A l'élévation de l'hostie, comme elle offrait à Dieu son cœur si près maintenant de mourir au monde, elle demanda au Seigneur, par sa très sainte Humanité, de rendre son âme pure et libre de tout péché, et par sa très haute Divinité de l'orner de toutes les vertus; enfin elle le pria, par l'amour qui avait uni la Divinité suprême à la très sainte Humanité, de daigner la disposer à recevoir ses faveurs. Aussitôt le Seigneur parut ouvrir de ses deux mains son divin Cœur, l'appliquer et l'unir avec un amour inexprimable au cœur de celle-ci, ouvert de la même manière devant lui; la flamme de l'amour divin, s'échappant de la fournaise ardente du Cœur sacré, embrasa tellement cette âme bienheureuse qu'elle sembla se liquéfier et s'écouler dans le Cœur de Dieu. Alors, du milieu de ces deux cœurs, si heureusement appliqués l'un à l'autre, sortit comme un arbre d'une merveilleuse beauté : son tronc était formé de deux tiges, l'une d'or, l'autre d'argent, qui s'enroulaient admirablement comme les ceps d'une vigne, et s'élançaient à une grande hauteur. Ses feuilles brillaient et semblaient illuminées par les rayons du soleil : leur splendeur glorifiait l'éclatante et toujours tranquille Trinité, et procurait à tous les habitants du ciel un bonheur ineffable. Le Seigneur disait : « Cet arbre a germé par l'union de ta volonté à la mienne. » La tige d'or figurait la Divinité, et la tige d'argent l'âme unie au Seigneur.
Comme elle priait pour les personnes qui lui étaient recommandées, cet arbre parut produire des fruits auxquels les flammes de l'amour divin donnaient une couleur vermeille. Ces fruits s'inclinaient comme d'eux-mêmes, vers chacun de ceux pour qui elle priait, de sorte qu'ils pouvaient les cueillir par le désir et la dévotion, et en retirer un grand profit pour leur salut éternel.
Le Héraut de l’Amour divin, V, 27.