La lecture biblique de ce jour est le début du deuxième livre des Rois (que les juifs, servilement suivis par les modernes, appellent deuxième livre de Samuel). Il s’agit de la mort à la guerre du roi Saül et de ses fils, dont Jonathan, le grand ami de David. Cet épisode est marqué par la poignante lamentation de David sur la mort de Saül et de Jonathan, premier exemple du génie du futur roi psalmiste en matière de poésie (et de musique, mais il ne nous en reste rien).
Un extrait de cette lamentation faisait jusqu’en 1960 dans le bréviaire romain (et toujours dans le bréviaire monastique) la matière du cinquième répons des matines, que l’on retrouvait tous les dimanches de juillet (et le vendredi).
℟. Montes Gélboë, nec ros nec plúvia véniant super vos, * Ubi cecidérunt fortes Israël. ℣. Omnes montes, qui estis in circúitu eius, vísitet Dóminus ; a Gélboë autem tránseat. * Ubi cecidérunt fortes Israël.
Monts de Gelboé, que ni pluie ni rosée ne viennent sur vous, où les forts d’Israël sont tombés. Que le Seigneur visite toutes les montagnes qui sont alentour, mais qu’il passe loin de Gelboé, où les forts d’Israël sont tombés.
Au Magnificat du samedi avant le 5e dimanche, l’antienne très développée est également basée sur le chant de David. Le texte est beaucoup plus proche de celui de la Vulgate que des traductions du grec, et il est redécoupé : ce sont les versets 21, 25, 23. On constate qu’il n’est pas identique dans le bréviaire et dans l’antiphonaire…
Montes Gelboë, nec ros nec plúvia véniant super vos : quia in te abjéctus est clýpeus fórtium, clýpeus Saul, quasi non esset unctus óleo. Quómodo cecidérunt fortes in bello ? Jónathas in excélsis interféctus est : Saul et Iónathas, amábiles et decóri valde in vita sua, in morte quoque non sunt divísi.
Monts de Gelboé, que ni pluie, ni rosée ne viennent sur vous : parce que là a été jeté un bouclier de forts, le bouclier de Saul, comme s’il n’avait pas été oint avec l’huile. Comment des forts sont-ils tombés dans la bataille ? Jonathan a été tué sur tes hauteurs. Saül et Jonathan, aimables et beaux dans leur vie, même dans la mort n’ont pas été séparés.
Par les moines de Kergonan (dont le chant n'est pas exactement celui du Liber usualis ci-dessus):
Commentaires
Les petites différences de texte ne viennent-elles pas de ce que Kergonan suit la liturgie latine revue après le Concile comme toute la Congrégation de Solesmes ?
L'explication est autre.
La partition reproduite ici provient de l'édition vaticane de l'Antiphonaire Romain, qui date de 1912.
La version chantée par les moines de Kergonan suit, quant à elle, la partition de l'Antiphonaire Monastique de 1934.
Les deux versions sont dues aux moines de Solesmes, mais ils ont perfectionné leurs restitutions entre 1912 et 1934.
A toutes fins utiles, on trouvera la partition de 1934 à la page suivante :
http://nsa37.casimages.com/img/2017/07/11/170711093607869599.jpg
Dante, Purgatoire XII, 40-42
O Saùl, come in su la propria spada
quivi parevi morto in Gelboè,
che poi non sentì pioggia né rugiada!
Traduction. Lamennais :
O Saül, comme sur ta propre épée tu paraissais mort en Gelboé, sur lequel depuis ne tomba ni rosée ni pluie !