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Notre Dame du Rosaire

La spiritualité chrétienne a pour caractéristique fondamentale l'engagement du disciple à “se conformer” toujours plus pleinement à son Maître. Par l'effusion de l'Esprit reçu au Baptême, le croyant est greffé, comme un sarment, sur la vigne qu'est le Christ, il est constitué membre de son Corps mystique. Mais à cette unité initiale doit correspondre un cheminement de ressemblance croissante avec lui qui oriente toujours plus le comportement du disciple dans le sens de la “logique” du Christ: « Ayez entre vous les dispositions que l'on doit avoir dans le Christ Jésus ». Selon les paroles de l'Apôtre, il faut « se revêtir du Seigneur Jésus-Christ ». 

Dans le parcours spirituel du Rosaire, fondé sur la contemplation incessante – en compagnie de Marie – du visage du Christ, on est appelé à poursuivre un tel idéal exigeant de se conformer à Lui grâce à une fréquentation que nous pourrions dire “amicale”. Elle nous fait entrer de manière naturelle dans la vie du Christ et pour ainsi dire “respirer” ses sentiments. Le bienheureux Bartolo Longo dit à ce propos: « De même que deux amis qui se retrouvent souvent ensemble finissent par se ressembler même dans la manière de vivre, de même, nous aussi, en parlant familièrement avec Jésus et avec la Vierge, par la méditation des Mystères du Rosaire, et en formant ensemble une même vie par la Communion, nous pouvons devenir, autant que notre bassesse le permet, semblables à eux et apprendre par leurs exemples sublimes à vivre de manière humble, pauvre, cachée, patiente et parfaite ».

Grâce à ce processus de configuration au Christ, par le Rosaire, nous nous confions tout particulièrement à l'action maternelle de la Vierge Sainte. Tout en faisant partie de l'Église comme membre qui « tient la place la plus élevée et en même temps la plus proche de nous », elle, qui est la mère du Christ, est en même temps la “Mère de l'Église”. Et comme telle, elle “engendre” continuellement des fils pour le Corps mystique de son Fils. Elle le fait par son intercession, en implorant pour eux l'effusion inépuisable de l'Esprit. Elle est l'icône parfaite de la maternité de l'Église.

Mystiquement, le Rosaire nous transporte auprès de Marie, dans la maison de Nazareth, où elle est occupée à accompagner la croissance humaine du Christ. Par ce biais, elle peut nous éduquer et nous modeler avec la même sollicitude, jusqu'à ce que le Christ soit « formé » pleinement en nous. Cette action de Marie, totalement enracinée dans celle du Christ et dans une radicale subordination à elle, « n'empêche en aucune manière l'union immédiate des croyants avec le Christ, au contraire elle la favorise ». Tel est le lumineux principe exprimé parle Concile Vatican II, dont j'ai si fortement fait l'expérience dans ma vie, au point d'en faire le noyau de ma devise épiscopale “Totus tuus”. Comme on le sait, il s'agit d'une devise inspirée par la doctrine de saint Louis Marie Grignion de Montfort, qui expliquait ainsi le rôle de Marie pour chacun de nous dans le processus de configuration au Christ: « Toute notre perfection consistant à être conformes, unis et consacrés à Jésus-Christ, la plus parfaite de toutes les dévotions est sans difficulté celle qui nous conforme, unit et consacre le plus parfaitement à Jésus-Christ. Or, Marie étant de toutes les créatures la plus conforme à Jésus-Christ, il s'ensuit que, de toutes les dévotions, celle qui consacre et conforme le plus une âme à Notre Seigneur est la dévotion à la Très Sainte Vierge, sa sainte Mère, et que plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle le sera à Jésus-Christ ». Jamais comme dans le Rosaire, le chemin du Christ et celui de Marie n'apparaissent aussi étroitement unis. Marie ne vit que dans le Christ et en fonction du Christ ! 

Jean-Paul II, Rosarium Virginis Mariae, § 15.

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Henryk Górecki (1933-2010) composa Totus Tuus pour le troisième voyage de Jean-Paul II en Pologne, en 1987. Il fut interprété sur le tarmac de l’aéroport dès son arrivée le 8 juin, puis avant la messe finale sur la place de la Victoire le 14, par le Chœur de l’Académie de théologie. J’ai découvert récemment ce qui est sans doute la plus belle version, à ce jour, de ce chef-d’œuvre, grâce à la qualité exceptionnelle du Chœur philharmonique national de Varsovie et au véritable génie de son chef Henryk Wojnarowski, qui ajoute nombre de nuances qui ne sont pas sur la partition mais en exaltent l’expression.

Totus tuus sum, Maria,
Mater nostri Redemptoris,
Virgo Dei, Virgo pia,
Mater mundi Salvatoris.
Totus tuus sum, Maria !

Maria Bogusławska (1868-1929)

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