Dans le bréviaire mozarabe, ce jour à laudes :
Tibi soli peccavimus Domine; et malum coram te fecimus: cui quidem non celantur abscondita nostra, quae cordis retinent claustra: et tamen erubescimus pandere, quod non timemus perpetrare. Sed tu Domine, qui non despicis poenitentes, suscipe preces humilium; et veniam tribue peccatorum: ac per potentiam Trinitatis, rectitudinem, qua gradiamur, doceat nos Spiritus Sanctus; et ad sanctitatis gloriam pertrahat spiritus rectus, atque ad iustificationem principalis deducat spiritus: ut unicae virtutis immensa potestas, et Pater regat quos condidit; et Filius custodiat quos redemit; et Spiritus Sanctus repleat quos creavit. ℟. Amen.
Contre toi seul nous avons péché, Seigneur, et nous avons fait le mal devant toi, à qui certes n’est pas caché ce qui est au plus profond de nous, que les serrures du cœur retiennent ; et pourtant nous rougissons de dévoiler ce que nous n’avons pas craint de perpétrer. Mais toi, Seigneur, qui ne méprises pas ceux qui se repentent, accueille les prières des humbles ; et accorde le pardon aux pécheurs. Et par la puissance de la Trinité, que le Saint-Esprit nous enseigne la rectitude par laquelle nous puissions avancer, et qu’un esprit droit nous entraîne à la gloire de la sainteté, et que l’esprit principal nous conduise à la justification ; afin que l’immense puissance de l’unique force, et le Père dirige ceux qu’il a créés, et le Fils garde ceux qu’il a rachetés, et le Saint-Esprit remplisse ceux qu’il a créés. Amen.
Cette oraison suit le psaume 50 et lui est étroitement liée. Elle en reprend plusieurs expressions, dont le début qui est le début du verset 6 et qui sert aussi d’antienne. Elle reprend surtout les « trois esprits » que les pères de l’Eglise avaient repérés et où ils avaient vu la Sainte Trinité, ce qui est explicitement le cas ici : l’esprit droit, l’esprit de rectitude (verset 12), est le Fils, l’esprit saint (verset 13) est le Saint-Esprit, l’esprit principal (verset 14) est le Père. Principalis traduit le grec ἡγεμονικός (hègemonikos) : qui guide, qui dirige. L’adjectif substantivé désignait la raison chez les stoïciens, la partie supérieure de l’âme, qui la dirige et l’unifie, concept repris par Clément d’Alexandrie et Origène.