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Vigile de la Nativité de saint Jean Baptiste

Ne tímeas, Zacharía, exaudíta est orátio tua : et Elísabeth uxor tua páriet tibi fílium, et vocábis nomen ejus Joánnem : et erit magnus coram Dómino : et Spíritu Sancto replébitur adhuc ex útero matris suæ : et multi in nativitáte ejus gaudébunt.
Dómine, in virtúte tua lætábitur rex : et super salutáre tuum exsultábit veheménter.

Ne crains point, Zacharie : car ta prière a été exaucée et ta femme Élisabeth enfantera un fils, auquel tu donneras le nom de Jean : il sera grand devant le Seigneur : et il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère : et beaucoup se réjouiront de sa naissance.
Seigneur, le roi se réjouira dans votre force : et il tressaillira d’une vive allégresse, parce que vous l’aurez sauvé. (Psaume 20,1)

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Cet introït est très long, peut-être le plus long de l’année grégorienne. Et son texte est tiré de l’évangile. Voilà qui laisse penser a priori qu’il doit être récent. Or on le trouve dans les plus anciens livres, depuis l’antiphonaire de saint Grégoire, et dans les plus anciens livres notés, depuis le plus ancien qui est le Graduel des séquences de Notker (image). Il est donc depuis toujours l’introït de la Vigile de la Nativité de saint Jean Baptiste (sauf là où il était l’introït de la fête elle-même).

Ce qui va de pair avec cette ancienneté est que le texte (Luc 1, 13-15) n’est pas exactement celui de la Vulgate. On remarque aussi qu’il passe du verset 13 au verset 15 pour s’achever par la fin du verset 14 : on dit tout du personnage avant de souligner la joie que provoquera sa naissance.

La mélodie, dans l’ensemble peu ornée, comme une mélodie d’antienne de l’office, a elle-même un parfum d’antiquité, par sa gravité et, pourrait-on dire, son absence de sentiment. Avec pour seule exception la montée de la joie, in fine, sur ejus, qui s’épanouit sur gaudium.

La voici par la Schola gregoriana Sriptoria de dom Nicola Bellizano. La gravité du propos n’imposait pas de prendre un ton aussi grave, d’autant que la clef montre que la mélodie se situe dans l’aigu. (J’ai trouvé aussi sur internet une interprétation aiguë, féminine, mais qui tort –torture - tellement le grégorien que c’est, pour moi, inaudible.)

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(Une question à Alexandre, s'il passe par là, ou quiconque peut répondre: pourquoi n'y a-t-il pas cette vigile dans le Liber usualis ?)

Commentaires

  • Ce n'est pas une réponse, mais dans mon "missel vespéral grégorien" des éd ste Madeleine, il n'y a pas les autres vigiles (SS Pierre et Paul, Assomptioon), seulement celles du Temporal.

  • Très honoré que vous en appeliez à ma 'science' ;)
    Voici donc ce que j'ai pu comprendre des choix du 'Liber usualis'.

    Dans sa version française, le 'Paroissien Romain contenant la Messe et l'Office pour les dimanches et les fêtes' édité par Desclée, il n'y a que les féries classées par le système de 1960 sous le rang de 1° classe : Cendres, Triduum sacré, vigiles de Noël et de la Pentecôte, mais seulement le lundi et le mardi des octaves de Pâques et Pentecôte, sans doute parce qu'Urbain VIII les avait placés parmi les jours chômés (bulle 'Universa per orbem' du 13 sept. 1642).

    Dans les dernières éditions, il y a d'autres féries. D'abord les jours manquants des octaves de Pâques et Pentecôte, qui sont de 1° classe, puis les jours traditionnels d'ordination : samedis des Quatre-Temps de l'Avent, du Carême, de 'Sitientes' (veille du 1° dimanche de la Passion) et des Quatre-Temps de Septembre.

    Quant à l'office, à part pour les grandes fêtes, il n'y a que l'office diurne, i. e. de Prime à Complies. En effet, avant 1960, au chœur, on ne pouvait dissocier Matines de Laudes...

  • Si la bulle ‘Universa per orbem’ vous intéresse, vous en trouverez le texte – latin ! – à la page suivante (p. 206-208) :
    http://www.icar.beniculturali.it/biblio/pdf/bolTau/tomo_15/01c_T15_151_213.pdf

    Cette bulle déterminait les jours de fêtes de précepte qui ont été observés en France jusqu’à la Révolution.

    Le 6 décembre 1708, Clément XI, a ajouté la fête de la ‘Conception de le bienheureuse Vierge Marie immaculée’ (bulle ‘Commissi nobis’) (page 338) : http://www.icar.beniculturali.it/biblio/pdf/bolTau/tomo_21/02_T21_189_368.pdf

  • Merci beaucoup.

  • Une question : A partir de quelle heure célèbre-t-on une messe de vigile, SVP ?
    J'aurais bien vu ça après none. Je la vois célébrée un peu partout le matin donc je me trompe peut-être.

  • Comme vous le savez, "vigile", c'est "veille": la vigile était une veillée qui durait toute la nuit et se terminait par la messe. On a peu à peu avancé l'heure de la messe (on jeûnait depuis le soir précédent), de même qu'on avançait sans cesse l'heure de rupture du jeûne. On a fini par célébrer le vêpres avant midi, donc none c'était le matin... Et comme plus personne ne jeûne il était devenu inutile de maintenir cette fiction.

  • J'ajoute à la réponse du maître de céans que le 'Missale Romanum' indiquait encore, avant l'édition typique de 1962, que les jours de jeûne, dont les vigiles, la messe conventuelle devait être célébrée après None (Rubricæ generales Missalis, XV, 2). Dans le premier millénaire, en gros, on enchaînait avec les vêpres et la rupture du jeûne.

    En 1566, saint Pie V interdisit la célébration de la messe après midi là où elle subsistait encore. Pour respecter la rubrique du Missale, on chantait donc None le matin, avant la messe conventuelle.

    C'est Pie XII qui revint sur ces dispositions, motivées notamment par le jeûne eucharistique. D'abord en 1951, avec la célébration nocturne expérimentale de la Vigile pascale, puis à partir de 1953, avec l'assouplissement du jeûne eucharistique et l'introduction de la messe du soir, soumise alors à l'autorisation de l'Ordinaire. (Ce n'est que vers 1967 que fut introduite la messe vespérale anticipée au samedi.)

  • A quelle heure la Vigile dans le calendrier réformé? Seulement le soir? Et la messe vespérale du dimanche anticipé comme aujourd'hui devrait suivre. Donc (théoriquement) deux messes dans la soirée.

  • @scriba
    Pourquoi cette question?
    La vigile, le 23 juin, est supprimée, de même que l'octave dans la réforme de 1969. Seule reste la messe du jour, anticipée au samedi quand la solennité de St Jean Baptiste tombe un dimanche. Une seule messe.
    Au Moyen-Age, il y avait 3 messes, dont une de nuit supprimée au concile de Trente (à Rome au baptistère de St Jean de Latran)

  • Les toutes dernières notes du verste et du répons sont un chouillas différents de la partition. Ils ne chantent pas le Gloria patri. Personnellement, je préfère le rythme plus rapide de Solesmes ou de Triors.

  • A Solesmes non plus on ne chante pas le Gloria, depuis la "réforme" liturgique...

  • Merci Yves.
    Il me semblait que dans les monastères bénédictins la messe de vigile était célébrée dans l'après-midi plutôt que le matin.
    Mais ma mémoire me fait peut-être défaut.

  • A partir du moment où l'on ne jeûnait plus on pouvait en effet rétablir les heures normales et donc célébrer la messe après l'heure normale de none.

  • Je n'en connais qu'un, Le Barroux, et du temps où j'y étais, à part la messe vespérale du jeudi saint et les deux messes de minuit (Noël et Pâques), la seule messe qui était célébrée après midi était celle de la vigile de la Pentecôte.

  • Alexandre, effectivement, je pensais à la Vigile de la Pentecôte au Barroux à laquelle je fus présent mais j'ignorais que c'était un cas unique.

  • @Dauphin: Vous écrivez: "La vigile est supprimée". Vous en êtes très sûr? La vigile ("ad missam in vigilia) se trouve dans le Graduale Romanum (1974)

  • En effet, la vigile de la Nativité de saint Jean-Baptiste a été supprimée en 1969, comme les autres du calendrier de 1960.

    A été conservée la messe, que l'on peut,d'après l'édition officielle du Calendrier réformé, en 1969, dire le soir "more festivo", c'est-à-dire comme messe anticipée de la solennité.

    Ainsi, lorsque le 28 juin tombe en semaine (lundi à vendredi), le soir, on peut dire soit la messe de saint Irénée, soit la messe anticipée des Ss. Pierre et Paul.

    Quoi qu'il en soit, plus rien des vigiles au calendrier ni à l'office.

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