Jules-César de Rossi, connu maintenant sous le nom de saint Laurent de Brindes, naquit en cette ville de l'Italie méridionale le 22 juillet 1699. A l'âge de 16 ans, il entra chez les Capucins de Vérone, et dès son ordination au sacerdoce, il fut employé au ministère de la prédication pour lequel il montait de remarquables dispositions. Véritable apôtre, il semble qu'il eut comme ceux qui les premiers incarnèrent ce nom, le don des langues. Il évangélisa l'Italie, l'Allemagne et d'autres contrées et son éloquence, sa sainteté et ses miracles opérèrent partout d'abondants fruits de salut. Informé du rare mérite du jeune prédicateur, Grégoire XIII l'appela à Rome et le chargea de la rude tâche de convertir les Juifs de la ville. Obéissant à la voix du Pontife, Laurent se prépara au travail par la prière, la réflexion, consultant les personnes expérimentées en cette matière et préparant le terrain en faisant tout pour se concilier l'affection de ce peuple.
Puis, une bible à la main, il se rendit aux endroits où plusieurs d'entre eux étaient réunis. Ses manières affables, son ton courtois le faisait accepter ; il parlait si bien l'hébreu qu'on commença à se presser autour de lui pour jouir de sa belle diction et bientôt il put même prêcher dans leurs synagogues, trouvant dans sa foi et dans son érudition des arguments irrésistibles, les auditeurs étaient ravis sous le charme de sa parole fécondée par la grâce, et les conversions furent nombreuses. Pendant trois ans consécutifs, le saint prêcha tous les samedis aux Juifs de Rome. Plus tard, le Pape Clément VII l'envoya également pêcher aux Juifs à Ferrare, à Mantoue, à Padoue et dans les principales villes d'Italie.
Le 11 octobre 1611, notre saint sauva la chrétienté d'une invasion musulmane en contribuant puissamment à la victoire. Le duc de Mercœur, qui commandait en second les troupes chrétiennes, déclare même que le saint Religieux avait plus fait dans cette guerre où 18,000 chrétiens mirent en déroute 80,000 Turcs que toutes les troupes ensemble et qu'après Dieu et la Sainte Vierge c'était à lui qu'il faillait attribuer les deux victoires remportées sur les troupes ennemies.
Le Père Laurent fut appelé à remplir à peu près toutes les charges de son Ordre, et finalement, à peine âgé de 43 ans, il en devint le vicaire général. Il se mit aussitôt à parcourir tous les pays où il avait des couvents de sa dépendance : Le Milanais, la Flandre, l'Espagne, l'Allemagne et la France. Dans ses visites, il voulait, comme un bon père, voir tous ses enfants et connaître par lui-même tous leurs besoins. Il avait pour les anciens Religieux une grande considération et montrait aux plus jeunes beaucoup de douceur et d'indulgence.
A tous, il recommandait d'une façon particulière l'obéissance et l'humilité, regardant avec raison ces deux vertus comme les deux basses de la perfection religieuse, Lui-même leur en donnait un exemple continuel ; la Règle était pour lui un supérieur auquel il se soumettait en tout sans restriction et sans réserve et il ne permettait pas qu'on le traitât avec plus de distinction que les autres religieux. Ses pieuses recommandations inspiraient à ses confrères des sentiments si humbles que tous refusaient les dignité et les charges, au point qu'on fut obligé d'insérer dans les Constitutions de l'Ordre des Capucins, ces belles lignes qui, à cause du motif qui les fit écrire, sont à l'honneur des Religieux de cette époque : « Quoique tous les Frères doivent préférer la condition de sujet à celle de prélat, et désirer obéir à l'exemple de Notre Seigneur Jésus-Christ et de notre Père saint François, plutôt que de commander ; toutefois ceux à qui l'obéissance impose les Prélatures ne les doivent pas refuser avec opiniâtreté. Ils doivent au contraire s'efforcer de remplir avec humilité et avec zèle le ministère qui leur est confié. »
Animé du véritable esprit du saint Poverello, il ne souffrait ni ornement dans les bâtiments, ni luxe dans les chapelles. Lorsqu'on lui représentait que les embellissements nourrissaient les pauvres en faisant travailler les ouvrier et encourageaient les artistes, il répondait : « Oui, c'est vrai, mais ils entretiennent aussi l'orgueil des propriétaires. » Le Saint-Siège confia à différentes reprises des missions de confiance à saint Laurent : il gagna le roi d'Espagne à la ligue catholique et l'arma contre les Maures : nonce à Prague il réconcilia plusieurs souverains, prévenant ainsi de désastreuses guerres civiles ; à Munich, également conne nonce, il lutta avec succès contre l'hérésie et risque plusieurs fois d 'être mis à mort. Il était en Portugal quand il fut atteint de dysenterie, et après avoir annoncé prophétiquement le jour de sa mort, il expira pieusement à l'âge de 60 ans dont 45 passés dans la vie religieuse.
Fleurs franciscaines (RR PP Franciscains Montréal 1925)
• En 1959, Jean XXIII le proclama docteur de l’Eglise ("docteur apostolique") et inscrivit sa fête au calendrier romain au 21 juillet.
Commentaires
Ce brave type n'avait hélas pas beaucoup de théologie, sinon il aurait su que la première Alliance n'ayant jamais été révoquée, les Juifs sont encore sauvés par elle, sans avoir besoin de se convertir.
"Un brave type " ? Diantre , vous êtes pour le moins condescendant , voire quelque peu "dominateur"!
Quand à la première alliance qui n'aurait , selon vous, jamais été révoquée , cela touche à la théologie "disputative" , celle qui fait tourner en rond indéfiniment les coupeurs de cheveux en quatre. Alors que le bon sens donne la suite logique des évènements .Le peuple élu ,(à l'échine raide) voit le dessein de Dieu à son accommodante manière. Il attend un Messie qui rétablira Israël dans sa domination politique du monde, sauf que le Messie est un fils de charpentier sorti de l'humble Nazareth. Faute d'avoir pu le tuer dès sa naissance le Pouvoir en place des pharisiens ira chercher la complicité de l'occupant romain pour l'éliminer définitivement , croient-ils et en Sa Résurrection , ils ne croient pas.
S'en tenant à une alliance devenue caduque, les obstinés!
"Alliance Nouvelle et Éternelle" dit le Prêtre durant l'Eucharistie.
Cher Eric , cette première alliance est comme un billet de banque retiré du circuit ou encore une fausse monnaie qui n'a plus cours.
Désolé , sincèrement désolé.
C'était de l'ironie...
J'ajoute que ce brave Jules-César Laurent n'avait manifestement aucune notion de dialogue islamo-chrétien, le pauvre.
(Ça aussi, c'est de l'ironie.)
Merci Monsieur... en le postant ce matin, je me suis dit : j"e suis sûr que Daoudal va devoir expliquer à un lecteur que c'était de l'ironie." Gagné...
Je me souviens encore de votre très bon article en réaction au document de décembre sur les relations avec le judaïsme. Marius, c'est en pensant à ce texte que j'ai écrit ma phrase.
Son prénom antérieur est remarquable: Jules-César.