Il est sur cette terre
Un Arbre merveilleux
Sa racine, ô mystère !
Se trouve dans les Cieux...
Jamais sous son ombrage
Rien ne saurait blesser
Là sans craindre l'orage
On peut se reposer.
De cet Arbre ineffable
L'Amour voilà le nom,
Et son fruit délectable
S'appelle l'Abandon.
Ce fruit dès cette vie
Me donne le bonheur
Mon âme est réjouie
Par sa divine odeur.
Ce fruit quand je le touche
Me paraît un trésor
Le portant à ma bouche
Il m'est plus doux encor.
Il me donne en ce monde
Un océan de paix
En cette paix profonde
Je repose à jamais...
Seul l'Abandon me livre
En tes bras, ô Jésus
C'est lui qui me fait vivre
De la vie des Elus.
A toi je m'abandonne
O mon Divin Epoux
Et je n'ambitionne
Que ton regard si doux.
Moi je veux te sourire
M'endormant sur ton cœur
Je veux encore redire
Que je t'aime, Seigneur !
Comme la pâquerette
Au calice vermeil
Moi petite fleurette
Je m'entrouvre au soleil.
Mon doux Soleil de vie
O mon Aimable Roi
C'est ta Divine Hostie
Petite comme moi...
De sa Céleste Flamme
Le lumineux rayon
Fait naître dans mon âme
Le parfait Abandon.
Toutes les créatures
Peuvent me délaisser
Je saurai sans murmures
Près de toi m'en passer.
Et si tu me délaisses
O mon Divin trésor
Privée de tes caresses
Je veux sourire encor.
En paix je veux attendre
Doux Jésus, ton retour
Et sans jamais suspendre
Mes cantiques d'amour.
Non, rien ne m'inquiète
Rien ne peut me troubler
Plus haut que l'alouette
Mon âme sait voler.
Au-dessus des nuages
Le ciel est toujours bleu
On touche les rivages
Où règne le Bon Dieu.
J'attends en paix la gloire
Du céleste séjour
Car je trouve au Ciboire
Le doux Fruit de l'Amour !
Ce remarquable poème, écrit quatre mois avant sa mort, alors qu’elle est déjà gravement malade depuis deux mois, est tout baigné de l’atmosphère du Cantique des cantiques, dont on reconnaît le pommier qui est le bien-aimé et son fruit délectable. Mais ce qui est surprenant est qu’ici l’arbre est inversé. On peut se demander où Thérèse a trouvé ce thème, qui appartient essentiellement, en son temps, à la littérature occultiste. Dans les écrits chrétiens, je ne connais que la vision de Marguerite d’Oingt, qu’elle raconte dans une lettre, avec le même qualificatif de « merveilleux » : « un arbre moult meravillous » (Lettres, 146). Mais il est quasiment impossible que sainte Thérèse ait lu les lettres en « vieux lyonnais » de la mystique très peu connue du XIIIe siècle. D’ailleurs la comparaison s’arrête là : l’arbre dont parle Marguerite n’est pas l’Amour (ni l’Epoux), mais l’être humain (il a cinq branches qui sont les cinq sens) qui est tout desséché sans la grâce et qu’un torrent frappe si violemment qu’il se retourne et reverdit en ayant ses racines dans le ciel.
Commentaires
Bonjour. Je suis étonné de ne voir jamais aucun commentaire sur vos rubriques concernant le saint du jour où la liturgie du jour. Ces rubriques sont très belles et respirent l'amour de Dieu et sa miséricorde. Par contre quand il s'agit de critiquer le pape sans jamais parler de ses bons côtés, bonjour les torrents de dérision et de haine provenant d'ailleurs toujours des mêmes pseudonymes. Je ne retrouve pas là l'esprit de l'évangile. Ou alors les pharisiens
Les Pharisiens sont des Tartuffe. Ils ne dénoncent jamais le mal, ils le font. Ils ont tout pouvoir sur l'Institution.
Je voulais simplement dire que personne n'est parfait, moi le premier ni ne détient la vérité. Que les voies de Dieu sont impénétrables et que les seuls moyens de s'en rapprocher sont l'amour du prochain, surtout celui que nous ne comprenons pas, la miséricorde et surtout la prière plutôt que la haine ou la moquerie.
@ Décamps
Aaaaamen !
Le christianisme "rose" ?
" Saint Païssios l'Athonite a donné l'interprétation suivante pour ce "christianisme rose" : "Les gens veulent pouvoir pécher continuellement, mais en même temps ils ont un "bon petit Dieu", qui leur pardonnera constamment, tout en continuant à pécher. C'est-à-dire qu'ils peuvent continuellement faire ce qu'ils veulent, et à cause de Son Amour infini, Dieu leur pardonnera toujours, ainsi ils peuvent continuer à vivre avec leur ego, leurs injustices, dans le péché et sans mauvaise conscience, sans essayer de changer, sans véritable repentir - comme la Parole de Dieu nous le demande - et sans demander Sa Grâce par la prière et avec conscience de soi.". '
Ainsi, très lentement, un autre type de christianisme est né, dans lequel les bases de la foi orthodoxe sont silencieusement étouffées, tandis que l'esprit général est souillé et déformé au point de rendre méconnaissable le vrai sens du mot " amour ".
...
https://orthodoxologie.blogspot.com/2019/03/le-christianisme-rose.html
Merci cher Yves
La plupart des mystiques partagent la même compréhension des mystères sacrés !
Nous retrouvons l'image de l'Arbre de vie dans une des prières de Jean de Dalyatha : "Tu es tout pour moi", dont voici un extrait :
Heureux celui qui fixe continuellement les yeux sur Toi,
ô mon Paradis qui m'apparais en moi !
Ô Arbre de Vie, dans mon coeur
Tu m'enflammes à tout moment de Ton désir !
Heureux celui qui Te cherche en lui-même à tout moment,
car c'est de lui-même que coule pour lui la Vie,
afin qu'il s'en délecte !
Heureux celui qui porte en tout temps
dans son coeur ton souvenir,
car son âme aussi est enivrée de ta douceur !
Heureux celui qui fixe continuellement les yeux sur Toi
au-dedans de lui, car son coeur aussi est illuminé
pour voir les mystères cachés !
Il ne s'agit pas ici de l'arbre de vie mais de l'arbre inversé, dont "la racine" est dans le ciel, comme on le trouve dans des textes hindous.
C'est évident pour tout mystique, la racine de notre foi étant l’espérance en celui qui vient, c'est à dire Jésus (qui est l'arbre de vie céleste), il en découle que nos racines ne se situent plus dans un passé terrestre ( Ancien Paradis terrestre), mais dans l’espérance à venir, celle du retour du Seigneur venant des Cieux, d'ou la racine de l'arbre inversé.
J'attends vos références.
En outre ici l'arbre n'est pas la personne humaine.
Dans votre commentaire sur ce,poème vous écrivez "on peut se demander où Thérèse a trouvé ce thème (l'arbre inversé) qui appartient essentiellement (...) à la littérature occultiste"
"Occultisme" n'est pas le mot approprié, il n'y a rien "d'occulte" dans la symbolique de l'arbre inversé, c'est de l'ordre de l'élémentaire vérité tant il est vrai que l'homme est une plante céleste dont les racines viennent du ciel et dont les branches plongent vers la terre, remplissent l'espace, donnent fruit
Il s'agit ici d'un symbole universel, il explique la situation intrinsèque de l'homme issu de l'esprit devenu matière, couleur, chair, respiration
L'intuition de sainte Thérèse est remarquablement juste, à méditer longuement
Merci pour ce moment fort passé avec elle
Oh la belle falsification par la simple coupure de "en son temps"...
C'est un fait qu'à la fin du XIXe siècle et au début du XXe l'arbre inversé est un thème des publications occultistes, et seulement de ces publications.
Il est sur cette terre
Un Arbre merveilleux
Sa racine, ô mystère !
Se trouve dans les Cieux...
Je comprend cette strophe, comme étant la racine de notre foi et de notre espérance qui est en Jésus assis à la droite du Père dans les Cieux.
Ce qui pourrais, selon votre questionnement représenter un arbre inversé.
Pour être honnête avec vous mes références sont le fruit de mes contemplations et de mes méditations.
Non dans ma pensée l'arbre merveilleux n'est pas une personne humaine, mais le Christ
"De cet Arbre ineffable
L'Amour voilà le nom,
Et son fruit délectable
S'appelle l'Abandon."
J'ai tendance à penser que sainte Thérèse de Lisieux, qui ne nous cache rien ici du sens qu'il faut donner à son poème, n'avait besoin de personne (sauf du Saint-Esprit, naturellement) pour concevoir et filer sa métaphore, dont l'une des qualités est la simplicité.
Heureusement qu'on n'a pas canonisé l'auteur des Illuminations...
De quel auteur parlez-vous?
"Aussitôt après que l'idée du Déluge se fut rassise,
Un lièvre s'arrêta dans les sainfoins et les clochettes mouvantes, et dit sa prière à l'arc-en-ciel, à travers la toile de l'araignée.
Oh ! les pierres précieuses qui se cachaient, — les fleurs qui regardaient déjà."
Toujours pas compris
L'homme aux semelles de vent.
Sainte Thérèse, merveilleux coeur d'enfant!
Mais oui, vous avez raison. C'est exactement ça. Elle en savait long, mais elle a beau être docteur de l'Eglise, elle a su garder une âme d'enfant. Tandis que les incultes qui gouvernent aujourd'hui l'Eglise ont beau ignorer tout de ses mystères, ils ont une âme corrompue.
Il y en a un autre, moine carme lui aussi, Frère Laurent de la Résurrection, connaissez-vous ses écrits?
http://www.lettrecarmesmidi.org/LettreCarmes/pdf/LettrecentenaireLaurentdelaResurrection.pdf