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Saint François de Borgia

Lorsqu'on lui donnait des louanges ou des applaudissements, il se rappelait le compte que chacun doit rendre à Dieu, qui est la sainteté même, et qui ne trouvera peut-être qu'hypocrisie dans les vertus les plus brillantes aux yeux des hommes. Il conjura Don Philippe, pendant qu'il était régent d'Espagne, de ne l'élever à aucune dignité ecclésiastique. Vous ne pouvez, lui disait-il, m'accorder une plus grande faveur. D'autres auront assez d'humilité pour se sanctifier dans les grandes places, qui ont pour objet l'établissement de la subordination dans le monde; mais pour moi, je ne suis point capable d'un tel effort; je dois renoncer au monde, et je ne ferai mon salut que dans l'état d'un pauvre religieux. Son plus grand plaisir était d'instruire les pauvres dans les lieux où il était inconnu. Partout il cherchait à exercer les emplois que les hommes jugent les plus humiliants. Tandis qu'il était occupé à fonder une maison de son ordre à Porto, il apprit que l'inquisition avait défendu la lecture de quelques-uns des traités qu'il avait composés étant encore duc de Gandie, et cela sous prétexte qu'il y avait des erreurs. Quoique l'accusation fût mal fondée, il garda un modeste silence, ce qui enhardit encore ses ennemis; mais on examina ses ouvrages , et la doctrine qu'ils contenaient fut trouvée orthodoxe. On voulut encore lui faire un crime de son ancienne liaison avec Barthélemi Caranza. C'était un savant Dominicain, qui fut fait archevêque de Tolède, et que des ennemis puissants firent mettre dans les prisons de l'inquisition. Ce prélat cependant triompha de la calomnie; le Pape se déclara en sa faveur, et il mourut tranquillement à Rome. Les adversaires de la société lui causèrent plusieurs autres mortifications en Espagne; mais il sut, avec l'aide du pieux Louis de Grenade, rendre leurs efforts impuissants. Le haut degré de perfection où il porta l'humilité, peut servir à donner une juste idée de ses autres vertus.

Personne ne porta plus loin que lui l'amour de la pauvreté. Cette vertu paraissait dans toutes ses actions; il évitait de se mêler de toute affaire où il s'agissait d'argent, et il s'estima heureux de ce qu'on ne lui avait jamais donné dans son ordre aucun de ces emplois qui ont le temporel pour objet. Il se servait toujours du même habit, et le portait jusqu'à ce qu'il fût entièrement usé. La chambre la plus pauvre et la plus incommode était celle qu'il recherchait par préférence. La sœur de l'ambassadeur d'Espagne à Rome lui ayant dit un jour à table, qu'il serait bien malheureux si, après avoir échangé ses richesses contre la pauvreté, il ne gagnait pas le ciel à la fin: « Oui, lui répondit-il, je serais bien malheureux; mais quant à l'échange, j'y ai déjà beaucoup gagné. »

Son obéissance pour ses supérieurs était extraordinaire. Il regardait le moindre signe de leur volonté comme la voix du Ciel. Lorsqu'on lui apportait en Espagne des lettres de saint Ignace, il les recevait à genoux; et avant de les ouvrir, il demandait à Dieu la grâce d'exécuter ponctuellement ce qu'elles contenaient. Pendant tout le temps qu'il fut obligé d'obéir à un frère dans toutes les choses qui concernaient sa santé et sa nourriture, il ne mangeait ni ne buvait que par son ordre. « Trois choses, avait-il coutume de dire, soutiendront et feront fleurir la société pour la gloire de Dieu : 1° l'esprit de prière et l'usage fréquent des sacrements; 2° l'opposition du monde et les persécutions; 3° la pratique de la parfaite obéissance. »

Extrait de « Vies des pères, des martyrs et des autres principaux saints », librement traduit d’Alban Butler par l’abbé Godescard, vol. 15, 1831.

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