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Un Cœur immaculé monastique

En 1855, la Congrégation des rites approuvait les offices propres de la « Congrégation de France » des bénédictins, à savoir de Solesmes, proposés par dom Guéranger après l’acceptation du calendrier en 1851. A priori on peut être étonné de voir un moine bénédictin inscrire dans son calendrier, au 9 juillet, une fête du Cœur immaculé de Marie (presque un siècle avant Rome, et la fête instituée par Pie XII ne fut pas reçue dans le calendrier monastique...). Mais si l’on considère les dates, et si l’on se souvient du rôle joué par dom Guéranger dans la bataille pour le dogme de l’Immaculée Conception (promulgué en 1854), on comprend mieux…

Comme évangile, dom Guéranger avait choisi… la visite des bergers à la crèche. Avec comme commentaire cet extrait de l’homélie de saint Bernard pour le dimanche dans l’octave de l’Assomption :

Ne voyons-nous point que, dès le principe, Marie est la première personne que rencontrent les bergers? L'Évangéliste nous dit en effet : « ils trouvèrent Marie et Joseph avec l'enfant qui était posé dans une crèche. » Il en est de même des Mages, si vous vous en souvenez, qui ne trouvèrent point non plus l'enfant Jésus sans Marie, et plus tard, quand elle porta le Seigneur dans son temple, elle entendit Siméon lui parler longuement de son fils et d'elle-même sans cesser de se montrer aussi peu pressée de parler qu'elle était avide d'écouter. Et même « Marie conservait toutes ces paroles et les repassait dans son cœur. » Mais, dans toutes ces circonstances, on ne trouve pas qu'elle ait dit un seul mot du grand mystère de l'Incarnation. Oh malheur à nous qui avons toujours la parole à la bouche, malheur à nous qui laissons un si libre cours à toutes nos pensées, « qui sommes percés partout », comme dit le comique. Que de fois Marie entendit son fils non seulement parler à la foule en particulier, mais encore révéler à ses apôtres, lors des entretiens particuliers, les mystères du royaume de Dieu. Que de fois le vit-elle opérer des miracles, puis elle le vit attaché à la croix, expirant, ressuscité et montant au ciel. Or, dans toutes ces circonstances, c'est à peine si on rapporte que notre pudique tourterelle éleva la voix. Enfin, nous lisons dans les Actes des apôtres qu'en revenant du mont des Oliviers, ils persévéraient unanimement dans la prière. De qui est-il parlé ainsi ? Si Marie se trouvait du nombre, qu'elle soit nommée la première, puisqu'elle est plus grande que tous les autres, tant par la prérogative de sa maternité qu'à cause du privilège de sa sainteté. Or, l'historien sacré dit : « C'étaient Pierre et André, Jacques et Jean, » et les autres. « Tous, ils persévéraient unanimement dans la prière avec les femmes et avec Marie, mère de Jésus. » Est-ce donc ainsi qu'elle se montrait la dernière des femmes pour être nommée après toutes ?

On peut bien dire que les disciples étaient vraiment charnels, alors que, n'ayant pas reçu le Saint-Esprit, parce que Jésus n'était pas encore glorifié, ils eurent une discussion pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Marie, au contraire, s'humiliait non seulement en toutes choses, mais encore plus que tous les autres, d'autant plus profondément qu'elle était plus grande.

Aussi, est-ce avec raison que celle qui s'était faite la dernière de tous quand elle était la première, fût élevée du dernier rang au premier ; c'est avec raison qu'elle devient la maîtresse de tous, comme elle s'était faite la servante de tous ; c'est justice enfin qu'elle fut élevée au dessus des anges mêmes, après s'être placée avec une ineffable douceur au dessous des veuves et des pécheresses pénitentes, au dessous même de celle d'où sept démons avaient été chassés.

Je vous en prie, mes enfants bien-aimés, cherchez à acquérir cette vertu si vous aimez Marie; oui, si vous avez à cœur de lui plaire, imitez sa modestie. Il n'y a rien qui soit plus convenable à l'homme en général, rien qui siée davantage au chrétien en particulier ; mais surtout il n'est pas de vertu qui convienne mieux que celle-là à des moines.

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