Neil Gorsuch a été confirmé comme juge à la Cour suprême par le Sénat. Mais il a fallu pour cela que Donald Trump modifie les règles. Jusqu’ici il fallait que le prétendant recueille 60% des voix (celles de 60 sénateurs sur les 100 s’ils sont tous présents). Or il était patent que Neil Gorsuch ne pouvait pas obtenir 60 voix, à savoir 8 voix de démocrates en plus des 52 voix des républicains. Lundi, la commission de la Justice avait approuvé la nomination, mais grâce aux 11 voix républicaines, contre les 9 démocrates, et c’est paraît-il une première qu’il y ait une telle opposition. Ensuite on a même vu un sénateur prononcer un discours de 15h30 (debout, sans pause) pour protester contre cette nomination. Hier, les républicains ont donc voté hier une modification du mode de scrutin pour que suffise la majorité simple : 51 sénateurs. Et aujourd’hui Neil Gorsuch a été confirmé par… 54 sénateurs contre 45 : trois démocrates (qui veulent se faire réélire l’an prochain dans des Etats majoritairement républicains) ont voté pour lui.
Cet épisode répond de façon éloquente aux milieux pro-vie qui se désolaient ou s’irritaient de l’audition de Neil Gorsuch devant le Sénat : celui qu’on avait présenté comme un juge pro-vie n’avait pas fait la moindre allusion qui permette de la classer ainsi, et s’était au contraire strictement attaché au respect de la légalité actuelle. On comprend pourquoi. Bien qu’il ait pris soin d’être parfaitement politiquement correct, il a fallu changer les règles pour que sa nomination soit confirmée. Tout « dérapage » aurait été fatal. Or ce qui compte est qu’il soit maintenant et définitivement juge à la Cour suprême, et si l’on se pose encore des questions, il suffit de voir comment les démocrates ont voulu à toute force l’en empêcher.
Cet épisode n’est pas sans lien avec la frappe américaine en Syrie. Le même jour, Donald Trump a nommé secrétaire à la Défense un vétéran pro-vie. Et l’on s’en félicite. Mais il se trouve que les pro-vie sont aussi, généralement, et surtout quand ils sont d’anciens officiers, des pro-guerre. La grande majorité des républicains est pour que l’Amérique continue d’être le gendarme du monde et frappe les méchants partout (surtout les Arabes). En outre Donald Trump est victime en permanence de la propagande médiatique qui en fait un agent de Poutine. Et l’immense majorité des Américains est anti-Poutine. La frappe en Syrie ressemble à l’audition de Gorsuch devant le Sénat. L’analyse de Thomas Flichy de La Neuville doit être proche de la réalité.
Commentaires
Je n'ai de l'intérêt pour Trump que par défaut, uniquement parce que la Clinton est pire que lui dans bien des domaines... Je ne supporte ce type qu'autant qu'il est contre l'avortement, autrement c'est un être méprisable.
Il a frappé la Syrie pour montrer ses muscles et faire oublier les doutes qui entourent son élection. Comment est-il possible de vouloir frapper un régime qui est le seul capable de tenir tête aux islamistes ( avec l'aide efficace de la Russie ) sans même attendre les conclusions d'une commission d'enquête ad hoc. Cela s'appelle de la démagogie.
De plus, il y a de quoi s'inquiéter de voir quelqu'un qui prend des décisions guerrières sur le coup de l'émotion après avoir vu, dit-on, des photos d'enfants tués par les gaz censés utilisés par les forces de Bachar sur l'ordre de ce dernier, paraît-il, mais sans aucune preuve pour l'instant.
Avec un demi-fou comme Trump, les causes d'une guerre généralisée se multiplient : Iran ( qu'il menace de frapper ), Corée du Nord ( chasse gardée de la Chine et que Trump menace de frapper si la Chine ne fait rien ), la Chine elle-même qui lui fait de l'ombre en Mer de Chine.
Avec Trump et ses valets anglais, c'est la politique de la canonnière qui est de retour.
Oui... enfin bon. Pour le moment il a frappé une base aérienne après l'avoir annoncé assez longtemps à l'avance pour que les Syriens prennent leurs dispositions, et il y a tellement peu de dégâts que des avions syriens ont décollé de cette base le jour même pour effectuer des raids...
Trump est parfois mal élevé, mais est-il vraiment "à demi fou" ?
Pas plus que Juncker. Ou, au vu de son programme, que Mélenchon.
Le problème c'est malheureusement l'alignement de la France devenue laquais et non pas force de discussion et d'équilibre, et en plus mettant sa puissance militaire au service de l'Otan...
Même à l'époque de François 1er, qui ne s'était pas allié aux puissances catholiques de l'époque contre l'Empire ottoman, avait obtenu des ententes spécifiques pour protéger le moins mal possible les chrétiens du Proche Orient...
Un Proche Orient bien compliqué et plus encore.
L'analyse de Thierry Meyssan (ici : http://www.voltairenet.org/article195897.html) rejoint tout à fait celle de Flichy de La Neuville. Il reste à prier pour qu'ils aient tous les deux raison et pour que ce coup de semonce soit bien un coup de poker.
Il reste que ce bombardement crée un précédent fâcheux et qui n'est pas sans risque à court et moyen terme. Sous le mandat d'Obama, l'état-major étasunien en Syrie a déjà montré des velléités contraires aux engagements pris par John Kerry. On entend souvent parler d'un "Etat profond" américain qui serait représenté par une partie du Pentagone, de la CIA, et par des personnalités néoconservatrices très inquiétantes, tel John McCain. Il n'est pas certain que Trump ait les mains libres, et l'on a même pas mal d'indices du contraire. Il est enfin douteux que les Etats-Unis tirent un trait sur 16 ans d'une politique étrangère qui a principalement consisté à massacrer beaucoup d'Arabes, de préférence dans des pays passablement laïques, prospères et tolérants envers les minorités.