Ce jour était dans l’antiquité celui du « grand scrutin » : aux catéchumènes qui étaient appelés nominativement à entrer dans l’église, on présentait les quatre évangiles, le Credo et le Pater, au milieu d’une messe centrée sur le baptême.
Pour la transmission du Credo (Traditio Symboli), le prêtre disait d’abord :
« Mes bien-aimés, avant de recevoir le sacrement du Baptême, et avant d’être régénérés en une autre créature par l’œuvre du Saint-Esprit, accueillez avec tout votre cœur cette foi, au moyen de laquelle vous devez être sanctifiés. Par une sincère conversion, changez désormais d’esprit, et tournez-vous vers Dieu, qui répand sa lumière dans nos âmes ; d’autant plus que maintenant vous êtes initiés à l’arcane sacré de la formule évangélique doctrinale, inspirée par le Seigneur et promulguée par les apôtres, concise dans les mots, mais profonde dans ses mystérieuses pensées. En effet, le Saint-Esprit, qui la dicta aux premiers maîtres de l’Église, exposa cette Foi salutaire avec une grande lucidité de concept et une grande concision de langage, afin que ce que vous devez précisément croire et dont vous devez toujours faire l’objet de vos considérations, ne pût demeurer caché à votre perspicacité ni fatiguer votre mémoire. Mettez donc une grande attention à apprendre le symbole et tout ce que nous vous enseignons maintenant, comme cela nous fut enseigné à nous-mêmes autrefois. Ne l’écrivez pas sur une matière corruptible, non, mais sur les pages de votre cœur. Voici la profession de la Foi que vous avez déjà embrassée. »
Le Credo était proclamé en grec, puis en latin, et le prêtre poursuivait :
« Voici, ô mes bien-aimés, le précis de notre Foi ; voici le texte du symbole, composé non pas selon les règles du langage humain ordinaire, mais disposé par Dieu. Personne ne peut s’estimer incapable de comprendre et d’observer ces choses. Ici est annoncée l’unité et l’égalité de pouvoir du Père et du Fils ; ici est démontré que le Fils unique de Dieu naquit, selon la chair, de la Vierge Marie et de l’Esprit Saint ; ici est déclaré son crucifiement, sa sépulture et sa résurrection le troisième jour ; ici l’on professe son ascension au ciel, on proclame qu’il siège à la droite du Père de toute majesté, et l’on confesse qu’il devra venir un jour pour juger tous les vivants et les morts. Ici l’on reconnaît à l’Esprit Saint la même divinité indivise du Père et du Fils ; ici, en outre, l’on enseigne la vocation supérieure de l’Église, la rémission des péchés et la résurrection des corps. Vous donc, ô mes bien-aimés, de semblables au vieil Adam que vous étiez, maintenant vous êtes réformés selon le prototype de l’homme nouveau (Jésus) ; de charnels, vous commencez à devenir spirituels ; de terrestres, célestes. Avec une foi ferme et inébranlable, tenez pour certain que la résurrection qui a été accomplie à l’égard du Christ, se doit accomplir aussi en nous tous, puisque ce qui arrive au Chef doit se vérifier aussi dans les membres du Corps. En effet, le sacrement même du Baptême, que vous vous disposez à recevoir, exprime par ses rites cette espérance ; car en lui sont figurées une certaine mort et la résurrection. On laisse le vieil homme et le nouveau se lève ; le pécheur descend dans les eaux, et il en sort justifié. On rejette celui qui nous conduisit à la mort, et l’on accueille celui qui nous rendit la vie. C’est par sa grâce que vous êtes fils de Dieu, engendrés, non pas par la volonté de la chair, mais par la vertu du Saint-Esprit. Vous devez donc imprimer tellement dans vos cœurs ce symbole très bref mais complet, que, en toute circonstance, vous puissiez vous munir de la protection de cette profession de Foi. Les vrais soldats de Jésus-Christ expérimentent toujours la force invincible de ces armes contre toutes les embûches de l’ennemi. Que le démon, qui ne cesse jamais de tenter les hommes, vous trouve toujours munis de ce symbole, afin que, ayant vaincu l’adversaire auquel vous renoncez désormais, vous puissiez, avec la divine protection de Celui que vous confessez, conserver jusqu’à la fin, intègre et immaculée, la grâce du Seigneur. Qu’ainsi, en Celui par qui vous obtenez la rémission des péchés, vous puissiez arriver aussi à la gloire de la résurrection.
Vous avez entendu, ô bien-aimés, le symbole de la Foi catholique ; maintenant, quand vous serez sortis d’ici, apprenez-le par cœur, sans en changer une syllabe ; la miséricorde de Dieu peut tout ; qu’elle vous conduise, altérés, à la foi et au baptême, afin que nous, qui vous enseignons les Mystères divins, nous puissions arriver, avec vous qui les écoutez, jusqu’au royaume des cieux. Par le même notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne dans tous les siècles. Amen. »