Dans sa lettre au cardinal Turkson et au cardinal Koch, par laquelle il annonce que le 1er septembre sera dorénavant une « Journée mondiale de prière pour le sauvegarde de la Création », François écrit que dans cette journée on invoquera la miséricorde de Dieu « pour les péchés commis contre le monde dans lequel nous vivons ».
"Father Z", le P. John Zülsdorf, se demande ce que cela veut dire. On pèche contre Dieu, ou contre son prochain. Et le péché contre le prochain est un péché contre Dieu. Car il n’y a pas d’autre péché que contre Dieu. On ne peut pas pécher contre « le monde ». Si je pollue gravement l’environnement, ce n’est pas contre la terre que je pèche, mais contre mon prochain en souillant son environnement.
Nous péchons contre notre voisin, pour avoir rendu sa vie misérable, mais, plus fondamentalement, nous péchons contre Dieu en violant sa volonté quand il nous a faits les intendants de la création.
Nous ne péchons pas contre le monde dans lequel nous vivons.
A moins que... nous pensions que le monde EST Dieu.
Il y a ces immanentistes qui frôlent le panthéisme. Il y a des immanentistes dans l'Eglise, en fait! Il y en a beaucoup!
C’est toujours le culte de Pachamama…
Commentaires
C'est sans doute faire beaucoup de crédit à tout ce discours "médiatique" que d'y chercher une cohérence qui ne s'y trouve guère.
l'expression "pécher contre le monde" est bien plus qu'une hérésie, une pure amphibologie, un effort conceptuel couplé à une volonté de faire peuple qui rate son objet.
on ne doit pas appareiller un bœuf et un âne lorsqu'on cherche à bien tracer un sillon.
Il se pourrait que la malice soit effective dans la résolution à proposer un discours aussi grossier à la place de la précision et de la concision romaine, pour ma part je m'en moque, du moment que François 1er ne parle pas ex cathedra avec les quatre conditions du discours d'infaillibilité, eu égard à l'à peu près permanent dont -il fait preuve, il ne parle et n'agit qu'en docteur privé, et l'on sait bien qu'un tel discours n'engage ni l’obéissance, ni la foi des fidèles.
l'autorité n'existe que pour édifier, pour le salut des âmes, sans quoi la mystique fini toujours en politique.
Tout cela ne pèse donc pas lourd en face d'un paragraphe de saint Pie X ou de Pie XII.
Mais, Oh ! Le problème, c'est que les encycliques de Pie X et de Pie XII sont devenues complètement illisibles. Personne ne les lit, et je pense, même pas vous-même. Tandis que le langage de François, lui, il fait pschitt !
...Ou pour le dire autrement, on ne peut confondre magistère et ministère sans confusion mortelle.
L'action pastorale n'est pas l'objet propre du Magistère de l'Eglise, mais bien le salut des âmes, par contre c'est bien la préoccupation légitime du ministère de l'évêque, mais croire que le magistère ordinaire du pape et de l'Eglise s'exercerait dans le moindre propos de François 1er revient à confondre évêque et Papauté.
Or l'évêque de Rome n'est pas un évêque ordinaire, mais le garant de la doctrine de tous les autres.
Si François 1er ne se comporte pas en Pape, ne parle pas en Pape mais seulement en évêque, en curé de paroisse ou même en simple cardinal, il n'y a pas à se formaliser si les pauvres sont attirés par d'autres richesses spirituelles autrement plus attirantes que ne le sont la cyclotomie médiatique et le badinage.
Bonjour,
Je crois que c'est ici :
http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/letters/2015/documents/papa-francesco_20150806_lettera-giornata-cura-creato.html
1. Peut-être nous objectera-t-on que nous n'avons pas "la bonne herméneutique", c'est-à-dire : non le bon mode d'interprétation, mais le bon niveau de justification et de légitimation, de l'expression employée par le Pape François, compte tenu du récent "enrichissement sémantique", intra-ecclésial, de la notion d'herméneutique, dès qu'il s'agit de maximiser les bons côtés ou la finalité officielle et de minimiser les mauvais côtés ou les conséquences effectives des prises de parole et de position du Pape François.
2. Sans doute celui-ci entend-il nous parler d'un péché contre l'univers, contre la Création, et, à travers elle, contre le Créateur et contre les créatures. En tout cas, on est en droit de l'espérer.
3. Il est vrai que la notion de monde porte en elle bien des ambiguités : ainsi, il est un type d'amour du monde, d'amour de l'univers, qui, bien pensé et bien vécu, dans le Christ, peut découler de l'amour de Dieu, mais il est un tout autre type d'amour du monde, d'amour de telle ou telle composante de la mentalité ou de la moralité inhérente à l'esprit du monde, qui, inconciliable avec l'amour du Christ, ne peut qu'éloigner de Lui ou opposer à Lui.
4. Il convient d'ajouter qu'en un tout autre sens, plus surnaturel, théologal, christocentrique, kérygmatique, le premier péché "commis contre le monde dans lequel nous vivons" n'est autre que celui qui consiste à lui cacher, à lui dissimuler,
- le fait que Jésus-Christ, seul Médiateur et seul Rédempteur, seul Seigneur et seul Sauveur, est le Fils unique du seul vrai Dieu, Père, Fils, Esprit,
- le fait que tout être humain, même croyant non chrétien, a vocation à se laisser toucher par l'Amour et par la Lumière de Dieu, a vocation à se rendre disponible et responsable, par et pour Dieu,
a) pour se convertir, pour convertir son esprit et sa vie, sous la conduite et en direction de Jésus-Christ,
b) pour se détourner de telle ou telle figure de l'esprit du monde qui a plutôt tendance à faire obstacle à cette conversion.
5. Parmi ces figures de l'esprit du monde, il y a l'économisme, mais il y a aussi l'écologisme : le produire-pour-consommer matérialiste et productiviste est aussi problématique, du point de vue catholique, qu'un écologisme qui, à cause d'une "absolutisation" de la priorisation de la sauvegarde de tout ce qui est minéral, végétal, ou animal, risquerait de faire perdre de vue au moins une partie des droits de la personne humaine, y compris le droit d'entendre parler de Jésus-Christ, en tant que Fils unique du seul vrai Dieu.
6. S'il s'avère que "l'écologie intégrale" est globalement intégrable à la conception dominante de l'écologie, ou ne lui oppose quasiment rien de confessant et de consistant, s'il s'avère que "l'écologie intégrale" prend la suite de "l'humanisme intégral", qui n'a pas opposé grand chose de résistant, de substantiel, face à la confusion contemporaine entre hédonisme et humanisme, nous serons vraiment en droit de nous demander à quoi aura servi Laudato si.
Bonne journée.
AZ
AZ,
Comme le souligne vos dernières interventions, où vous employez des concepts issue de la rhétorique, c'est bien un problème de rhétorique que celui des interventions et du langage ( pas seulement articulé, mais aussi bien postural que vestimentaire ) de François 1er.
Si vous lisez une encyclique des grands papes du XIXe ou du XXe siècle, vous ne pouvez pas ne pas constater un abâtardissement de la langue pontificale depuis. C'est que la rhétorique, fait partie des humanités et est même disons pour faire savant "architectonique", vis à vis du savoir et des méthodes pour l'acquérir.
Or, l'invention (inventio) est pauvre lorsque les lieux communs sont eux-même appauvries.
au jeu des arguments qui permettent de défendre une thèse, se substitue le matraquage médiatique et l'à peu près journalistique le moins valable, on ne pense plus, on imagine le faire, tout en vivant hypnotisé par la lueur rétroéclairée et colorée de rythmes séquencés par bien plus d'un écran.
méfiez-vous de ne pas tombez vous-même dans le verbiage ( c'est ce que je me dis à moi même !) l'université est friande de mots ronflant en France du moins, et après nous avoir donné du "sociétal" on nous enfermerait volontiers dans une ampoule, pourvu qu'elle fasse sérieusement savant.
le problème en question est que François 1er sort des prérogatives d'un Pape, et joue au curé de paroisse universel. C'est très "church of nice" comme diraient certains journalistes de Detroit, mais ce n'est pas son rôle. Et comme je ne consulte pas mon plombier pour des problèmes d'arthrite, cette dite "encyclique" n'est qu'un vaste verbiage.
Socrate ironisait doucement en face des rhéteurs et de ceux qui croyaient être omniscients et invariablement adéquats.
c'est que l'on ne réponds pas à quelqu'un qui croit savoir qu'il sait, comme on répondrait à un sage.
Oui, c'est regrettable, et cela n'enlève rien aux prérogatives pontificales, mais tout le discours actuel est bien trop libéral et moderniste pour ne pas être entièrement chimérique.
l'écologie médiatiquement correcte, n'a pas besoin d'être "inculturée", par contre nous avons besoin d'une société catholique pour conserver le sens de la Création, car ce sens là ne se trouve ni dans "Biba" ni au GIEC, ni franchement exprimé chez "François".
pour être clair et net, il faudrait que le Pape parle, non en "philosophe", ou en herméneute d'on ne sait quel mystère; mais en Pape, et un Pape ne fait pas encore une fois, dans la démagogie, il est clair, net et précis, dans ses concepts, dans son discours comme dans l'apparat et la liturgie.
S'il n'est pas capable de parler avec précision et concision, et bien qu'il remettent son sort entre les mains des cardinaux, ou même entre les mains du Pape Benoît XVI, puisqu'il existe et reste qu'on le veuille ou non, le Pape.
les jésuites qui font serment de servir le pape, ne devraient donc jamais l'être eux-même, car ils sont alors juge et partie, Salomon ne dit-il pas dans sa sagesse qu'une servante qui devient maîtresse est une chose que la terre ne peut porter ?
Cher Monsieur Ferrand,
Pie XII illisible ? peut-être pour les gens qui n'ont aucun accès aux fondements de leur propre culture. De toutes les façons, ce n'est pas seulement un symptôme, c'est effectivement le problème. Une encyclique n'a jamais était un tract ou un essai, mais bien plutôt un document pour exhorter et instruire avant tout les évêques.
Si François 1er fait "pschit", c'est parce qu'il n'a aucune intention de tirer les gens vers le haut, comme une bonne partie du clergé qui se contente pour sa part de paraphraser avec plus ou moins de bonheur les textes, mal traduits, de la liturgie obligatoire; lorsqu'il ne nous sert pas les poncifs les plus éculés de la bien-pensance CCFD et autre solidarités de militant gauchiste à la papa !
Essayant de sauver mon âme, je cherche cette culture que l'on nous a littéralement volé, aussi lire Pie XII ne me semble pas un effort surhumain, franchement ! J'éprouve beaucoup moins de contentement et de facilité à lire du jean-paul II un peu trop marqué par la philosophie allemande et pas assez par le réalisme thomiste pour ne pas être universitairement verbeux (ceci dit ne croyait pas manichéenement, que je sous estime le niveau intellectuel du personnage.)
on ne peut courir derrière les gens lorsqu'ils préfèrent aller à l'hypermarché le dimanche plutôt qu'à la Messe, si la clarté et la pensée précise de Pie XII fait déjà l'effet de lire un auteur du XVIIe sans accommodations ni retouches, c'est que l'on ne peut plus que suivre le courant qui nous emportera avec lui dans sa course, et comme l'heure est à la crétinerie la plus fate...
Il faudrait que les gens se secouent l'échine, et que le clergé, qu'il soit prélat ou diacre, arrêt un bon coup de prendre les gens pour des andouilles que l'on doit cornaquer pour leur bien. Si on veut des hommes saints et sains, il faut commencer par ne pas vouloir les traiter en enfants immatures.
Si le clergé n'est pas capable de comprendre un sermon de Bossuet, il se pourrait que même au fin fond de la Beauce, on le puisse et à parier sur la médiocrité on finit par non pas simplement ne rassembler que les "bons chrétiens", mais par trouver la martingale qui fait que l'on fera toujours fuir les plus circonspects et les plus capables.
Il ne sont jamais majorité ? mais alors la majorité où est-elle donc ? au golf, au supermarché, au jogging, au lit et en boîte.
Est-ce que ces gens sont tous incapable de lire du Pie XII ? qui le sait ? ils sont en tous les cas assez lucides pour ne pas trouver que la religion des élites religieuses trop souvent autoproclamées, ne vaut pas une grasse matinée.
Est-ce réellement un signe de sottise ? avouez que lorsqu'on regarde les pitreries de certains "liturges" ou l'insondable fadaise du sermon de l'évêque bidule, délégué aux carottes rappées de la Xème commission Théodule pour la pasteurisation du culte, il y a de quoi, pour leur préférer un bon barbecue.
Si les gens sont incapables de lire un propos sensé, c'est que l'on commence toujours par les traiter comme des bêtes. C'est d'ailleurs un truc que permet de cerner la psychologie sociale, les gens adoptent assez spontanément le registre d'attitudes et de niveau de langage avec lesquels ont les traitent, mais cela ne présument en rien, pourtant, de leurs capacités réelles.
En vous souhaitant une bonne journée, ou la bonne nuit, c'est selon, j'argumente, contre une idée et non contre vous personnellement, bien évidement.