Chaque année je me demande pourquoi, lors de la révision du calendrier par Jean XXIII, on a gardé cette fête de saint André Corsini. Car si la sainteté de l’évêque de Fiesole ne fait aucune doute, il n’y a rien à en dire qui distingue cet André de tant d’autres saints évêques. Sinon qu’il s’appelait Corsini, et qu’il fut propulsé sur le calendrier par Clément XII, Lorenzo Corsini, par vanité familiale… et personnelle : alors que l’évêque florentin de grande famille avait toujours vécu dans la pauvreté, Clément XII fit construire en son honneur la plus riche chapelle de Saint Jean de Latran. Et c’est au fronton de Saint Jean de Latran que s’étale en lettres d’or le nom de Clément XII, ce pape qui dès son élection créa cardinal… son neveu, qui était devenu son secrétaire après avoir été l’ambassadeur de Côme III de Medicis, et qui construira à Rome le somptueux palais Corsini…
On remarque que dom Guéranger, qui s’efforce de toujours magnifier le choix des fêtes, est ici particulièrement laconique et montre qu’il n’est pas dupe : « Moins célèbre dans l’Église que beaucoup d’autres saints Confesseurs, il doit à Clément XII, membre de l’illustre famille Corsini, l’honneur de briller avec plus d’éclat au Cycle de la sainte Église. Mais le Pontife n’était que l’instrument de la divine Providence. Le saint Évêque de la petite ville de Fiesole a toujours cherché l’obscurité durant sa vie, et Dieu a voulu le glorifier dans toute l’Église, en inspirant au Pasteur suprême la pensée de le placer sur le Calendrier universel. »
Commentaires
Le commentaire de dom Guéranger est savoureux. Au passage, et malgré quelques défauts, Clément XII est plutôt considéré comme un grand pape. Bon, il est vrai que toute comparaison avec l'actuel évêque de Rome est forcément à l'avantage du pape ancien.
Rappelons que Andrea Corsini a été canonisé par Urbain VIII.