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"In quo"

La lecture du moment selon la liturgie est l’épître de saint Paul aux Romains. Me voilà donc embarqué dans la lecture de cette épître selon la TOB. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir continuer à lire cette chose-là, qui ne ressemble que de loin à une traduction de la Bible.

On constate d’abord que notes sont nettement plus longues que le texte… Parce que, même si l’on a déjà interprété le texte au lieu de le traduire, il faut néanmoins expliquer tout au long que saint Paul ne voulait pas dire ce qu’il dit, ou bien que la tradition exégétique du passage est fautive. D’un côté l’apôtre était incapable de s’exprimer clairement et il faut le faire à sa place, d’autre part les exégètes du passé étaient complètement à côté de la plaque. En bref, c’est à peine caricaturer l’entreprise que de la résumer ainsi : après avoir lu le texte et les notes, vous pouvez croire ce que vous voulez, mais pas ce qu’a écrit saint Paul.

Dans l’épître aux Romains, et spécialement dans le chapitre 5, il faut surtout éviter de laisser croire que saint Paul aurait clairement esquissé la théologie du péché originel. Les traductions modernes rivalisent d’invention pour qu’on n’aille pas croire une telle chose. La TOB remporte le pompon haut la main. Elle « traduit » ainsi le verset 12 : « Voilà pourquoi, de même que par un homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a atteint tous les hommes : d’ailleurs tous ont péché… »

C’est la seule « traduction » qui produise une phrase bancale qui ne se termine pas, et qui exhibe fièrement un « d’ailleurs » qui est censé traduire le grec « eph’o » et nous laisse en plan…

La Vulgate a traduit eph’o par in quo : en lui : en Adam tous ont péché. Tous les pères latins l’ont compris ainsi, et le concile de Trente après eux. Il a fallu attendre le soi-disant « humanisme » pour qu’on décrète que la Vulgate avait tort. Et la soi-disant néo-Vulgate a corrigé en « eo quod » (en cela que).

Devant un problème posé par la Vulgate, j’ai l’attitude inverse de celle des spécialistes modernes. Ceux-ci ont un souverain mépris pour ce texte établi sans tenir compte des règles actuelles de l’exégèse scientifique et des mirifiques connaissances que nous avons aujourd’hui des langues de l’antiquité. Je considère quant à moi que les gens qui ont traduit le texte grec en latin étaient des gens qui parlaient couramment le grec et le latin, eux, et qui parlaient le grec et le latin de leur temps, donc celui des textes, et que par conséquent on doit y regarder à deux fois, et même davantage, avant de décréter qu’ils ont tort.

Il est vrai que, a priori, epi (« epi o » devenant « eph’o »), c’est « sur », et non « dans ». Mais ce n’est pas un exemple unique (je l’ai vu encore il y a peu de temps – mais je ne sais plus où…).

On peut constater que tous les manuscrits latins sans exception ont « in quo omnes peccaverunt » : en qui (Adam) tous ont péché.

C’est aussi ce que dit Pacien de Barcelone, dans son homélie sur le baptême, quand il cite ce texte de saint Paul pour parler du péché originel, alors que le reste de la phrase a des mots différents (quia au lieu de propterea, introivit au lieu de intravit, delictum au lieu de peccatum, devenit au lieu de pertransiit). Pacien de Barcelone, avant saint Jérôme et saint Augustin, avait donc un texte nettement différent de celui de la Vulgate, mais identique pour ce qui est de l’expression « in quo omnes peccaverunt ».

Il y a d’autre part, à l’autre bout de la chrétienté, le témoignage du texte copte (bohaïrique) de cette épître, qui ajoute : « de même que par un seul homme la vie est venue ». Afin de bien préciser : la mort est venue par un seul homme, Adam, en qui tous ont péché, de même que la vie est venue par un seul homme, le Christ.

Quand un père espagnol et un texte copte disent la même chose que la Vulgate qui a été la Bible de référence en Occident pendant 1500 ans, j’ai tendance à penser que ce ne sont pas les modernes qui ont raison…

Commentaires

  • Courage! Vous gagnez des années de purgatoire, c'est sûr!
    Les traducteurs ont commencé leur oeuvre par l'épître aux Romains, c'était le test pour savoir si leur pari d'une traduction/commentaire oecuménique était tenable. Ils en ont été tellement satisfaits qu'ils ont continué toute la bible... Il ne faut donc plus vous étonner de rien.

  • Comptez-vous publier un livre regroupant vos articles sur la TOB et les précédents sur Osty ?

  • Merci cher Yves

  • Pourquoi vous fatiguez-vous inutilement avec la TOB, ne connaissez-vous pas l'intention qui a présidé à cette "traduction" ? La nouvelle église et la nouvelle religion ont besoin d'une nouvelle "bible", tirons la chasse d'eau.

  • Ce n'est pas une question de se fatiguer ou pas, mais de mettre en garde ceux qui seraient ignorants de la véritable nature de la TOB (c'est à dire la majorité des Catholiques). Sans exemples concrets comme les donne M Daoudal, on ne comprend pas vraiment, sauf les hyper-savants ou ceux qui savent quel est le but de la TOB même sans l'avoir lue.
    M Daoudal, continuez!

  • Cadoudal,
    je ne crois pas que le travail de monsieur Daoudal soit inutile bien au contraire.
    Vous êtes arrivé à des conclusions qui échappent encore à beaucoup, catéchistes, protestants divers, catholique intoxiqués etc.
    l'idée de Catho Vosgien En Colère est vraiment plaisante, ce travail a peut-être déjà été fait par des spécialistes, mais il n'est pas accéssible facilement.

    nous pouvons individuellement "tirer la chasse d'eau", mais la TOB garde un grand crédit aussi c'est elle qu'il faut flétrir publiquement.

    Ce n'est même pas une vraie bible, il faut le publier sur tous les tons.

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