Ce matin Vatican News publiait un bref article titré : « Communion du conjoint protestant: le Vatican invite l'épiscopat allemand à la prudence ». Il y était question, en termes vaporeux, d’une lettre envoyée par la Congrégation pour la doctrine de la foi aux évêques allemands sur la question de la communion des conjoints protestants.
Cet article flou fait suite à celui de Sandro Magister qui, hier, a publié intégralement la lettre en question (datée du 25 mai), titrant quant à lui : « François bloque le document des évêques allemands en faveur de l’intercommunion ».
Ce titre est littéralement exact, mais il ne dit pas tout.
En effet, la lettre (explicitement cautionnée par le pape) interdit aux évêques allemands de publier leur texte sur la communion des conjoints protestants.
Mais, dans la grande « tradition » de Vatican II, elle permet à chaque évêque de faire ce que permettait le document de la conférence des évêques…
Il s’agit du fameux canon 844 §4 dont voici la traduction française :
En cas de danger de mort ou si, au jugement de l'Évêque diocésain ou de la conférence des Évêques, une autre grave nécessité se fait pressante, les ministres catholiques peuvent administrer licitement ces mêmes sacrements aussi aux autres chrétiens qui n'ont pas la pleine communion avec l'Église catholique, lorsqu'ils ne peuvent pas avoir recours à un ministre de leur communauté et qu'ils le demandent de leur plein gré, pourvu qu'ils manifestent la foi catholique sur ces sacrements et qu'ils soient dûment disposés.
Et voici ce que dit la lettre :
Étant donné que dans certains secteurs de l’Église, il y a des questions ouvertes sur ce sujet, les dicastères compétents du Saint-Siège ont déjà été chargés de fournir une clarification convenable sur ces questions au niveau de l’Église universelle. Il semble en particulier opportun de laisser l’évêque diocésain juger de l’existence d’une « grave nécessité ».
Bref, dans le document de la conférence épiscopale, la « grave nécessité » ne paraît pas si « pressante », mais après tout c’est à chaque évêque d’en juger.
La dérive est toujours la même. Ici dans le texte même du code on passe du « danger de mort » à d’« autres graves nécessités », et finalement on laisse entendre que la simple envie de communier peut être une nécessité, au jugement de l’évêque.
Cela fait penser à l’avortement en Irlande. Le référendum précédent, c’était pour savoir si l’on devait légaliser l’avortement pour les femmes qui menacent de se suicider. La réponse, on vient de l’avoir avec le référendum suivant : c’est l’avortement pour toutes.
On rappellera d’ailleurs que ce fut la réaction du cardinal Marx au lendemain de la réunion à Rome. Le pape ayant demandé aux évêques allemands de trouver un consensus, et comme le consensus est impossible, le président de la conférence épiscopale avait dit que ce serait à chaque évêque de décider.
C’est la doctrine à la carte, comme on le voit déjà avec la communion aux adultères civilement remariés. On se souvient de la réponse d’un certain Mgr Bergoglio à une femme qui se plaignait que son curé ne voulait pas lui donner la communion ; « Vous n’avez qu’à aller à la messe dans une autre paroisse. »
En fait on sait que la communion est distribuée, depuis longtemps, tant aux « divorcés remariés » qu’aux conjoints protestants, dans de larges secteurs de l’Eglise. Par des prêtres qui ne savent manifestement plus de quoi il s’agit. Sous l’autorité d’évêques qui ne le savent plus non plus. Dans une infinie débauche de sacrilèges, à supposer du moins que les consécrations soient valides, et on en vient à espérer qu’elles ne le soient pas.