Voici qu’a commencé la semaine sainte, la grande semaine, comme disent les byzantins, la semaine peineuse, comme on disait autrefois ici et là. Hier le cortège royal a conduit le Christ à Jérusalem. L’intronisation du Messie est une chose acquise, elle sera explicitée sur la Croix, comme la messe l’a douloureusement chanté dans ses antiennes et dans la Passion selon saint Matthieu.
Aujourd’hui saint Jean évoque ce repas de Béthanie, « six jours avant la Pâque », où se trouve Lazare, annonçant la résurrection du Christ par le fait qu’il est lui-même ressuscité, et Marie qui verse sur les pieds de Jésus du nard, un parfum de très grand prix : 300 deniers, soit 10 mois de SMIC de l’époque, et selon la valeur actuelle du SMIC plus de... 14.000€. Précision donnée pour certains qui ne doivent pas beaucoup apprécier cette histoire, tel Judas qui pense aux pauvres. Les pauvres qui sont en quelque sorte spoliés par Marie, et insultés par ce gaspillage insensé de riches égoïstes.
Ce n’est pourtant pas ce que dit Jésus : « Laisse-là, pour qu’elle le garde pour le jour de ma sépulture. » Phrase mystérieuse, car elle ne peut pas le garder, ce parfum qu’elle vient de répandre. C’est que déjà, symboliquement, l’ensevelissement a commencé. Et la bonne odeur du parfum a rempli la maison, comme le sacrifice de bonne odeur du Christ se répandra sur toute la terre, pour faire des chrétiens eux-mêmes la bonne odeur du Christ.
Ceci renvoie de façon générale aux sacrifices du Temple, que Jésus est venu accomplir en son corps. Mais aussi, de façon aussi discrète que précise, au Cantique des cantiques, 1,11 : « Tandis que le Roi était à table, mon nard a donné son odeur. » Et le verset suivant dit : « Un bouquet de myrrhe est pour moi mon bien-aimé ; entre mes seins il demeurera. » Le parfum est la myrrhe pour l’embaumement, et la condition pour que le bien-aimé soit dans mon cœur est qu’il passe par la mort.
Ainsi chantait en elle-même Marie de Béthanie, la première à participer consciemment à la Passion parce qu’elle a « choisi la meilleure part », avec en face d’elle son frère Lazare que tout le monde venait voir, garant de la résurrection d’entre les morts.
Commentaires
"300 deniers, soit 10 mois de SMIC de l’époque, et selon la valeur actuelle du SMIC quelque 2.900€"
Smic mensuel brut 2016, environ 1466 €, soit 14 660 pour 10 mois
Une preuve de plus que dès que je fais un calcul je me plante...
J'ai compté 300 heures, et non 300 jours...
Merci.