Puisqu’on avait une sainte Christine martyre de Bolsène, dans le Latium, et puisqu’on entendait parler d’une sainte Christine martyre de Tyr, on n’avait pas craint d’affirmer, jusque dans le martyrologe, que l’unique sainte Christine, l’Italienne évidemment, avait subi le martyre à Tyro, une ancienne île engloutie du lac de Bolsène…
On sait qu’en 1880 a été découvert le tombeau de sainte Christine de Bolsène dans la… basilique Sainte-Christine de Bolsène, contenant ses ossements, ceux d’une jeune fille de 14 ans. Dans l’enthousiasme de la découverte, l’illustre archéologue Jean-Baptiste de Rossi en conclut que l’on avait trouvé la véritable sainte Christine.
Mais on lui fit remarquer que selon l'antique martyrologe hiéronymien c'est bien sainte Christine de Tyr qui est vénérée ce jour, comme dans tous les calendriers de l'Orient.
Et il se trouve que le corps de sainte Christine de Tyr se trouve également en Occident. A Venise.
De Tyr il avait été transporté à Constantinople, où l’on avait construit une église en son honneur dans l’enceinte du « Palais sacré ». La relique fut volée en 1325 par les Vénitiens, et déposée au monastère Saint-Marc des bénédictines de l’île de la lagune de Venise qui prit le nom de Sainte-Christine. Faute de religieuses, le monastère fut fermé au XVe siècle, et le corps de sainte Christine suivit la dernière religieuse à Torcello, en l’église Saint-Antoine, puis en 1793 il fut transféré à Venise, d’abord au monastère Sainte-Justine, puis en 1810 en l’église Saint-François de la Vigne, où il se trouve toujours, dans une châsse de cristal, en attendant la Résurrection.
Sainte Christine de Tyr se trouve (à droite) en compagnie des saintes Anastasie, Barbe, Euphémie, Marine et Thècle, sur cette icône de la fin du XVIIe siècle au monastère du Pantocrator (Athos). (Cliquer pour agrandir.)