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4e dimanche après la Pentecôte

IIs remplirent les deux barques, au point qu’elles étaient presque submergées. Voyant cela, Simon Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. Car l’épouvante l’avait saisi.

Voyant cela : Pierre croyait, nous aussi. Mais la présence de Jésus ne l’impressionnait pas tellement (et nous non plus souvent) jusqu’à ce qu’il voie en Lui la manifestation de la Puissance divine…

Or, tout l’Ancien Testament (et même l’Histoire universelle des Religions) en témoigne : l’homme ne peut tenir, face à Dieu (Exode 33). Aussi la réaction de Pierre, homme impulsif et spontané, est-elle immédiate : « il tombe », dans la posture du suppliant « aux genoux » du Christ. Mais le geste physique correspond à une découverte spirituelle, qui est à la fois celle de Dieu présent dans le Christ et, à cette lumière, celle de son propre état intérieur d’homme que son péché rend incompatible avec la pureté divine (comme ls 6,1.5; cf. aussi Jb 9).

En effet, d’une part il appelle Jésus d’un nouveau titre : « Seigneur », qui est proprement divin; et d’autre part, il se reconnaît un « homme-pécheur ». A partir de cette situation réciproque du « Saint de Dieu » (Lc 4,34) et de « I’impur », le mouvement de l’âme est ambivalent : elle cherche à se tenir en retrait, comme Adam et Eve se cachent après la faute (Gn 3,8), en même temps qu’elle se sent attirée, comme on le voit en Jn 21,7 où Pierre se jette à l’eau pour rejoindre plus vite Jésus resté sur le rivage. C’est le « tremendum et fascinendum » provoqué par le Sacré (R. Otto). Mais quand Pierre dit : « Eloigne-toi », il faut l’entendre moins d’une demande expresse (car il ne souhaite évidemment pas que Jésus s’en aille), que du recul instinctif devant l’évidence de la distance infinie, de l’abîme infranchissable que le péché met de lui au Christ, de nous à Dieu (ls 59,2).

Cette scène de l’Evangile est donc un parfait exemple de ce que devrait être l’examen de conscience chrétien : non pas tant ni d’abord un exercice psychologique et moralisant, basé sur la mémoire de nos défaillances et leur vertueuse condamnation, que l’exposition de l’âme à la présence de Dieu, pour qu’à cette Lumière se révèle comme poussière au soleil, tout ce qui nous sépare de la Sainteté et de la Justesse divine, en somme et en détail.

Mère Elisabeth de Solms (Bible chrétienne II*)

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