O rubor sanguinis, qui de excelso illo fluxisti, quod divinitas tetigit, tu flos es quem hiems de flatu serpentis numquam lesit.
O pourpre de sang, qui t'écoules de cette hauteur que la divinité a touchée, tu es une fleur que l’hiver par le souffle du serpent n’a jamais blessée.
Antienne de Magnificat pour la fête de sainte Ursule et des dix mille vierges martyres. Interprétation du groupe Sequentia, en l’occurrence Barbara Thornton.
La poésie de sainte Hildegarde est toujours mystérieuse, c’est-à-dire qu’elle s’inscrit en profondeur dans le mystère chrétien. On pourrait écrire un livre entier pour commenter ces quelques mots. Disons seulement qu’il y a là des allusions notamment à un répons de la liturgie des martyres (Veni sponsa Christi, accipe coronam quam tibi Dominus praeparavit in aeternum, pro cujus amore sanguinem tuum fudisti, et cum angelis in paradisum introisti : pour l’amour du Christ tu as versé ton sang et tu es entrée au paradis), mais aussi au sang qui s’écoule du Cœur du Christ en croix de par la volonté du Père, au serpent du paradis devenu impuissant, au Cantique des cantiques où l’Epoux demande à l’Epouse de sortir parce que l’hiver est fini (l’hiver que faisait souffler le serpent) et que les fleurs sont écloses, les fleurs de sang des martyres…