La Cour constitutionnelle de Corée du Sud décide que l’interdiction de l’avortement est anticonstitutionnelle, et ordonne que la loi soit modifiée avant la fin de l’année.
Concrètement, cela ne change rien, puisque l’avortement se pratique couramment dans les hôpitaux coréens et qu’une femme sur 5 dit ouvertement avoir avorté au moins une fois.
Mais l’argumentation de la Cour constitutionnelle est atroce. Outre la révérence obligée à l’idéologie féministe (« l’interdiction de l’avortement limite le droit des femmes à accomplir leur propre destin et viole leur droit à la santé »), on lit :
« Les embryons dépendent complètement pour leur survie et leur développement du corps de la mère, ce qui fait qu’on ne peut conclure qu’ils sont des êtres vivants séparés et indépendants ayant un droit à la vie. »
La Cour constitutionnelle de Corée du Sud est donc aussi l’autorité scientifique suprême et le tribunal qui décide qui a droit à la vie.
Mais quand c’est au service de la culture de mort ce totalitarisme est exemplairement démocratique.
N.B. En janvier dernier, la croissance démographique de la Corée du Sud est tombée à 0,1%.
Commentaires
"l’interdiction de l’avortement limite le droit des femmes à accomplir leur propre destin et viole leur droit à la santé"
Comme si la grossesse était une maladie...
Malgré un président catholique. Et dans la Corée du Nord la même politique ?
En France :
«L’œuvre d’Annie Ernaux enfin reconnue dans les pays anglophones
Annie Ernaux a publié son premier roman, Les armoires vides, en 1974. Elle y fait le récit fictionnalisé de son avortement illégal en 1964, à l’époque où, encore étudiante, elle s’éloignait progressivement de son milieu d’origine – une famille populaire de Normandie, avec des parents d’abord ouvriers, puis commerçants. Et même 25 ans après la publication du Deuxième sexe de Beauvoir, la société française était encore pétrie de jugements moraux et d’hypocrisie au sujet des droits des femmes en matière de reproduction. Avec Les armoires vides, Ernaux offrait un miroir aux nombreuses femmes issues d’un milieu populaire qui avaient dû recourir à des avortements clandestins, encourant un danger de mort ».
https://theconversation.com/loeuvre-dannie-ernaux-enfin-reconnue-dans-les-pays-anglophones-115166
S’agissant du « droits des femmes en matière de reproduction« , les « jugements moraux » sont scandaleux. Bien entendu, le militantisme d’Annie Ernaux est radicalement informé par de puissantes convictions qui ne sont pas autres que morales. Mais la technique d’intimidation est connue. Moi, j’ai le doit d’invoquer la morale contre vous, mais l’inverse est interdit.
Selon l’habitude, le premier des droits « reproductifs » consiste en un acte intrinsèquement anti-reproductif. Plus c’est gros, plus ça passe.
Au passage on note que l’article commence par le paragraphe que je cite, et non pas par des considérations artistiques. Ce n’est quensuite qu’on mentionne « l’écriture plate » de cette romancière.
Donc l avortement est autorisé jusqu à la coupure du cordon ombilical ?
L’actuel président coréen, Moon, est catholique. Il a nommé 5 des 9 juges de la Cour suprême (qui s’est divisée 7 contre 9 pour revenir sur la loi de 1953). Mais Moon est un « liberal ».
https://www.theguardian.com/world/2019/apr/11/south-korean-court-rules-abortion-ban-must-be-lifted
On le constate à nouveau, le fait que quelqu’un se déclare catholique ne permet que faiblement la prédiction de ses positions sur telle ou telle question morale. Dans cette perspective en tout cas, pour le bien commun de la société, on préférerait de loin avoir des dirigeants athées ou agnostiques ou déistes ou panthéistes qui resteraient attachés à une vision raisonnable.