Il fut un certain temps que le Père Jean de Saint-Facond n’était pas moins de deux heures à dire la messe, ce qui ne manqua pas d’être trouvé singulier. Le Père Martin de Spinoza, qui était devenu de son novice son supérieur, lui commanda d’être plus court, le Saint en peine de savoir quel parti il devait prendre alla trouver le supérieur en son particulier, se prosterna à ses pieds et le supplia de le laisser sur cela en liberté, le supérieur n’ayant pas voulu se rendre à sa prière, le Père de Saint-Facond alla dire la messe, à dessein d’être plus court, et il se trouva néanmoins aussi long qu’auparavant, de quoi le supérieur lui fit une correction très sévère, lui remontrant qu’obéissance vaut mieux que sacrifice : le Saint se trouvant pressé, représenta au supérieur qu’il avait de très fortes raisons pour lui demander la grâce de le dispenser de la rigueur de son commandement, le supérieur voulut à la fin savoir ses raisons si pressantes, le Père Jean de Saint-Facond se soumit encore à dire ses raisons ; mais pour obliger le supérieur à un secret plus inviolable, il lui demanda que la révélation s’en fît au tribunal de la confession, le supérieur le lui accorda : il lui déclara donc qu’il voyait pendant la messe Jésus-Christ en chair humaine, sa tête, ses bras, ses plaies, et tout son corps éclatant de gloire, il ajouta que Jésus-Christ lui donnait de grands éclaircissements sur le mystère de la Très Sainte Trinité, et plusieurs autres choses, dont le Père Martin de Spinoza son supérieur et confesseur fut tellement surpris qu’il lui déclara publiquement qu’il levait la défense qu’il lui avait faite d’être si long à la messe, qu’il pouvait à l’avenir suivre sa dévotion, et la célébrer comme Dieu lui inspirait. Après la mort du Saint, le Père de Spinoza découvrit le secret au Père Jean de Séville, qui l’a laissé par écrit. Le R.P. Paul Luchin, général de l’ordre, a vu l’original de cet écrit, faisant ses visites en Espagne en 1661. Et il est produit dans les actes de la canonisation. On garde dans les Archives du couvent de Salamanque cet original écrit de la main de ce saint religieux, qui a refusé par humilité trois évêchés.
(Abrégé de la vie et des miracles de saint Jean de St Facond)
Commentaires
Et ça ne vous gêne pas, vous, que ce qui a été révélé en confession soit mis par écrit et publié? pour l'édification des fidèles, bien sûr, l'exaltation de Dieu à travers son Serviteur, etc etc, toutes bonnes raisons que l'Eglise est toujours très forte pour inventer. Je pense que Dieu eût préféré que tout cela restât secret: quand on voit la sobriété des évangiles (par rapport, par ex, au déluge de détails des mystiques types A-C Emmerich), on se dit que Dieu sait édifier son Peuple sans avoir besoin de tout révéler sur tout. Je suis de plus en plus frappé de ce que nous savons peu de choses sur la vie de Notre-Seigneur. Nos historiens de l'Eglise devraient s'en souvenir de temps en temps.
(et comme je suis un peu tatillon, il manque un "de" à la 5e ligne "en peine de savoir")
à eric
Le secret de confession tient du vivant du pénitent. Lors des procès en béatification ou canonisation, les confesseurs peuvent donner tous les détails en vue de la cause.
La plupart des voyants et voyantes dans l'état religieux ont fait part de leurs messages ou apparitions en confession.
Et dans ce cas-ci, il ne s'agit pas de péché, mais de l'humilité de St Jean de St Facond qui ne tenait pas à être importuné si cela avait été rendu public de son vivant.
Du vivant seulement? avez-vous un texte?
a Eric
"nous savons peu de choses sur la vie de Notre-Seigneur."
Vous devriez lire les 10 tomes sur la vie de Jésus par Valtorta. 15.000 pages écrites à la main, d'une traite, sans ratures. J'ai personnellement trouvé les textes remarquables;
https://www.youtube.com/watch?v=bULmNaGBKR0
Mais peut-être vouliez-vous encore plus de détail sur Jésus !
On dirait qu'un démon s'est faufilé dans les commentaires : il déteste qu'on fasse l'éloge des saints et trouve de pieuses raisons pour imposer le silence.
Tu es démasqué.