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Il y a 50 ans (7) : l'Immaculée Conception

La première grande fête que nous rencontrons au début de cette année liturgique est aussi le premier exemple du terrible appauvrissement opéré par la « réforme » liturgique. Dans la liturgie traditionnelle, l’Immaculée Conception est un chant tout tissé des éloges de l’Epouse dans le Cantique des cantiques et des textes des livres de la Sagesse qui nous montrent la Mère de Dieu créée avant les siècles, avec la salutation angélique et la vision de la Femme de l’Apocalypse.

Du Cantique des cantiques il ne reste que deux antiennes. En fait, même si on avait voulu garder ces textes magnifiques on n’aurait pas pu, puisque de huit répons (douze dans le bréviaire monastique) on est passé à… deux (on a gardé le premier et on a fabriqué un deuxième). Or de toute façon on ne le voulait pas. Preuve en est que les deux répons se gardent de citer les images si poétiques et donc si liturgiques de l’Ancien Testament.

Supprimée aussi l’impressionnante prophétie d’Ezéchiel, que ces myopes ne voient plus comme telle : « Cette porte sera fermée, on ne l’ouvrira pas, et un homme n’entera pas par elle, parce que le Seigneur Dieu d’Israël est entré par elle : et elle sera fermée au prince. Le Prince lui-même siégera en elle. »

Des textes des livres de la Sagesse il ne reste rien. On a décidé que ces textes avaient été appliqués de façon indue à la Sainte Vierge, et qu’il fallait donc en expurger la liturgie. Il ne s’agit pas seulement de la fête de l’Immaculée Conception, mais de toutes les fêtes de la Sainte Vierge, y compris de l’office et de la messe du samedi. Car ces textes étaient omniprésents : « Je suis sortie de la bouche du Très-Haut, première née avant toute créature… Les abîmes n’étaient pas encore, et moi j’étais déjà conçue… ».

Les liturgies orientales n’ont pas appliqué ces textes à la Mère de Dieu. C’est une spécificité latine, et ce fut une trouvaille géniale. Ainsi, des siècles et des siècles avant la définition du dogme, même là où il n’y avait pas, ou pas encore, de fête « de la conception de la Sainte Vierge », on chantait l’image théologique de l’Immaculée Conception, de Marie née avant le péché, en ces images sublimes de la Sagesse.

A la messe, la néo-liturgie n’a donc plus la lecture du livre des Proverbes « Le Seigneur m’a possédée au début de ses voies avant qu’il ait fait quoi que ce soit au principe… ». Puisqu’il n’y a plus de graduel il n’y a donc plus non plus les éloges de Judith appliqués à Marie, et pour l’alléluia on n’a pas gardé non plus le verset du Cantique des cantiques qui annonce l’Immaculée Conception…

La traduction française rend plus indigente encore cette indigence, et ajoute dans la Préface de la messe une terrible ambiguïté qui ne se trouve pas dans le texte latin : «  Car tu as préservé la Vierge Marie de toutes les séquelles du premier péché… »

La néo-« liturgie » est en langue vulgaire afin que les fidèles la comprennent immédiatement et facilement. Mais que comprend-on ici d’emblée ? Tout le monde a souffert, ou non, des séquelles d’une maladie ou d’un accident. Ce que l’on comprend a priori, c’est que Marie a eu le péché originel, mais qu’elle n’en a pas eu de séquelles. Ce qui est contraire au dogme, mais aussi au reste de la néo-« liturgie » qui, même en français, affirme l’Immaculée Conception à plusieurs reprises.

Certes, dans un deuxième temps, à la réflexion, on peut considérer que le mot séquelles n’exprime pas forcément les suites d’une maladie ou d’un accident subi par la personne : par exemple je n’ai pas subi de séquelles de la Seconde Guerre mondiale. Mais la liturgie n’a pas été faite en français pour qu’on la comprenne dans un deuxième temps. Il y a là une ambiguïté, qui ne figure pas dans le texte latin, et qui a donc été délibérément introduite par les « traducteurs ».

*

N.B. Un signe avant-coureur de la catastrophe à venir fut la traduction officielle de l’épître de cette fête dans le missel de 1962 : « necdum erant abyssi et ego jam concepta eram » par « quand l’abîme n’était pas je fus enfantée ».

Commentaires

  • Sans être un expert je crois que les ordinaires n ont pas célébré l immaculée conception mais le 2e dimanche de l Avent...

    Accessoirement vous devriez analyser le marcionisme inconscient de Bugnigni qui a finalement coupé de nombreux liens avec l AT - malgré l introduction de la première lecture (souvent omise d ailleurs par les prêtres ordinaires)

  • En tout cas merci pour vos recherches si précises

  • Et si précieuses

  • Pour ce qui est de l'attribution des textes sapientiaux à Marie, je recommande le livre de J. Ratzinger La fille de Sion, où il étudire ces objection (livre très court et accessible).
    Aujourdd'hui, dans la forme ordinaire, il y avait effectivement les textes du 2e dimanche de l'Avent, avec le célèbre passage d'Isaïe 11 sur les esprits... Sauf que la néo-vulgate ayant décidé que les Septante et St Jéröme s'étaient trompés, il n'y a plus la piété, et donc plus que 6 esprits. Alors même que l'Apocalypse (5, 6) parle bien des 7 esprits de Dieu. Et adieux les 7 dons du Saint-Esprit...

  • Il y a 165 ans l'Immaculée Conception. Quel dogme incroyable (si j'ose dire...) ! Quelle profondeur dans le génie ! Ne fallait-il pas, pour que la Très Sainte Vierge naquît sans péché, que ses parents se soient aimés d'un pur amour, exempt de convoitise charnelle ? On est loin de Bergog et de ses protégés, champions de l'enculade... Et combien de générations presque sans péché, de David à Notre Seigneur ? Une monarchie à la ramasse, mais au bout le Roi des rois, le Nom au-dessus de tout nom. Et la déchéance infernale, de générations en générations, pour ceux qui ne l'ont pas reconnu. Ils règnent aujourd'hui, mais sur l'enfer.
    Reviens, Seigneur Jésus.

  • Je souscris en vrai à l'ensemble de cette étude comparée.

    Pour ma part, je viens de découvrir la Sainte Messe Tridentine et je m’aperçois avec effroi de l'ensemble des occultations.

    Non seulement les nouveaux textes ne nourrissent pas notre intelligence et notre foi, mais, ce qui est pire, ils occultent le mystère divin !

  • @ Daoudal : Votre démonstration concernant l'application des textes sapientiaux à la Sainte Vierge est trop succincte pour votre serviteur. Lorsque je les lis, c'est le Verbe que vois évoqué sous le vocable de Sagesse :
    - dans le commun "avant que le monde ne soit, Dieu m'a créée et j'existerai pour toujours" certes la deuxième Personne divine n'est pas créée à proprement parler, mais ce verset manifeste davantage l'éternité de ce qui est évoqué i.e. ce qui n'a ni commencement ni fin ;
    - au 8 décembre "lorsqu'il disposait les cieux j'étais présente [...] j'étais à l'oeuvre auprès de lui [au cours de le création]" participation créatrice qui semble convenir ici aussi au Verbe.
    J'admets avoir des lacunes en mariologie, mais aucun sermon ne m'a convaincu que ces textes s'appliquaient aussi ou d'abord à la Sainte Vierge. Et encore une fois, vous filez à la conclusion...

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