Si ambulávero in médio tribulatiónis, vivificábis me, Dómine : et super iram inimicórum meórum exténdes manum tuam, et salvum me fáciet déxtera tua.
Quand j’aurai marché au milieu des tribulations, vous me vivifierez, Seigneur ; vous étendrez votre main contre la fureur de mes ennemis et votre droite me sauvera.
Si l’on ne regarde que le texte, l’offertoire de ce dimanche commence mal… Malgré le « si », il est clair que je vais au-devant de tribulations. Mais la mélodie nous dit d’emblée qu’il ne faut pas s’en faire. Elle marche d’un pas décidé et saute du sol au do où elle s’accroche avant de redescendre et de rebondir… Le mot « tribulationis » est certes habillé de dépression et de plainte sur le si bécarre, mais cela est tout de suite oublié par la marche de la mélodie qui reprend comme si rien n’était, exactement comme au début, mais en se posant plus longtemps sur ce do qui est l’ultra-dominante. Et face à la colère de mes ennemis, qui monte jusqu’au ré, le Seigneur étend sa main, et il a le bras long, l’index pointé sur l’ennemi en fuite, longuement, toujours sur la dominante, avant que la mélodie redescende sur la tonique de façon majestueuse : la victoire de Dieu est ma victoire.
Avant le XIIIe siècle, cet offertoire avait, comme la plupart, deux versets, pris dans le même psaume (137) :
In quacumque die invocavero te, exaudi me, Domine: multiplicabis in anima mea virtutem tuam.
En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi, Seigneur, vous augmenterez votre puissance en mon âme.
Adorabo ad templum sanctum tuum et confitebor nomini tuo, Domine, super misericordia tua et veritate tua.
J’adorerai dans votre saint Temple, et j’acclamerai votre nom, Seigneur pour votre miséricorde, et votre vérité.
On voit ces versets par exemple dans le graduel de Notker qui date de l’an mil environ, ou celui de Saint-Gall du XIe siècle. On le voit encore dans un graduel prémontré du XIIe siècle.
Et le voici chanté par Marek Klein :