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En Chine

La démarche n’est pas banale, et elle est même étonnante. Huit fidèles du diocèse de Datong, dans le Shanxi, publient une lettre ouverte, avec leurs signatures, qui ressemble surtout à un appel à l’aide, à un appel quelque peu désespéré en voyant qu’ils sont des « boucs émissaires », ou plutôt les dindons de la farce qui se joue entre le Vatican et le gouvernement communiste chinois. Voici une traduction de cette lettre, d’après les versions anglaise et italienne données par Asianews. [La préfecture apostolique de Datong a été créée en 1922, érigée en vicariat apostolique en 1932, puis en diocèse en 1946. Mais c’est un administrateur apostolique qui le dirigeait, le P. Van Buggenhout, de Malines, jusqu’à sa mort en 1981. En 1990 l’Eglise officielle a nommé et sacré un évêque non reconnu par Rome, qui est mort semble-t-il en 2005. Bref c’est en fait un diocèse qui n’a jamais eu d’évêque. Selon le « Guide to the catholic Church in China » de 2014 il y aurait 14 prêtres catholiques en activité.]

Lettre ouverte – Déclaration conjointe

Nous pensons que tout le monde est au courant de ce qui se passe autour de nous. Ces faits sont en étroite relation avec notre communauté de croyants. C’est pourquoi nous ne pouvons rester assis en silence sans nous en préoccuper, et encore moins rester les bras croisés. Ce qui nous préoccupe est la liberté de religion pour notre foi, car c’est un droit fondamental qui ne peut être violé, interdit ou éliminé. Il y a clairement de nombreuses déclarations et propositions du gouvernement avec lesquelles nous ne sommes pas forcément d’accord, et même nous nous opposons à certaines d’entre elles. Mais il n'est pas possible que notre liberté et notre droit nous soient enlevés parce que nous avons une foi différente. En tant que communauté de croyants, nous sommes encore plus préoccupés par la liberté d'expression, car nous ne pouvons pas la séparer de la liberté de religion: il ne peut y avoir une sans l'autre.

Nous parlons maintenant sous votre contrôle. La croix de notre église et l'église elle-même ont été démolies. La liberté de rassemblement des fidèles est limitée. L’Église est forcée d’accepter la direction du gouvernement chinois. Toutes ces choses nous inquiètent et nous rendent mécontents.

En tant que croyants, nous savons que l'avenir décide du présent. Avec cette lettre ouverte, nous espérons que vous pourrez respecter le droit de l’Église, respecter chaque personne: c’est le minimum auquel on ne peut renoncer.

Shanxi, diocèse de Datong

[Suivent huit signatures]

Nous sommes face à un dilemme douloureux.

1. Depuis la mise en application du nouveau règlement sur les activités religieuses, le gouvernement continue de prendre des mesures restrictives en interdisant, entre autres, l'achat de bibles sur internet. Nous demandons : où pouvons-nous acheter les livres religieux dont nous avons besoin ? Par quels canaux pouvons-nous le faire?

2. Le gouvernement a déjà renforcé son contrôle sur notre diocèse, avec l'interdiction stricte de tenir des réunions de grande dimension, l’obligation de célébrer l'Eucharistie à des heures données. Ces interdits nous attristent. Que devons nous faire ?

3. Le gouvernement chinois est en train de renforcer ses relations avec le Vatican : le Vatican va-t-il faire des compromis, nous transformer en boucs émissaires pour établir des relations diplomatiques ?

4. Face à une nouvelle étape dans l’oppression de la part du gouvernement, devons-nous rester silencieux, comme de doux agneaux, ou devons-nous exprimer notre opposition?

5. Nous sommes maintenant sans croix, sans eucharistie dans des endroits spécifiques : tout cela conduit les fidèles à perdre confiance et beaucoup sont déjà partis. À l'avenir, il sera difficile pour l'Église de progresser.

Commentaires

  • Une lettre ouverte écrite par huit personnes ne saurait avoir de plus grand poids que celui de son destinataire. S'il fait défaut, "ça m'interroge au niveau du vécu", comme disait l'autre. Peut-être ces catholiques chinois sont-ils tellement dégoutés de pope Frenzy et de ses séides qu'ils préfèrent jeter une bouteille à la mer...

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