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« La cosiddetta teoria del “gender” »

Hier on disait partout que lors de l’audience générale, dans les quelques mots qu’il a prononcés et qui n’ont décidément plus rien à voir avec une catéchèse, François avait dénoncé la « théorie du genre ».

De fait, le site du Vatican authentifie la chose. Le pape a dénoncé « la cosiddetta teoria del “gender” », « la soi-disant théorie du gender ».

Ce serait sympa que quelqu’un lui fasse remarquer discrètement que l’Eglise ne dénonce pas des « théories », qui n’ont que le statut provisoire de théories pouvant être contrées par d’autres théories, mais une idéologie qui tend à s’imposer comme la nouvelle vérité sur l’homme. Et que l’Eglise dénonce cette idéologie depuis 20 ans, et que dans le Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille publié il y a dix ans par le Conseil pontifical pour la famille on ne trouve pas l’expression « soi-disant théorie du gender », mais cinq fois l’expression « idéologie du genre » dans la seule introduction du seul premier article sur le sujet.

Le pape ajoute que cette soi-disant théorie du gender serait un « pas en arrière ». Peut-être oui, s’il s’agit d’une théorie. Mais l’idéologie du genre est quant à elle, non pas un pas en arrière, mais une négation de l’être humain : l’ultime subversion. C’est tout autre chose.

Commentaires

  • Vous avez parfaitement raison ! Avec ce Pape, il est impossible d'avoir des affirmations claires, nettes, qui ciblent comme il se doit les délires et les hérésies de notre temps !
    Cela tient, je crois, plus à son manque de bagage intellectuel qu'à un laxisme doctrinal. Il n'a tout simplement pas l'étoffe d'un Pape : c'est l'un des pires de l'histoire de l'Eglise ! Hélas, hélas, hélas... trois fois hélas !...

  • Cher Damien, si Bergoglio n'arrive pas à faire des déclarations claires et nettes, c'est parce qu'il est archi moderniste.

    Il y a un siècle, le Pape saint Pie X déclarait dans son Encyclique "Pascendi" que l'on reconnaissait les modernistes à cela: l'ambiguïté constante. Vous lisez une page, c'est catholique. Vous tournez la page, c'est moderniste.

    Le modernisme est l'égout collecteur de toutes les hérésies, et votre pape en est une synthèse.

    Quant à l'idéologie du genre, le soir du Jeudi saint, en lavant et baisant les pieds d'un transsexuel, on est passé de la théorie-idéologie à la réalité.

    Domine, salve nos: perimus !

  • J'ai lu récement sur un blog (mais bien sûr je n'ai aucune assurance que ce soit vrai) : Le cardinal Martini (moderniste), avant l'élection de Benoît XVI en 2005, lorsque certains de son clan ont avancé le nom de Bergoglio, aurait dit "Ah non pas lui, il n'a aucune culture" et, qu'il aurait, finalement, encouragé à contrecoeur l'élection de Ratzinger en attendant "mieux".
    Je ne sais si c'est vrai mais cela expliquerait bien des choses, d'une part la persécution qu'a dû subir Benoit XVI et les propos amateurs de notre pape actuel.

  • Bonjour et merci,

    On rappellera ici ce qui suit.

    1. Une idéologie ne cherche pas avant tout ni seulement à faire connaître et à faire comprendre, de la manière la plus explicite et objective possible, la complexité, la diversité, la réalité de ce dont elle parle, mais elle cherche avant tout

    - à modifier cette réalité, par le mépris de certaines de ses composantes,

    - à transformer les relations entre les êtres humains et cette réalité,

    - à modifier, à terme, l'agir humain et les êtres humains.

    2. Une idéologie fonctionne à la falsification, pseudo-scientifique, du vocabulaire et des argumentaires ; en ce sens, toute idéologie comporte une dialectique, ou, en tout cas, une rhétorique, saturée par le sophisme, mais aussi par du jargon et par des syllogismes.

    3. Une idéologie entend être jugée, non avant tout sur ses fondements, ses expressions, ses objectifs, ses résultats, mais avant tout sur ses intentions "courageuses", "généreuses", "intelligentes", "libératrices", alors que ses intentions sont avant tout tentatrices, même si elles se manifestent aussi par une tentative.

    4. Une idéologie impose un manichéisme axiologique et historiciste : elle est le Bien, et ce qui la contredit est le Mal ; elle est le Progrès, ou le retour aux origines, et ce qui la contredit est le Passé, ou le mépris des origines.

    5. Une idéologie impose les réponses qui l'arrangent, et interdit les questions qui la dérangent ; en ce sens, toute idéologie, même apparemment et officiellement adogmatique et non dictatoriale, porte en elle des arguments dogmatiques et des procédés dictatoriaux ;

    6. Une idéologie est intrinsèquement manipulatoire : elle va jusqu'à pervertir les convictions, le dévouement, de ceux qui la servent de la manière la plus sincère, et va jusqu'à prêter les intentions les plus criminelles, ou des pathologies qui relèvent de la psychiatrie, à ceux qui la contrecarrent ou qui la contredisent.

    7. Aucune idéologie ne respecte l'exigence de compréhension respectueuse des connaissances qui contribuent à la réception et la transmission, entre les générations, du sens de la dignité et de la liberté, du sens de la justice et de la vérité, du sens de l'histoire et de la mémoire, du sens de la loi et de la personne, etc.

    8. Au moins depuis l'après 1989, nous en sommes, paraît-il, à la fin des idéologies. Pas du tout ! Le communisme porte en lui une idéologie, mais l'atlantisme et l'islamisme portent également, chacun d'entre eux, une idéologie,

    - même si, dans le cas de l'atlantisme, l'idéologie fonctionne bien plus à l'ambiance qu'à la doctrine,

    et

    - même si, dans le cas de l'islamisme, l'idéologie fonctionne bien plus au mensonge et à la violence qu'à un discours élaboré.

    9. Dans le cas du post-modernisme, et de tout ce qui gravite autour de lui, nous sommes bien en présence d'une idéologie, et non d'une prétendue ou soit-disant théorie ; en d'autres termes,

    - nous sommes bien en présence d'une volonté de puissance, qui ringardise ou stigmatise les opposants, et les transforme en dissidents, en réactionnaires, en "anti" ou en "phobes" ;

    - nous ne sommes pas en présence d'une volonté de sagesse, respectueuse des contradictions en provenance de l'extérieur, ou des résistances, en provenance de la réalité.

    10. Je vois mal comment un Pape qui ne dit pas non, de tout son esprit et de tout son coeur, à une configuration idéologique telle que le miséricordisme périphériste, pourrait dire non, également de tout son esprit et de tout son coeur, à une autre configuration idéologique, telle que l'idéologie du genre.

    11. Pour moi, c'est notamment et surtout cela qui pose problème, à l'intérieur voire au sommet de l'Eglise catholique : je pense ici au Magistère et à la pastorale hémiplégiques qui consistent

    - à annoncer et à désigner nommément Celui qui est la Voie, la Vérité, la Vie,

    - à ne pas dénoncer et à ne pas désigner nommément, ni pour ce qu'ils sont vraiment, les courants de pensée et d'action qui éloignent de, ou qui opposent à, Celui qui est le seul Médiateur, le seul Rédempteur.

    12. Je termine ce message en rappelant une ignominie (inconsciente ?) : à la fin de l'automne 1989, j'ai vu le titre suivant, sur la couverture d'un magazine, disparu depuis : "Le communisme ? C'était donc çà !"

    13. Cela signifiait en substance qu'il était enfin possible de faire connaître et comprendre les dégâts et méfaits consubstantiels au communisme soviétique, dès lors qu'il était en train de s'effondrer, d'une manière définitive...

    14. En réalité, il était tout à fait possible de savoir à quoi s'en tenir, sur le caractère désastreux, destructeur, amoral, inhumain, du communisme soviétique, avant même la fin de l'année...1919.

    C'est cela qui est peut-être le plus scandaleux : l'attitude de ceux

    - qui semblent vraiment minimiser le fait que la dangerosité d'une idéologie découle de ses fondements mêmes, de ses principes mêmes, de son essence ou de sa nature,

    et

    - qui semblent vraiment ne reconnaître cette dangerosité, congénitale ou fondamentale, qu'une fois que cette idéologie a perdu son prestige, sa puissance, sa capacité de séduction ou de subversion.

    Quand il n'y a plus grand chose à craindre, ou quand il n'y a plus grand monde à qui déplaire, en quelque sorte.

    Cela étant écrit, il ne tient qu'à nous de féliciter le Pape pour cette manifestation, même imprécise et incomplète, de courage et de franchise, et pour l'encourager à appeler, davantage et totalement, les choses par leur nom, y compris, en l'occurrence, l'idéologie du genre.

    Bon courage, dans ce contexte, qui nécessite une lucidité et une ténacité chrétiennes à toute épreuve, et bonne journée.

    A Z

  • Merci pour cette excellente analyse.
    Le père et géniteur des idéologies est Satan lui-même. Les idéologies les plus dangereuses sont celles qui ne sont pas reconnues comme telles: je pense par exemple à la théorie de l'évolution (vos §2 et 11) qui a donné des arguments (pseudo-)scientifiques à d'innombrables autres idéologies (communisme, nazisme, racisme, culture de mort etc...)

  • Bonjour et merci, notamment à Dauphin.

    Quelques points :

    1. D'une part, le passage concerné, émanant du Pape François, dans son Audience générale du 15 avril 2015 :

    " La culture moderne et contemporaine a ouvert de nouveaux espaces, de nouvelles libertés et de nouvelles profondeurs pour l’enrichissement de la compréhension de cette différence. Mais elle a introduit également de nombreux doutes et beaucoup de scepticisme. Par exemple, je me demande si ce que l’on appelle la théorie du gender n’est pas également l’expression d’une frustration et d’une résignation, qui vise à effacer la différence sexuelle parce qu’elle ne sait plus s’y confronter. Oui, nous risquons de faire un pas en arrière. L’annulation de la différence, en effet, est le problème, pas la solution. Pour résoudre leurs problèmes de relation, l’homme et la femme doivent au contraire se parler davantage, s’écouter davantage, se connaître davantage, s’aimer davantage. Ils doivent se traiter avec respect et coopérer avec amitié. Avec ces deux bases humaines, soutenues par la grâce de Dieu, il est possible de projeter l’union matrimoniale et familiale pour toute la vie. Le lien matrimonial et familial est une chose sérieuse, il l’est pour tous, pas seulement pour les croyants. Je voudrais exhorter les intellectuels à ne pas déserter ce thème, comme s’il était devenu secondaire pour l’engagement en faveur d’une société plus libre et plus juste. "

    2. D'autre part, deux des non dits de toute cette affaire, le "sociétalisme" :

    A - un non dit qui relève de la philosophie politique : j'y vois l'une des conséquences de la réduction de la politique à un marché, à l'intérieur duquel

    a) il y a d'abord une offre de lois potentielle qui suscite en retour une demande de lois ultérieure,

    puis

    b) il y a ensuite une demande de lois à laquelle il est répondu par une offre de lois,

    Or, la finalité d'une législation est-elle de donner une stature ou un statut juridique à telle ou telle communauté ou identité, à telle ou telle revendication comportementale, en fonction d'un certain type de rapport de force "culturel", ou plutôt anthropologique et axiologique ?

    C'est typique d'une démocratie dans laquelle on a tendance

    - à considérer le caractère prioritaire de la référence au bien commun et à la loi naturelle comme une entrave ou un obstacle,

    - à poser un signe d'égalité entre développement de l'intérêt général et accumulation des intérêts particuliers.

    B - un non dit qui relève de l'économie politique : quand il n'y a plus assez de croissance ou de finances pour pouvoir faire autre chose, pour faire bouger les lignes, ou pour faire changer la donne, la diversion sociétale est un moyen de détourner l'attention, de donner le change, quitte à ce que cela ne fasse illusion que pendant quelques années.

    Ce n'est pas de ma faute s'il est, pour ainsi dire, objectivement moins difficile d'agir efficacement pour le mariage pour (presque) tous que d'agir efficacement contre le chômage pour (presque) tous.

    Bonne journée.

    A Z

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