Lu sur Gènéthique :
Dans la région de Laval au Québec, 77% des médecins qui ont reçu une demande d’aide à mourir « ont invoqué l’objection de conscience ». Des sondages « menés durant les débats sur l’aide à mourir » ont montré que si, en théorie, les médecins n’étaient pas opposés au principe de l’aide à mourir, « peu d’entre eux se disaient à l’aise de faire eux-mêmes ce geste terminal ».
Aussi, des voix se font aujourd’hui entendre pour que d’autres professionnels de la santé puissent prendre le relais : signe, s’il en est, qu’au Québec, l’aide à mourir est en passe d’être considérée, à l’instar de ce qui se passe en Belgique, comme un dû.
Ces demandes se heurtent cependant aux réticences du Collège des médecins. L’ordre souhaite garder la main sur l’évaluation des patients susceptible de recevoir « un acte médical complexe » et veut laisser le temps aux médecins de l’intégrer dans leur pratique. Mais faut-il du temps pour faire accepter un geste qui n’a rien de médical puisqu’il conduit à la mort celui sur qui il est réalisé ? Faut-il convaincre des praticiens qui déjà ne savent plus où se trouvent les frontières entre leur devoir de soigner et le respect d’une volonté supposée du patient ?
Du côté des infirmières, si les dispositions de la loi canadiennes leur permettent en théorie de prendre en charge les demandes de suicide assisté, l’Ordre « a déjà fait valoir en commission parlementaire qu’il souhaitait que ce geste demeure l’apanage des médecins ».
Ces questions ne sont pas étrangères à celles de débats antérieurs qui, au nom de l’accès de la population à des « services de santé publique » comme l’avortement, on conduit à autoriser d’autres professionnels que les médecins à les pratiquer. Comment qualifier cette volonté de semer la mort ? Le même schéma semble se mettre en place sur les questions de l’euthanasie. Il ne laisse rien présager de bon.