les savants : le Christ a-t-il pu, a-t-il dû, perdre la vision béatifique au moment de mourir sur la croix ? Et sinon, pourquoi cite-t-il le psaume 22 ?

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