Le personnage central du portail nord de la cathédrale de Reims est saint Calixte Ier. Parce que dans cette cathédrale se trouvent les reliques du pape martyr. Elles devraient se trouver en fait dans l’abbaye Saint-Calixte de Cysoing, construite pour cela, mais la peur des Normands les fit transférer à Reims. En fait ce sont les révolutionnaires qui détruiront l’abbaye en 1793.
Voici ce que j’ai trouvé sur le site internet de la "Société historique du Pays de Pévèle".
L’histoire de l’abbaye commence après le décès d’Evrard de Frioul, (ou mieux Eberhard), lorsque son épouse Gisèle décide de créer une communauté religieuse dans son domaine. Celle-ci sera chargée de prier et de veiller à la fois sur les reliques de saint Calixte, amenées par son mari en 854 et placées dans une église reconstruite pour ce dépôt d’un corps saint, et sur la nécropole familiale. Celle-ci a été édifiée face à l’église où repose Calixte et reçoit la tombe d’Evrard, de Gisèle et de ses enfants. Cette communauté est encore mal connue et on ignore aussi le nombre de ces religieux qui pouvaient être des chanoines séculiers.
Les menaces que font courir les invasions normandes amènent le départ des reliques du saint pape vers Reims en 887. L’archevêque avait promis leur retour dès que la paix serait revenue, en fait elles ne reviendront jamais. En compensation, Evrard est canonisé et son corps devenu reliques est placé en lieu et place de Calixte...
Au XIIe siècle, le prévôt de la communauté fondée par la petite fille de Charlemagne se rend à Reims pour se plaindre des déboires de l’institution de Cysoing. En 1129, des chanoines réguliers de saint Augustin s’installent à Cysoing avec Anselme à leur tête, qui sera le premier abbé d’une véritable abbaye. Il faudra un peu de temps pour que les gens et les choses se mettent bien en place et la nouvelle communauté est affiliée à l’abbaye d’Arrouaise, en Artois. Au fil du temps, les chanoines de Cysoing vont se rallier à l’abbaye Saint-Victor de Paris, puis à l’abbaye Sainte-Geneviève également à Paris. A une question posée par Louis XV lors de son passage en 1744, l’abbé répondra que tous ces changements ont amené une certaine confusion sur les liens entretenus entre ces diverses abbayes...
Bien que les reliques du saint pape ne soient plus dans l’abbatiale, l’établissement ne cessera jamais de s’appeler abbaye Saint-Calixte et Evrard en est officiellement le fondateur. Comme tant d’autres communautés religieuses obéissant à des règles de vie, l’abbaye de Cysoing va connaître des périodes de faste et de piété et des moments difficiles et de relâchement spirituel, surtout durant la Guerre de Cent ans. Mais du XVIe siècle à la Révolution, il faut noter que Cysoing ne cessera d’être un lieu réputé pour sa régularité et ses études. Les bâtiments connaîtront diverses campagnes de reconstruction et d’agrandissement. Mathias de Barda entreprend la reconstruction totale de l’abbatiale consacrée en 1535. Une très haute tour est ajoutée en 1624 par Erasme d’Autel qui fait rebâtir divers locaux.
Mais c’est au cours des XVIIe et XVIIIe siècles que l’abbaye aura ses heures de gloire et sera réputée pour sa splendeur. Les abbés Joseph et Antoine Vranx, Laurent de Roque, Evrard Duhamel, vont porter le lieu à son achèvement, Laurent de Roque reprenant totalement le parc qui sera admiré par tous les voyageurs. C’est lui qui reçoit, du 14 au 17 mai 1744, le roi Louis XV, alors occupé à préparer la Campagne de Flandre, qui sera un succès pour ses armées jusqu’à la victoire de Fontenoy en 1745.
L'abbaye est supprimée en 1792, comme tous les établissements religieux français, par les décrets de la Révolution et les armées républicaines y mettent le feu pour fêter une victoire sur les Prussiens en 1793. Il n’en restera que des ruines rapidement vendues avec les terres, qui seront loties. De nos jours, il ne subsiste qu’un magasin, servant jadis de réserves et de dépôts, bâti vers 1785, et longeant la rue Gambetta. Du parc il ne subsiste que les viviers et le monument élevé au centre d’une étoile formée par des avenues, célébrant le souvenir du passage du roi et ses victoires en Flandre. C’est un obélisque élégant, nommé pyramide depuis son inauguration en 1751.