La messe, qui est très ancienne (*), a un texte propre : elle est en particulier une glorification de la mère énergique qui encourage ses fils au martyre.
Déjà, à l’Introït, nous voyons l’heureuse mère au ciel, entourée de ses sept fils. Sans doute elle fut réduite à être sur terre « une mère sans enfants », mais maintenant « elle est dans la joie à cause de ses fils » (ce psaume 112, à l’introït, produit un bel effet et se trouve parfaitement à sa place).
La leçon est l’éloge bien connu de la « femme forte ». « Ses fils grandissent, c’est pourquoi on la proclame bienheureuse !... Beaucoup de filles ont rassemblé de grandes richesses, mais tu les as toutes surpassées. La grâce féminine est trompeuse, la beauté est éphémère, mais la femme qui craint Dieu mérite d’être louée ».
Au Graduel, nous entendons les sept frères louer Dieu dans le ciel, tels des oiseaux délivrés du filet de l’oiseleur ; leur martyre est une délivrance du filet de la vie terrestre (nous pensons presque nécessairement aux Saints Innocents). L’alléluia est une hymne métrique sur le thème du véritable amour fraternel qui a persévéré jusque dans la mort subie en commun.
Particulièrement belle est l’application de l’Évangile à notre fête. C’est l’épisode suivant de la vie du Christ : on avertit le Seigneur que sa mère et ses frères sont là à la porte et le demandent. Mais lui embrasse du regard ses disciples et répond : « Ma mère et mes frères, les voici ! Quiconque fait la volonté de mon Père, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère ». La liturgie veut donc nous faire entendre que la mère des martyrs, ses sept fils et les deux sœurs sont devenus, en mourant pour le Christ (c’est-à-dire pour la volonté du Père), la mère, les frères et les sœurs du Christ ; et nous, qui au Saint Sacrifice nous unissons à ces saints, nous partageons cet honneur : nous aussi nous devenons la mère, les frères, les sœurs du Christ !
Et quand nous participons à la sainte communion, nous entendons encore les mêmes paroles de la bouche du Christ : oui, c’est précisément par l’Eucharistie que nous avons part à l’honneur d’être la mère, les frères et les sœurs du Christ. Nous devenons parents du Christ par le sang, puisque nous nous incorporons son sang. Une messe vraiment magnifique !
Dom Pius Parsch
* Cette messe était aux premiers siècles la troisième des quatre messes que célébrait le pape en ce jour, aux quatre lieux du martyre des sept frères (cardinal Schuster).