C’est tellement aberrant que d’une année sur l’autre j’oublie et je redécouvre que Pie XII a supprimé, aussi, la vigile de la Toussaint. C’est tellement aberrant que les moines du Barroux continuent de la célébrer. Et dom Pius Parsch, qu’on se plaît tant à montrer comme un des grands inspirateurs de la « réforme liturgique », aurait lui aussi trouvé cela aberrant :
« Le Seigneur a magnifiquement glorifié ses saints et il les exauce quand ils crient vers lui. » La Vigile d’une fête est moins, actuellement, une nuit de veille qu’un jour de pénitence et de purification ; une purification de la demeure de l’âme pour la grande fête. Les vigiles sont des jours tout indiqués pour la confession. Précisément la vigile d’aujourd’hui a un caractère plus strict aux yeux du peuple à cause du jeûne. Si nous voulions attribuer à la vigile d’aujourd’hui une formule liturgique, nous choisirions probablement la première partie du Confiteor : En présence du chœur de tous les saints, je confesse mes péchés : mea culpa, mea maxima culpa !
La première phrase est la traduction de la deuxième antienne des matines de la fête :
Mirificavit dominus sanctos suos et exaudivit eos clamantes ad se.
Antiphonaire des cordeliers de Fribourg, v. 1300
Elle introduit le psaume 4, où cette phrase se trouve sous une autre forme :
(Et scitóte quóniam) mirificávit Dóminus sanctum suum: Dóminus exáudiet me cum clamávero ad eum.
(Et sachez que) le Seigneur a magnifié son saint : le Seigneur m’exaucera quand j’aurai crié vers lui.
Littéralement, le saint, c’est le psalmiste, c’est David qui est « saint » parce que Dieu en a fait son oint, son christ, et parce que Dieu l’a revêtu de sa sainteté il l’exaucera.
A strictement parler, seul Dieu est saint. Pour le chrétien, le psaume parle donc du Christ. Ou plutôt, c’est le Christ qui parle. Et Dieu a en effet exaucé le Christ en le ressuscitant des morts, et il a magnifié son Saint.
Si David, ici comme ailleurs, prophétisait le Christ, il prophétisait aussi tous ceux qui seraient « revêtus du Christ », les baptisés qui sont d’autres christs, et qui sont donc saints de la sainteté du Christ. C’est pourquoi, pour la Toussaint, l’antienne fait du singulier du psaume un pluriel : ce sont tous les saints qui se l’approprient.
Commentaires
Le graduel de 1961 donne bel et bien une messe de vigile de la Toussaint le 31 octobre.
C'est donc étonnant pour une fête censée être supprimée.
Bonsoir,
Un missel (Liber Usualis/Paroissien Romain) va donner la mise-à-jour des messes et fêtes.
Le Graduale Romanum de 1961 c'est un livre de chant qui conserve parfois les chants des messes supprimées ; voir par exemple tout à la fin du livre, dans les annexes page (31), l'ancienne messe de l'Assomption qui commence par Gaudeamus, messe remplacée en 1950.
Merci Jacques.
Je ne connaissais pas cette approche éditoriale du graduel romain.
J'ai bien l'ancienne messe de l'Assomption mais page (23) et non (31).